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La loi Macron, vraie réforme du marché du travail ?

De nouvelles règles du marché du travail seront examinées ce jeudi dans le cadre de la loi Macron à l’Assemblée nationale. C’est ce matin que seront introduits les amendements sensibles promis par le Premier ministre. Peut-on dire qu’il s’agit d’une vraie réforme du marché du travail ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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 Depuis six mois, le gouvernement a multiplié les annonces, et au milieu des allers-retours du texte entre l’Assemblée et le Sénat, on ne perçoit plus bien le tableau d’ensemble de ces réformes qui touchent, pour nombre d’entre-elles, le marché du travail.

Il faut voir d’abord qu’il y a pour la gauche trois limites, trois tabous, ou trois totems, c’est selon : le Smic, le CDI et les 35h pour la durée légale du travail. Le principe, c’est que pour des raisons politiques, et aussi idéologiques, parfois respectables, ces trois piliers identitaires pour la gauche ne pouvaient être attaqués, et donc toute réforme se situe forcément dans ce cadre.

Ensuite, la tactique, assez habile, fut d’aller le plus loin possible sans donner l’impression de renier ces principes, de ne pas agiter trop de chiffons rouge, et de multiplier les points d’accroche qui, pris isolément, apparaissent souvent comme assez microscopiques et ultra-techniques, mais qui mis bout à bout, en fait, redessinent assez fortement les règles de notre marché du travail. 

Alors concrètement quels sont les traits les plus saillants de cette réforme ?

Soyons précis, prenons par exemple les dernières mesures annoncées pour les PME et le TPE, c’est à dire plus de 90% des entreprises et la moitié de l’emploi en France. Quand vous mettez bout à bout, le renouvellement des CDD deux fois au lieu d’une, le plafonnement des indemnités prudhommales, les aides à l’embauche, le gel des effets de seuils fiscaux, l’assouplissement des accords de maintien dans l’emploi (qui font que désormais pendant cinq ans, une entreprise peut déroger aux règles du temps de travail et diminuer les salaires en cas de grosses difficultés et à condition d’un accord majoritaire chez les salariés) tout ça commence à faire sens.

Quand on ajoute le CICE, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, et les allègements de charges du pacte de responsabilité, voilà au total une politique née certes dans la douleur, toujours pas complètement assumée clairement dans les mots, mais qui finit par constituer, en introduisant de l’incitation, de la souplesse, de la simplification, une politique certes complexe, qui tient souvent de l’usine à gaz, mais une politique franchement favorable aux entreprises et surtout à l’activité. 

Dans les faits, quand cette politique sera-t-elle appliquée ?

On sent clairement depuis hier, que le gouvernement ne veut plus traîner. On s’oriente vers l’usage du 49.3 et donc du vote bloqué à l’assemblée : il y a eu 6 mois de débat, un millier d’amendements discutés, un loi qui finalement contient plus de 400 articles alors qu’elle en comptait 106 au départ, il faut en finir. Les décrets d’application sont déjà prêts, ça sera donc bouclé dès le début de l’été.

Le gouvernement sait très bien que le petit mieux de la croissance que l’on pressent vient clairement du contexte extérieur très favorable. Il faut donc traiter nos propres blocages, nos propres freins à la croissance au plus vite. La France n’a pas d’autres alternatives.

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