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Le débrief politique. Sept candidats en lice pour la primaire de la gauche

Comme pour la primaire de la droite, sept candidats dont une femme s'affronteront pour la primaire de la gauche. Celle-ci sera d'ailleurs low-cost, elle coûtera deux fois moins cher qu'en 2011. Et puis François Fillon réunit une équipe de campagne large, très, très large. Tout ce qu'il ne fallait rater est dans le Débrief politique de Yaël Goosz.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Plusieurs députés socialistes ont raillé la proposition de Manuel Valls de supprimer le 49.3 (CHAMUSSY / MAXPPP)

1Le chiffre du soir : 7

7, c'est le chiffre magique des contes de fée, porte-bonheur ou porte-malheur, en tout cas, c'est le même chiffre que pour la primaire de la droite. Ils seront donc sept à concourir pour la primaire de la gauche. 

Neuf dossiers avaient été déposés au moment du gong de Solferino, jeudi 15 décembre à 18 heures. Deux ont été retoqués, ceux de Gérard Filoche et de Fabien Verdier, ils n'ont pas réuni assez de parrainages.

Il y aura donc sept candidats en lice, dont une femme, Sylvia Pinel ; quatre socialistes, Manuel Valls, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon ; et trois candidats issus des partis associés : Jean-Luc Bennahmias pour le Front Démocrate, François de Rugy pour le Parti Écologiste, et Sylvia Pinel pour le Parti Radical de Gauche.

Ils et elle vont maintenant été passer à la moulinette de la Haute autorité, qui va vérifier qu'ils sont en règle, que leurs parrainages sont valides et qu'il n'y a pas de doublons. Il faudra attendre samedi midi pour savoir avec certitude qui sera dans les starting-blocks.

2La primaire de la gauche sera low-cost

C'est l'info du Débrief : elle avait coûté six millions d'euros en 2011, ce sera presque deux fois en 2017 : trois millions et demi d'euros. Solferino se serre la ceinture. Ce n'est pas parce qu'il y a moins de bureaux que c'est moins cher : c'est parce que le PS a coupé dans les équipes et les outils : réduction par deux dans l'équipe de communication, le graphiste est freelance, et la remontée numérique des fichiers de votants ne se fera plus avec un stylo scanner extrêmement coûteux, mais simplement avec une application mobile.

L'objectif des organisateurs est de réunir au moins deux millions de votants à chaque tour : à raison d'un euro par tour de scrutin et par votant, tout serait ainsi remboursé.

Mais cette primaire ressemble furieusement à un congrès : ni Jean-Luc Mélenchon ni Emmanuel Macron ne se sont manifestés. C'est seulement une partie de la gauche qui se lance dans cette campagne. Si la participation est massive, alors le vainqueur pourra peser sur les deux récalcitrants. Dans le cas contraire, c'est l'avenir même du PS qui serait en jeu.

Ce qui frappe dans la liste annoncée des candidats, c'est cet affrontement à venir entre les quinquas, Valls contre Peillon, Hamon et Montebourg : un mélange de NPS dissout (courant du Parti socialiste lancé en 2005) et de deal cassé, celui de 2014, lorsque Benoît Hamon et Arnaud Montebourg avaient oeuvré avec Manuel Valls pour expulser Jean-Marc Ayrault de Matignon, c'est de l'archéologie solférinienne.

On verra si les débats des 12, 15 et 19 janvier donneront du souffle à ce remake de Petits meurtres entre amis.

3François Fillon voit large

Toutes les nuances de droite, juppéiste, lemairiste ou encore sarkozyste trouvent leur place au sein du comité stratégique de campagne pléthorique de 45 membres qui vient d'être dévoilé.

Une équipe très large, puisque les opposants au mariage gay de Sens commun prennent deux sièges dans l'organigramme, l'un dans le pôle animation, l'autre le pôle société civile.

Et puis François Fillon a enfin parlé de la situation en Syrie, c'était à Bruxelles, devant les eurodéputés de droite : "Je n'ai aucun lien personnel, j'ai simplement beaucoup de respect pour la Russie, et j'ai toujours dit que quel que soit le dirigeant russe - qu'il s'appelle Vladimir, Boris, ou Igor -, c'est le dirigeant du plus grand pays en surface du monde. L'Europe doit avoir une stratégie de long terme avec la Russie, et pas seulement agir avec des émotions et des réactions."

4La note du Débrief

49.3 nuances de campagne !  Nominé dans la catégorie "Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis" : Manuel Valls. 

4 sur 20 pour la girouette : la primaire vous change certes un candidat, mais le 10 mai 2016 et cette loi travail passée au 49.3 pour cause de fronde chez les socialistes, ça n'est quand même pas si vieux.

"La Constitution est là, disait-il alors, et d'ailleurs je suis surpris que sur les bancs de l'opposition, qui se réclame souvent des fondateurs de la Constitution, on puisse applaudir cette mise en cause d'un article qui a déjà été utilisé à de nombreuses reprises."

Six mois plus tard, fini le 49.3 : on le supprimera par référendum s'il le faut, propose le candidat ! Manuel Valls était sur le port La Rochelle, jeudi après-midi, pour s'en expliquer : "J'ai tout simplement repris une proposition que j'avais défendu il y a déjà quelques années. Dans une démocratie, il faut d'abord écouter les citoyens, grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Je veux un Parlement avec plus de responsabilités et moins de parlementaires."

Ceux qui sont surpris, ce ne sont pas Les Républicains, même si Gérard Larcher juge Manuel Valls "irresponsable", puisque le 49.3 permet, selon lui, l'efficacité dans l'exercice du pouvoir.

Non, les plus surpris, ce sont ses camarades socialistes ! #dequisemoqueton, tweete le député Yann Galut, soutien d'Arnaud Montebourg, #pluscestgrospluscapasse, s'amuse Laurent Baumel, soutien lui aussi d'Arnaud Montebourg. Quant au communiste Olivier Dartigolles, il fustige le "cirque Pinder et ses acrobates".

Manuel Valls joue en effet au funambule dans cette primaire, Docteur Jekyll et Mister Valls. Il veut faire oublier le Premier ministre clivant des années Hollande
pour parler et faire vibrer le coeur de la gauche, une mission difficile.

Mais il réussit tous les jours à être au coeur du débat, que ce soit en contre ou en soutien, une stratégie qui ressemble un peu à celle de Nicolas Sarkozy : faire parler de lui et créer le débat autour de Ses propositions.

Même chose quand on apprend qu'il a déposé 500 parrainages, dont 178 de parlementaires, c'est le blast.

Il souhaite en tout cas poser ses propositions les plus chocs avant Noël, pour avoir l'air un peu moins caméléon quand viendront les débats radio et télé de janvier.

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