Assurance-chômage : des résultats financiers nettement moins bons que prévus en 2024

L’Unédic, l’organisme qui gère l’assurance-chômage, a révisé à la baisse sa prévision d'excédent, ce qui risque d’inciter le gouvernement à réformer le régime pour réaliser des économies supplémentaires.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L’excédent de l’Unédic revu à la baisse en 2024. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

C’est la douche froide, l’excédent de l’Unédic est quatre fois moins élevé que prévu. Il atteint un peu plus de 1,5 milliard d’euros contre les cinq milliards qui étaient estimés en septembre 2023. Il y a deux éléments d’explication. D’abord, le ralentissement de la conjoncture suite aux tensions internationales (guerre en Ukraine, attaques des bateaux par les houtis en mer Rouge, récession en Allemagne, ralentissement en Chine...).

Cet essoufflement du commerce et des échanges entraîne une baisse des commandes pour les entreprises qui, par conséquent, créent moins de postes. Et moins d’embauches, ce sont moins de cotisations et donc d’argent dans les caisses de l'assurance-chômage. Il faut également prendre en compte qu’avec un marché du travail au ralenti, les gens restent plus au chômage, ce qui représente des allocations à verser et donc des dépenses. 

La création de France travail est autre élément d'explication. Depuis le 1er janvier, ce nouvel organisme est venu remplacer Pôle emploi et ce nouveau grand service public de l’emploi, voulu par Emmanuel Macron, plombe les comptes de l’assurance-chômage, car il est financé en partie avec le budget de l'assurance-chômage. Selon l’Unédic, la ponction est importante, puisqu’au total, en comptant aussi des fonds pris pour France compétences, qui gère la formation et l’apprentissage, c’est plus 12 milliards d’euros sur quatre ans entre 2023 et 2027 qui sont prélevés sur l’assurance-chômage. Ces prélèvements freinent la capacité à rembourser la dette. Selon l’Unédic, cette dette de l'assurance-chômage dépassera les 38 milliards d’euros fin 2027, alors que sans ces prélèvements, elle aurait été ramenée à 25 milliards.

Syndicats et patronat sur leurs gardes

Ces prévisions risquent d’inciter le gouvernement à réformer l’assurance-chômage, qui cherche 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires. Il ne cache pas son intention de durcir les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi pour les inciter à reprendre plus vite un emploi et faire des économies.

Pour le moment, l’exécutif attend les propositions des partenaires sociaux, les syndicats et le patronat qui négocient sur l’emploi des seniors. Le gouvernement leur a donné jusqu’à la fin du mois de mars pour trouver des solutions et se mettre d’accord. Mais une fois que cette négociation sera terminée, il présentera une réforme en avril ou mai, il veut aller vite. Dans sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal a bien menacé les partenaires sociaux de reprendre la main si la trajectoire financière de l'Unédic ne correspondait pas à ses attentes. Syndicats et patronat, qui gèrent le régime de l'assurance-chômage, sont sur leurs gardes depuis des années.

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