Budget 2016 : cagnotte ou pas cagnotte ?
Le sérieux incite à penser que la France n’a pas réellement de cagnotte. Certes l’augmentation de la dette a ralenti et laisse six milliards d’euros de marge sur les prévisions du gouvernement. Mais, la dette de la France augmente de 2.665 € par seconde et par habitant. Ca fait peur. L’endettement de chaque français est actuellement de 33.645 € par habitant pour une dette de 2.097 milliards d’euros, soit près de 96 % de notre produit intérieur brut. Donc, si on est sérieux, on se réjouit que notre déficit se creuse un peu moins que prévu, c’est-à-dire seulement 3, 5 % du PIB contre les 3,8 prévu par le gouvernement. Mais ça n’est pas encore de nature à réduire notablement notre endettement et nous place tout juste devant l’Espagne, le Portugal et la Grèce et en tout cas, bien en dessous de la moyenne européenne. Pas sûr qu’il y ait de quoi pavoiser.
De quoi satisfaire Bruxelles
Ca fait quand même six ans que nous sommes en procédure de déficit excessif, que la commission européenne fait montre de patience et six ans qu’elle nous exhorte à faire quelque chose, il serait donc temps. Du côté des économies, on a fait des efforts tout en baissant les impôts, notamment sur les entreprises, les collectivités locales se sont serrées la ceinture en dégageant 700 millions d’euros d’excédent. Vous le savez si vous avez un maire qui a supprimé un feu d’artifice ou reporté des travaux d’investissement. La Sécu va un peu mieux, les dépenses publiques sont mieux maitrisées, la chasse aux évadés fiscaux a rempli les caisses, l’énergie moins chère a fait baisser les dépenses de l’Etat qui a aussi emprunté pour presque rien. Et la croissance est aussi meilleure prévue, à 1, 2 %. Mais pas de répit sur le front du chômage, bien au contraire. Ces bonnes nouvelles sont donc essentiellement dues à la conjoncture. Mais la structure économique de la France n’a pas réellement bougé.
Tout reste à faire sur le front de l’emploi
La France n’a pas encore réformé son marché du travail comme beaucoup d’autres pays européens l’ont fait et surtout comme Bruxelles le préconise depuis longtemps. La loi El Khomry, où ce qui en restera, est en principe toujours à l’ordre du jour. En cette année pré-électorale, François Hollande aura donc une alternative : soit arriver à la fin de son mandat avec des comptes en ordre, qui permettront à ses successeurs de faire respirer les français, soit se montrer généreux comme il l’a fait avec les fonctionnaires et le plan de formation des chômeurs, que cette cagnotte permettra tout juste de financer. Il a promis de réduire le déficit à 2,9 %en 2017 et on n’y est pas encore. Le plan de stabilité 2016-2018 que Bercy présentera début avril et enverra à Bruxelles en milieu de mois nous dira si le gouvernement choisit le sérieux budgétaire ou si on est dans le « après moi le déluge » comme c’est souvent le cas en fin de mandat.
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