Le décryptage éco. "Gilets jaunes" : les élus des grandes villes demandent au gouvernement une réunion d'urgence
Les élus de l’association France Urbaine, qui réunit les représentants des villes comme Paris, Lyon, Toulouse, Nantes, mais aussi Rennes, Dijon, ou encore Saint-Etienne en ont marre de la casse et des incidents à chaque mobilisation des "gilets jaunes".
Treize samedis successifs de manifestations qui se terminent souvent, dans les villes, par des chaussées et des bâtiments défoncés, des abribus cassés, des feux de signalisation arrachés... Ces élus, de tous bords politiques, se plaignent de voir des commerçants et les habitants "pris en otage". Et Ils se tournent vers la solidarité nationale, pour obtenir une aide et une indemnisation Ils demandent à être reçus par le Premier ministre au plus vite.
Une facture de plusieurs millions d'euros
Elle s’alourdit un peu plus chaque samedi. Les élus estiment les pertes à plusieurs millions d'euros. Car tout n’est pas pris en charge par les assurances, Et qu’en plus des dégâts, les collectivités doivent aussi payer les heures supplémentaires des agents mobilisés pour nettoyer et évacuer les déchets Par exemple, à Bourg-en-Bresse, petite ville dans l’Ain, le maire évalue à 200 000 euros la facture du mouvement des "gilets jaunes". Et sur les 200 000 euros, il y a 125 000 euros de dégâts à proprement parler et 75 000 euros d’heures de travail des agents. C’est de l’argent perdu, qui se substitue à des investissements que la commune avait prévu de faire.
Certaines collectivités se sont déjà mobilisées comme en Ile-de-France, où le Conseil régional a créé un fonds de soutien d’un million d’euros pour aider l’activité. Ou encore la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui promet une enveloppe de 8 millions d’euros pour les commerçants qui ont vu leur chiffre d’affaires s’effondrer depuis fin novembre.
Que peut faire l’Etat ?
C’est compliqué, car l’Etat va déjà débourser plus de dix milliards d’euros pour les mesures Macron pour soutenir le pouvoir d’achat. Et il y a une dizaine de jours, Edouard Philippe a aussi annoncé des aides pour les commerçants des centres villes, via la création d’un fond de soutien de trois millions d’euros pour les villes particulièrement affectées par les mouvements sociaux. L’idée est de les aider à faire revenir les clients. A cette liste, on peut aussi ajouter les 40 millions d’euros débloqués par le ministère du Travail pour financer le système du chômage partiel. Ce système évite que l’entreprise licencie quand elle a une baisse d’activité. L’Etat vient compenser les salaires. Nous avons pu consulter les derniers chiffres : le 4 février, le gouvernement comptabilisait 70 000 salariés bénéficiant de ce dispositif. Plus de 93 % des requêtes sont faites par des entreprises de moins de 50 salariés, ce sont elles qui sont le plus en difficultés car elles n’ont pas de trésorerie.
Vers un bras-de-fer entre les élus et l’Etat ?
Le risque existe, parce que les élus considèrent qu’ils n’ont pas vocation à payer les conséquences d’un mouvement national qui vise surtout Emmanuel Macron et sa politique. A plusieurs endroits, en plus, ils jugent que le gouvernement a sous-évalué la menace, et ne leur a pas envoyé les troupes de CRS nécessaires quand leurs villes étaient visées par les "gilets jaunes". L’Etat, de son côté, estime, lui, avoir déjà beaucoup trop dépensé pour cette crise sociale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.