France - Allemagne : le match nul des budgets
C’est un match des budgets que je vous propose ce matin, d’un côté la France, de l’autre l’Allemagne. Alors, quelle sont les règles du jeu, qu’est-ce qu’un bon budget ? Bien sûr, il doit respecter quelques équilibres fondamentaux en matières de dette et de déficit, mais il doit surtout être porteur d’une vision, répondre aux défis auxquels chaque pays doit faire face, être adapté au cycle économique, préparer l’avenir. En économie, cela repose sur un concept simple : la bonne allocation des ressources. Alors commençons par l’Allemagne, en apparence, c’est du solide, du très solide même. D’abord ce budget 2017 est l’objet d’un large consensus, puisqu’il est porté par une coalition qui mèle conservateurs et sociaux démocrates.
2 – ce budget est en équilibre, donc zéro déficit. Avec un engagement de l’être aussi sur les trois années qui viennent. Du coup, le niveau de la dette devrait repasser sous la barre des 60% en 2020.
3 – Les dépenses augmentent, assez sensiblement, de près de 4%. 20 milliards seront ainsi consacrés à l’accueil et à l’insertion des réfugiés. Les budgets de la sécurité, de la défense et de la recherche augmenteront aussi.
4 – ces hausses sont financées par la bonne conjoncture, qui offre des recettes supplémentaires et grâce aussi à des taux d’intérêts extraordinairement bas.
Et côté français ?
Et bien le budget français présente, en apparence quelques similitudes : chez nous aussi, les dépenses publiques augmentent, pour les mêmes fonctions régaliennes : la défense, la police, la justice, les affaires étrangères. Cela répond bien aux défis nouveaux auxquels est confrontée la France. L’équilibre est encore loin, mais le déficit public diminue et devrait passer sous la barre des 3% pour la première fois depuis 10 ans. Même si la dette continue de frôler les 100% du Pib.
Alors match nul ?
Non, en matière de gestion publique sur la durée, l’Allemagne fait mieux, beaucoup mieux que la France, chacun le sait. Mais la vérité, c’est que ces deux budgets ont des faiblesses majeures. Côté allemand, la prudence budgétaire est totalement excessive, l’obsession du zéro déficit peut se défendre d’un strict point de vue national, mais il n’est pas à la hauteur des problèmes dont souffre la zone euro, l’Allemagne est en situation de faire beaucoup plus pour activer la demande européenne et booster ainsi une reprise poussive et fragile dans de nombreux pays de la zone euro. Le FMI et d’autres institutions ne cessent de réclamer à l’Allemagne d’investir davantage, il y a du mieux, mais cela reste très insuffisant.
Côté français, la faiblesse est plus coupable encore : la France dépense, mais surtout en frais de fonctionnement, elle n’investit pas ou trop peu. Le déficit recule, mais pour des raisons qui tiennent essentiellement de l’artifice comptable. Le gouvernement a multiplié les gestes sectoriels à la veille d’une échéance électorale, sans véritable vision de l’action publique et de l’efficacité de la dépense. Le tout avec une pression fiscale qui demeure très supérieure à la moyenne européenne. Franchement, hier soir, il valait mieux s’intéresser au football qu’aux budgets de nos deux pays.
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