Barroso : l'affaire qui entache l'Europe
Si l’Euro 2016 a boosté l’image du Portugal, son ancien chef de gouvernement, lui, s’attire toutes les foudres européennes. Barroso va donc conseiller Goldmann Sachs, c’est-à-dire la banque de la crise de 2008, celle des comptes truqués de la Grèce. Et, cerise sur le gâteau, il y sera en charge du Brexit, un véritable coup de poignard dans le dos d’une Union encore sonnée par ce référendum. Et comme si ça ne suffisait pas, l’ex commissaire aux nouvelles technologies, Neellie Kroes, elle, va conseiller Uber, une entreprise dont elle a défendu bec et ongles la filiale UberPop. En tout, selon l’étude de l’ONG Corporate Europe Observatory, un tiers des anciens commissaires européens pantouflent aujourd’hui dans des grandes entreprises du privé. De quoi s’interroger sur la collusion entre pouvoir bruxellois et multinationales. Et de se demander si l’Europe n’est pas dans la main de la finance américaine.
Un bilan à la commission déjà très critiqué
Son bilan à la tête de la commission avait déjà été vivement critiqué: mauvaise gestion de la crise de 2008, défense des intérêts des banques avant tout, ultralibéralisme, volonté de dérégulation des marchés, politique d’austérité qui a d’ailleurs saigné à blanc son propre pays et généré un chômage de masse, les reproches sont nombreux. Aujourd’hui cette cooptation de Barroso déclenche la colère des eurodéputés socialistes qui demandent à Goldmann Sachs de renoncer à lui, invoquant le conflit d’intérêt. Dans un texte qui s’intitule "De quoi Barroso est-il le nom ?" , ils invoquent un recrutement indécent, indigne et honteux. Ils veulent porter de 18 mois à cinq ans, le délai qui permet à un ancien responsable d’aller pantoufler dans le privé. Ils veulent même priver Barroso de retraite et de tous les avantages liés à son ancienne fonction. Cet homme, disent-ils, a déjà couté trop cher à l’Europe
Encore un coup porté à l’Europe
L’Europe n’est pas tout à fait sortie de la crise de 2008, incapable de gérer l’arrivée de réfugiés, désertée par les britanniques, en proie à la montée des populismes, elle est dans un piteux état. Qu’un ancien commissaire se reclasse auprès de la banque qui a mis l’Europe a mal donne encore davantage l’impression qu’à Bruxelles on joue entre-soi et que les intérêts particuliers priment sur le bien commun. De quoi détester encore plus une Europe souvent accusée à tort de tous les maux. Il ne manquerait plus au tableau que le retour de l’Europe qui punit. La commission doit dire si elle sanctionne ou non l’Espagne et le Portugal pour déficit excessif. Les deux pays ont pourtant fait d’énormes efforts pour sortir la tête de l’eau. Ils seraient alors mis à l’amende et privés des fonds structurels européens l’an prochain. Et là, on atteindrait des sommets.
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