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Bruxelles accorde un délai de deux ans pour la réduction du déficit public

La France a réussi à obtenir un nouveau délai pour réduire son déficit public sous la barre des 3%. La Commission européenne a fixé l’échéance à 2017, année électorale. C’est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Et bien c’est une décision très ambiguë. D’un côté, le gouvernement a tout lieu de se réjouir : il était au bord d’une sanction de la part de la commission et de ses partenaires pour ne pas avoir respecter sa parole, une fois encore, en matière de diminution du déficit public, et il obtient, surprise, un nouveau délai de grâce. On peut donc considérer que la France a beaucoup de chance, c’est la troisième fois qu’elle obtient un délai supplémentaire pour rentrer dans les clous, aucun autre pays n’a bénéficié d’une telle mansuétude. Non seulement le déficit public de la France n’a pas diminué entre 2013 et 2014, mais il a encore augmenté – tout comme la dette d’ailleurs – ce qui constitue l’une des plus mauvaises performances de l’Union européenne.

Pourquoi la commission est-elle si indulgente avec la France ?

D’abord la nouvelle Commission Junker a décidé d’assouplir son interprétation des critères, elle prône une certaine flexibilité, c’est le mot clé, parce que la croissance est encore très faible dans la zone euro ; sans doute aussi ne veut-elle plus apparaître trop intransigeante alors que les politiques d’austérité n’ont pas toujours donné les résultats escomptés ; enfin sans doute aussi la Commission européenne considère-t-elle sans le dire que la France assure en matière de sécurité et de défense une charge particulière en Europe et qu’il convient donc de ne pas se montrer trop sévère.

Tout ça est plutôt vrai, alors pourquoi dites-vous que la décision de la Commission est ambiguë ?

C’est une décision plus ambiguë qu’il n’y paraît pour trois raisons, Fabienne.

1 – Il suffisait de tendre l’oreille à Bruxelles hier pour entendre la lassitude pour ne pas dire plus de nos partenaires européens : la France n’a pas soigné sa réputation : elle est plus que jamais le pays qui ne tient pas parole, qui considère qu’elle peut s’affranchir des règles collectives qu’elle a elle-même votées. La France perd dans cette affaire un peu plus de crédibilité et donc de capacité d’influence.

2 – Bruxelles n’a pas donné trois ans, mais deux ans seulement de délai à la France. Ce qui signifie que la date butoir pour passer sous la barre des 3% est 2017, année de l’élection présidentielle. C’est donc un cadeau empoisonné fait à François Hollande, qui devra remettre de l’ordre dans les comptes publics s’il souhaite se prévaloir d’un minimum de sérieux devant les Français. Bruxelles a donc pris une décision en fait très politique, qui renvoie les socialistes français à leur responsabilité.

Enfin 3ème et dernière raison, Bruxelles a précisé qu’elle attendait que la France présente d’ici la fin avril un « programme ambitieux de réformes », c’est l’expression. La France est donc en liberté très surveillée. Les discussions à Bruxelles ont été beaucoup plus vives que ne l’a laissé penser le ton impavide et inimitable hier du commissaire français, Pierre Moscovici, lors de sa conférence de presse. 

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