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Le décryptage éco. G20 et protectionnisme : les USA, seuls contre tous

En Allemagne, à Baden-Baden au G20, les États-Unis ont tenté de renverser la table, ce week-end. L’administration Trump, seule contre tous, ne recule devant rien.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
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Le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Steven Mnuchin , arrive au G20 de Baden-Baden (THOMAS KIENZLE / AFP)

A Baden-Baden au G20 ce week-end, les Etats-Unis ont tenté de renverser la table. Les mots ne figurent pas dans le communiqué final. Mais la fin du libre-échange, le retour au protectionnisme, la mise en cause de l’Organisation mondiale du commerce et la fin de l’accord sur le climat y sont en filigrane. L’administration Trump, seule contre tous, ne recule devant rien.

Les Etats-Unis ont soustrait au communiqué final la condamnation claire du protectionnisme et la défense du libre-échange, remplacés une vague formule sur un commerce juste, rien sur le climat non plus. Même l’OMC a été remise en cause par l’administration américaine et les accords de Bâle 3 sur la régulation bancaire qui imposent des fonds propres plus importants aux banques ne sont pas forcément acquis. Seule la stabilité des changes a fait consensus. À ce sommet qui préparait celui des chefs d’Etat et de gouvernement en juillet à Hambourg, les Etats-Unis  veulent carrément réécrire les règles du commerce international de l’après-guerre.

Merkel : une visite pour rien

La visite d’Angela Merkel à Donald Trump vendredi, à la veille de ce sommet  préparatoire n’aura servi strictement à rien. Au-delà de l’épisode de la poignée de main refusée par Trump à la chancelière sans avoir l’air d’y toucher, une nouvelle polémique sur l’Otan s’est même développée. Trump accuse Berlin de devoir des sommes énormes à l’Otan, accusation balayée d’un revers de main par la ministre de la Défense, Ursula Von der Leyen. Voilà pour le climat. Avec son sens du compromis et du consensus, Merkel était venue défendre le libre-échange vendredi dernier aux Etats-Unis, ce fut peine perdue. Trump semble bien décidé à torpiller le sommet de Merkel à Hambourg en juillet. L’ambiance glaciale entre les deux responsables politiques décrite par la presse allemande semble même un euphémisme.

Renégocier les règles de l’après-guerre

Ces accords multilatéraux de l’OMC, Steven Mnuchin, le secrétaire d’Etat au trésor veut les renégocier dans l’intérêt des travailleurs américains. De vieux accords dit-il, ils ont besoin d’être revus. Ils datent de 1994 et ce sont eux qui régissent l’ouverture des frontières pour favoriser les échanges commerciaux. Un libre-échange que nous connaissons depuis l’après-guerre et qui bat son plein depuis 20 ans. Mnuchin parle maintenant de commerce juste, fair, sans vraiment préciser. Il n’a pas exclu non plus de renégocier certains autres accords commerciaux régionaux comme l’Alena, conclu il y a une vingtaine d’années entre les États-Unis, le Canada et le Mexique et de revoir aussi la participation de son pays dans l’accord sur le climat. Pour l’instant, les États-Unis sont seuls contre les 163 autres membres de l’OMC, c’est-à-dire le reste du monde.

La fin de la mondialisation ?

Ça pourrait être un gros coup de froid sur la mondialisation. Les États-Unis, première puissance économique mondiale, pèsent lourd. Leur position est aujourd’hui totalement à l’opposé de celle du président chinois qui n’hésite pas, lui,  à sillonner l’Europe avec ses trains pour mieux exporter mais aussi importer. En France, Sapin parle de réunion compliquée mais sans marche arrière. On a du mal à le croire. Avec le sommet de l’OTAN en mai et le G7 en Italie, le G20 de juillet sera un des premiers gros dossiers du prochain président français. Dans une Europe elle aussi tentée par le repli sur soi, où ces échanges internationaux sont dénoncés dans plusieurs campagnes électorales dont la campagne française, il va être difficile d’accorder ses violons. Est-ce que ça annonce la fin de la mondialisation et le retour aux barrières douanières partout dans le monde ? Il est trop tôt pour le dire. Mais le revirement des États-Unis est historique. L’été nous dira si c’est un vrai changement de cap ou juste un coup de bluff.

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