Guerre en Ukraine : la France est-elle en économie de guerre ?

Si toute notre économie n’est pas concentrée vers la guerre, on observe qu’avec le durcissement du conflit avec la Russie, notamment ces derniers jours, le gouvernement commence à réfléchir autrement.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron discute avec le directeur général de Dassault aviation, Eric Trapier lors du Salon international du Bourget, le 19 juin 2023. (MICHEL EULER / POOL / AFP)

Au départ, la France a cru pouvoir aider l’Ukraine avec les stocks et a compté sur les États-Unis, mais 24 mois plus tard, elle se rend compte que ça ne suffit pas. Depuis janvier, l’aide américaine pour l’Ukraine diminue, il y a même la menace qu’elle s’arrête si Donald Trump arrive au pouvoir aux États-Unis, en novembre 2024. Pour résumer, selon plusieurs experts, on bascule d’une guerre de stocks à une guerre de capacité industrielle.

Ce qui signifie, d'abord, produire plus. Et la France produit déjà plus : la guerre en Ukraine a dopé l’activité des entreprises françaises de défense. Elles sont nombreuses : des grandes comme Nexter, Dassault, Airbus, Naval Group, Thales ou Safran, mais aussi de nombreuses start-up et PME. Certains sites industriels retrouvent une nouvelle jeunesse, comme par exemple, l’usine de poudre, Eurenco à Bergerac. Cette société, détenue à 100% par l'État français, héritière de la Société nationale des poudres et explosifs, qui fait des explosifs, en sommeil ces dernières années, est désormais en pleine effervescence. Elle croule sous les demandes, avec un carnet de commandes plein jusqu'à 2028.

Le budget de la Défense augmenté de 40%

Mais l’enjeu, c’est aussi de produire plus vite en réduisant les cycles entre le temps de la commande et celui de la livraison. Et en France, on a déjà beaucoup accéléré les cadences. Pour construire les canons Caesar, par exemple, on est passé de 30 mois à 15. En 2022, la France était capable de livrer 1 000 obus par mois, en 2024, c’est trois fois plus. Mais, malgré cet effort, les Européens seront incapables de fournir d’ici fin mars le million d’obus promis à l’Ukraine. 

Enfin, il faut aussi des moyens financiers. Ces dernières années, le gouvernement a largement augmenté le budget défense. 413 milliards d'euros d'investissement sont prévus dans la loi de programmation militaire pour 2024-2030, soit 40% de plus que le précédent texte. Et si l’exécutif a annoncé des économies supplémentaires de 10 milliards d’euros, l’armée fait partie des ministères préservés. Et Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière trois milliards d’euros d’aide militaire supplémentaires pour l’Ukraine, mais le montant pourrait être plus élevé. Lundi prochain, il organise une réunion internationale et à cette occasion de nouveaux fonds pourraient être débloqués.

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