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La réforme du Code du travail en Italie

Réformer notre volumineux Code du travail, on en parle souvent et depuis longtemps en France. En Italie, le président du conseil, le jeune social-démocrate Matteo Renzi a décidé passer à l’acte et de réformer de fond en comble le droit du travail. Mais comment font les Italiens ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Vous vous souvenez peut-être qu’il y a quelques jours, dans une grande émission politique sur France 2, François Bayrou avait dans un geste théâtral, jeté l’énorme pavé de 3.000 pages que représente le code du travail français. Le geste, jugé « obscène », par le philosophe Michel Onfray, avait immédiatement suscité une polémique, comme on les aime tant dans notre pays. Mais si nous traversons les Alpes, en ce moment même, ce n’est pas un remake d’une comedia d’ell arte qui se joue. Jugez plutôt : l’intrépide Matteo Renzi, 39 ans, a décidé de lancer sa bataille pour l’emploi en présentant devant le parlement une réforme du marché du travail, une petite bombe politique. Il ne veut garder des 2000 lois qui encadrent aujourd’hui le marché du travail italien que 50 normes claires, simples, lisibles et traduisibles en anglais pour rassurer les investisseurs étrangers. Lui, l’homme de gauche, veut supprimer une quarantaine de contrats de travail différents qui maintiennent trop de salariés dans la précarité. L’employeur aura le droit de licencier plus facilement pendant trois ans, mais en contrepartie tout chômeur aura droit à une indemnisation plus généreuse avec à la clé une formation obligatoire et sans avoir le droit de refuser plus d’une fois l’offre de travail qui lui sera proposée.

Et ça passe facilement en Italie ?

Dans une tension certaine. Comme Manuel Valls – qui aime tant s’afficher avec son camarade italien – Matteo Renzi doit affronter l’aile gauche de son parti, une trentaine de frondeurs qui opposent à peu près les mêmes arguments, ils accusent leur leader de faire du « thatchérisme » et agite le spectre d’une scission. Mais Matteo Renzi fait feu de tous bois et fort du soutien de son parti, il s’en prend au conservatisme des syndicats, en les accusant d’avoir toujours privilégié les inclus, les salariés en CDI, au détriment des précaires, des jeunes, et des chômeurs. Exactement ce que beaucoup reprochent aussi aux syndicats français.

Que faut-il en conclure au plan politique?

Chacun bien sûr aura son point de vue sur le contenu d’une telle réforme. Mais Matteo Renzi tente de jeter les bases d’une « flexisécurité », un nouveau compromis social face à l’urgencede la situation de l’emploi. Renzi met ainsi ses pas dans ceux de l’ancien chancelier Gerhard Schröder qui avait réformé de fond en comble il y a quinze ans le marché du travail allemand. La leçon politique Fabienne, c’est que pour Renzi et Schröder, il est vain d’attendre - comme François Hollande – que les partenaires sociaux, patronats et syndicats, s’entendent pour réformer par temps crise. Schröder et Renzi partagent une même idée forte: c’est au pouvoir politique d’assumer ses responsabilités, et de porter de telles réformes décisives. Lui seul en a la légitimité et donc la capacité. C’est toute la différence de culture politique qu’il y a aujourd’hui entre la gauche française d’un côté et les gauches italiennes ou allemandes de l’autre. Une certaine conception du pragmatisme et de la volonté politique.

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