Fusion Lafarge - Holcim, les actionnaires suisses se prononcent
Il s'agit bien d'une fusion. Ce n'est pas le suisse qui rachète le français - comme le finlandais Nokia reprend Alcatel ou l'américain XPO rachète Norbert-Dentressangle. Là, les deux cimentiers se marient. A terme, il faudra quand même regarder l'équilibre au sein du capital.
Quoi qu'il en soit, ce rapprochement doit donner naissance à un colosse pesant 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec 130.000 salariés dans 90 pays.
Les derniers obstacles ont été levés, notamment par les autorités de la concurrence.
Annoncé il y a tout juste un an, le projet de rapprochement ne s’est pas fait sans accrocs
On ne marie pas deux géants mondiaux comme les derniers tourteraux de l'année. Outre les enjeux industriels, les actionnaires défendent leur bout de gras… et puis il y a les histoires d’hommes. C'est d'ailleurs la principale pierre d’achoppement dans ce dossier.
Initialement, il était prévu que le patron de Lafarge, le Français Bruno Lafont, prenne la direction opérationnelle du nouveau groupe dont le siège sera à Zurich. Mais la donne a changé en un week-end. Le dimanche 15 mars au soir, Bruno Lafont a reçu une lettre d’Holcim lui spécifiant qu’il ne serait plus l’homme de la situation, pour différentes raisons qui vont de son management jugé trop autoritaire, à des cours de bourse souffreteux par rapport à ceux du groupe suisse. Bruno Lafont a finalement accepté un poste de vice-président pour laisser les rênes à l’un de ses bras droit jugé plus consensuel, le franco-américain Eric Olsen.
Pourquoi cette fusion intervient aujourd'hui ?
Il s'agit de répondre à plusieurs défis :
1/ Faire face à une demande faiblarde qui n'a pas retrouvé ses niveaux d'avant crise.
2/ Se donner les moyens d'affronter les cimentiers des pays émergents qui prennent de plus en plus de place sur le marché international. Les mexicains et les chinois montent en gamme et continuent de gagner en compétitivité.
3/ Lafarge-Holcim bénéficiera de complémentarités géographiques sans toucher, normalement, aux effectifs sauf dans les fonctions supports (la direction, les commerciaux, le marketing) où l’on parle de 380 suppressions de postes.
Le secteur du béton n'est pas le seul à connaître des concentrations
La reprise pointe le bout du nez et, dans toutes les branches, les groupes grossissent volontairement pour être plus solides et accompagner le mouvement. Les fusions-acquisitions dans les secteurs de l’électricité, du gaz et des énergies renouvelables ont atteint en 2014 leur plus haut niveau en 10 ans – près de 250 milliards de dollars de transactions, selon le cabinet Price Waterhouse Coopers. Il n’y a pas de raison que ce mouvement s’arrête en si bon chemin.
2015 et 2016 s’annoncent comme d’excellents crus pour les banques d’affaires.
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