Guerre en Ukaine : un embargo sur les énergies russes serait relativement indolore
Si on coupait les importations d’énergies russes, la baisse de notre revenu national brut n’irait pas au-delà de 0,3%. Le decryptage de Fanny Guinochet.
Après les images des exactions de Boutcha, Bruxelles réfléchit à de nouvelles sanctions contre la Russie, avec cette fois des sanctions sur le secteur de l’énergie. Et une étude évalue les effets économiques d’un éventuel embargo sur les importations d’énergie russes. C’est une étude du Conseil d’analyse économique, organisme rattaché à Matignon qui tombe à pic. Elle montre que s’il y avait un embargo total, l’impact serait en réalité, relativement faible en Europe. Ça se traduirait par une perte de moins de 0,3% du revenu européen brut – c’est-à-dire l’ensemble des revenus générés par les entreprises européennes y compris l’étranger – mais c’est bien une moyenne, car ça dépend beaucoup des pays.
Tout dépend du degré de dépendance des pays aux importations de pétrole, gaz, charbon russes. Ceux qui achètent majoritairement leurs hydrocarbures à Moscou, comme la Lituanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Finlande ou encore la République tchèque, paieraient le prix fort. Pour eux, un embargo leur ferait perdre jusqu’à 5% de leur revenu national brut mais malgré cela, par exemple, la Lituanie a décidé de stopper ses achats de pétrole à Moscou.
La France fait partie des pays avec l’Italie, pour qui ce serait le plus indolore, car elle n’est pas très dépendante des importations russes : on achète moins d’un tiers de notre charbon à Moscou, à peine 20% de notre gaz et pour le pétrole, c’est encore moins : 13%. Résultat : si on coupait le robinet des importations d’énergies russes, la baisse de notre revenu national brut n’irait pas au-delà de 0,3%, grand maximum. Selon les auteurs, on serait capables de trouver d’autres sources, d’acheter auprès d’autres pays exportateurs comme l’Algérie, la Norvège, ce qui compenserait largement.
L'Allemagne importe beaucoup de gaz russe
Ces disparités rendent difficile une position européenne commune. Ce serait, par exemple, beaucoup plus compliqué pour l’Allemagne qui achemine de Russie plus de la moitié de ses besoins en gaz. La baisse de son revenu national pourrait aller jusqu’à 3%. Mais, là aussi, les auteurs estiment que le choc outre-Rhin pourrait être encaissé sans grande difficulté car les entreprises trouveraient des solutions de substitution, elles innoveraient.
Ces prévisions sont-elles trop optimistes ? Certains économistes le pensent. Cette étude va-t-elle guider la décision de l’Élysée? trop tôt pour le dire. En tout cas lundi 4 avril, Emmanuel Macron s’est montré favorable à de nouvelles sanctions contre la Russie en ciblant le pétrole et le charbon russes.
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