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Faut-il diminuer l’indemnisation des chômeurs ?

Faut-il diminuer l’indemnisation des chômeurs pour réduire le déficit de l’assurance chômage ? La question est sur toutes les lèvres cette semaine et le gouvernement a mis sous pression les partenaires sociaux qui gèrent le système, que peut-il se passer?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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 D’abord un constat Fabienne. L’assurance chômage a été créée en 1958, sous l’impulsion du général de Gaulle, à une époque où le chômage n’existait pas, mais ce système assurantiel devait remédier à ce qu’on appelait alors des accidents professionnels. Presque 60 ans plus tard, dont 40 ans de chômage de masse, le système de l’Unedic s’est transformé en une montagne de dettes qui devrait atteindre les 30 milliards d’euros à la fin de cette année. Comme dit la Cour des comptes qui manie volontiers l’euphémisme : "la question de soutenabilité du système est posée". En d’autres termes, le système n’est plus viable faute de n’avoir jamais été retouché, réformé, repensé. Et c’est bien là le problème, patronat et syndicats, en charge du système, ont fait exactement la même chose que les responsables politiques : ils ont, comme on attend Godot, attendu la croissance, autant dire attendu un miracle. Du coup, la dette s’est envolée et à un tel niveau que le gouvernement s’alarme : cette dette sociale est incluse dans le calcul des déficits publics de la France, et elle risque donc de rendre intenable les timides promesses que le gouvernement a fait à Bruxelles.

Oui, mais les syndicats ont déjà dit qu’il ne voulait pas entendre parler d’une diminution des droits des chômeurs…

Oui, et on les comprend plutôt. Les syndicats n’ont pas très envie de faire le sale boulot et de se tirer une balle dans le pied. Le gouvernement ne fait pas de réformes structurelles et c’est eux les syndicats qui devraient s’en charger ? Le problème c’est la responsabilité des partenaires sociaux est engagée car ils sont les gestionnaires de l’assurance chômage. Et à force d’avoir toujours différé, il n’y a plus de solutions indolores. La moindre mesure avec un peu d’impact est forcément douloureuse. Soit vous introduisez une dégressivité des allocations, c’est à dire que leur montant diminue au fil du temps, et les syndicats ont beau jeu de dire vous paupériseriez les plus fragiles. Soit vous élargissez la base des cotisants, il y a près de six millions de travailleurs qui y échappent aujourd’hui, les fonctionnaires et certains salariés du publics, tiens comme ceux, étrangement, de Pôle Emploi, mais on vous rétorquera après des années de blocage des traitements et  salaires pour ces catégories concernées, cela serait sans aucun doute un très mauvais coup contre leur pouvoir d’achat. 

Il y a d’autres solutions

L’une des pistes, qui a même quelques avocats au sein du gouvernement, c’est que les partenaires sociaux sortent de la gestion des grands risques, notamment le chômage et la retraite, ils n’ont pas vocation à assumer seuls des réformes difficiles, que de toute façon ils ne feront pas. Le bon sens milite aujourd’hui pour que l’Etat assume ses responsabilités, par décrets, il en a le pouvoir. Il ne peut plus se contenter de garantir la dette de l’Unédic. L’Etat pourrait entreprendre non pas une seule réforme comptable, mais une réforme complète du système, pour qu’enfin les vrais problèmes soient traités : le suivi personnalisé des chômeurs ou la formation par exemple, domaines dans lesquels tous nos voisins font mieux. Est-ce que l’intérêt collectif et la gestion du temps long prévaleront cette fois-ci dans cette affaire ? Réponse dans deux petites semaines, mais autant le reconnaître, à ce stade, rien n’est moins sûr.

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