La France dans le collimateur de la Commission européenne
La France n’est pas seule dans ce cas, Bruxelles s’intéressent à 5 pays contrevenants pour l’instant : l’Italie, l’Autriche, la Slovénie, Malte, et la France, qui bien évidemment en raison de son poids économique dans la zone euro, est de très loin le cas le plus sensible. Ces pays ont tous reçu une lettre de la Commission leur demandant des explications. En fait, les consultations sont quotidiennes, et dans le cas de la France, elles s’apparentent bien à un bras de fer musclé. On se souvient que la France avait obtenu un délai de 2 ans pour ramener son déficit sous la barre des 3% et qu’elle ne sera respectera pas ses engagements : le projet envoyé à Bruxelles confirme le dérapage de 2014, avec 4,4% de déficit et prévoit à peu près la même chose pour 2015, 4,3, repoussant à 2017 l’objectif des 3%. C’est très difficile à avaler pour Bruxelles et certains partenaires de la France.
Est-ce qu’il y a un vrai risque pour la France de se voir sanctionner ?
Il y a deux camps, ou plutôt deux écoles dans cette négociation : Les durs d’abord, les partisans du clash avec la France : et ils sont nombreux à Bruxelles et se disent déterminé à rendre un avis négatif sur le budget français : pour au moins 3 raisons :
1 – l’ampleur global du dérapage.
2ème raison – le niveau du déficit structurel, c’est à dire corrigé des effets de la conjoncture, pour la France baisse qu’à la marge : c’est à dire de 0,1 ou 0,2, une vraie provocation disent les plus hostiles.
3 – Le nouveau président de la commission, Jean-Claude Juncker ne se voit pas commencer son mandat en s’asseyant sur le pacte de stabilité qui avait été durcit par les Etats en 2011. C’est un dossier ultra sensible sur lequel la nouvelle équipe joue aussi sa crédibilité.
Que dit l’autre camp, ceux qui pensent qu’il ne faut pas dramatiser…
Il y a en effet quelques voix pour dire qu’il faut éviter à tout prix un psychodrame. Le clash avec Paris, tient un peu la bombe nucléaire : rejeter le budget français, c’est ajouter la crise politique à la crise économique, c’est prendre le risque de déstabiliser plus encore la zone euro alors qu’elle frôle la récession, c’est donner un très mauvais signal de fragilité, notamment vis à vis des marchés financiers et des investisseurs. Même les Allemands, contrairement à ce qu’on pense parfois, n’ont pas envie d’une telle extrémité.
Alors qui va l’emporter ? Le bras de fer est incertain. Mais une chose est sûre, la France va devoir bouger, et vite, dans les tout prochains jours. La Commission réclamerait un effort supplémentaire de quatre à six milliards. Pour l’instant la France a dit « non ». Mais on peut parier que le bon sens, et l’intérêt bien compris de chacun devrait l’emporter in extremis. Même si pour l’instant, chacun exhibe ses muscles.
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