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L'économie positive. C'est quoi ?

Vincent Giret est ce jeudi au Havre au forum de l'économie positive qui se tient pendant trois jours. Un forum où les individus ou les entités qui travaillent dans l’intérêt des générations futures, se rassemblent.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Christophe Abramowitz)

Ce n'est pas un nouveau concept fumeux, même si reconnaissons-le, il a bien une petite touche d'utopie dans cette affaire. L'économie positive, c'est en fait une idée assez lumineuse, qui commence à rassembler de plus en plus de monde, des entreprises d'abord, des élus, des décideurs publics, des ONG, des financiers même.

Beaucoup sont au Havre pendant trois jours, venus de France, d'Inde ou même d'Egypte pour partager leur expérience ou leur réflexion. Est dit "positif" tout individu ou toute entité travaillant d'une façon ou d'une autre dans l'intérêt des générations futures. C'est donc replacer chaque action dans la perspective du long terme, mesurer son impact pour les générations à venir, qu'il s'agisse du niveau des dettes publiques, de conséquences sur le climat, de la cohésion sociale ou de la place des femmes par exemple. C'est donc beaucoup plus large que ce qu'on range traditionnellement sous le vocable de développement durable et c'est tout l'opposé du court termisme cupide des marchés.

Mais ça mesure vraiment l'économie positive ?

C'est en tout cas le pari de Jacques Attali et son équipe d'experts. Ils ont révélé hier au Havre la deuxième édition d'un classement mondial fondé sur l'indice de positivité des nations. 34 pays passés au crible, ceux de l'ocde, sur la base de 29 indicateurs, qui vont du dynamisme économique, du poids de la dette, la démographie, en passant par la transition énergétique ou la place des jeunes.

Et bien quels sont les pays qui prennent le plus en compte l'altruisme, les intérêts des générations à venir ? Ceux sont les pays de l'Europe du Nord : la suède, la Norvège, le Danemark et la Finlande. La France est en milieu de tableau, plombée par le niveau de sa dette, par la médiocrité de son système éducatif et plus encore par l'absence de mobilité sociale : c'est l'un des pays où la reproduction des inégalités est la plus forte. Mais ce classement cache une autre vérité douloureuse : la prise en compte du Long terme et de l'intérêt des générations à venir a reculé cette année : la charge de la dette s'accroît dans de nombreux pays, tous ou presque ont bien du mal aussi, à tenir compte de la dégradation du climat. Plus que jamais, semble-t-il, les nations privilégient le court terme, et la gestion immédiate.

Est-ce que ce classement peut faire bouger les choses ?

C'est tout l'enjeu. Classer, quantifier, permet de dire et de comparer les performances de chacun. C'est un levier pour faire bouger autant les décideurs publics que les opinions. Manuel Valls et Alain Juppé sont venus hier au Havre, pour défendre l'un et l'autre une certaine vision de la politique. Mais Jacques Attali et ses amis veulent aller plus loin : dès l'an prochain ils noteront les entreprises et les collectivités locales. Chacun a conscience ici que si les entreprises sont souvent une partie du problème, elles sont aussi une partie de la solution. Au Havre, tous rêvent simplement d'une économie au service du progrès.

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