Et si le gouvernement piochait dans les retraites pour trouver ses 10 milliards d'euros d'économies ?
Le gouvernement cherche à faire dix milliards d’euros d’économie supplémentaires et il regarde du côté de retraites. Elles pourraient augmenter moins vite que l’inflation. Rien n’est encore décidé mais le débat sur le fait d’indexer ou pas les pensions de retraite sur l’inflation refait surface pour le projet de budget 2025.
Le projet de loi de finances est traditionnellement présenté en septembre, mais il commence en réalité à se construire dès maintenant. Avec une situation économique qui se dégrade, le gouvernement passe au crible toutes les dépenses. Et les pensions de nos aînés pèsent dans le budget. Cette année, les 18 millions de retraités ont vu leurs pensions de base augmenter de 5,3%. La hausse décidée à l’automne a été effective ce mois de février. Le gouvernement a tenu à suivre l'inflation et protéger ainsi le pouvoir d’achat des plus âgés.
La désindexation, un choix très politique
Mais cette revalorisation a un coût : 14 milliards d’euros pour les finances publiques cette année. Et ce choix, d’ailleurs, a agité les économistes. Certains ont souligné que les salariés n’ont pas tous obtenu autant de la part de leurs patrons, que les indépendants, les artisans, eux, n’ont pas toujours pu préserver leur pouvoir d’achat et qu’en plus, depuis la réforme des retraites et le décalage de l’âge de départ de 62 à 64 ans, les actifs travaillent plus longtemps, soit la double peine. En somme, que le système privilégie les non-actifs, alors même qu’Emmanuel Macron vante la valeur travail.
Le gouvernement n’est pas obligé d’indexer les retraites. La règle veut que les retraites augmentent en début d’année en fonction de la progression des prix, mais le gouvernement peut très bien en décider autrement. Comme ce sont des dépenses sociales, l’arbitrage ultime lui revient et il peut choisir de geler, ou de sous-indexer. C’est d’ailleurs ce qu’avait fait Edouard Philippe en 2019 : certes, l’inflation n’était pas aussi élevée, mais le Premier ministre de l’époque avait pris cette option pour limiter le déficit.
Les autres prestations sociales – minima sociaux, aides au logement – peuvent aussi être désindexées de façon différentiée et partielle. Cela s’est souvent fait par le passé. En fait, la désindexation est un outil traditionnel de régulation des dépenses publiques, mais un outil très politique. Concernant les retraites, rappelons que nos aînés sont les électeurs les plus assidus aux urnes : une donnée que les ministres ont bien en tête.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.