Le Débrief politique : le juppéisme n'est pas mort !
François Fillon place ses fidèles à la tête des Républicains. Les partisans d'Alain Juppé veulent faire vivre les valeurs du maire de Bordeaux. Les socialistes n'en finissent plus de déminer. C'est dans le Débrief politique de Yaël Goosz du 29 novembre.
1Grandes manoeuvres chez les Républicains
Deux jours après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, le mot rassemblement, qui était dans toutes les bouches dimanche soir, colle assez peu à la réalité. Il y a un vainqueur, qui place ses hommes aux postes-clés : "Le parti doit être en rang serré, cette règle n'est pas discutable", a expliqué le nouvel homme fort de la droite aux députés Les Républicains ce mardi matin. Comprenez : Hollande / Aubry, la primaire du compromis, c'est fini, il n'y aura pas de frondeurs ici !
La preuve par l'organigramme, officialisé ce mardi soir, lors d'un bureau politique express convoqué au siège du parti : un filloniste en prend la tête, l'ancien président de l'Assemblée Nationale Bernard Accoyer, avec deux vice-présidents, Isabelle Le Callennec, filloniste aussi, et Laurent Wauquiez, qui était jusqu'ici aux manettes.
Un autre filloniste prend la tête de la commission nationale d'investiture, c'est le député de Paris Jean-François Lamour, qui remplace Christian Estrosi. Et pour compléter le tableau, c'est, là encore, un filloniste qui se retrouve propulsé à la direction d'un comité politique, le président du Sénat, Gérard Larcher.
Le rôle de président du parti revient de facto au vainqueur de la primaire, François Fillon, qui sera sur le terrain dès ce jeudi. Il a réservé son premier déplacement post-primaire à une terre qu'il connaît bien : la Sarthe.
2Le juppéisme n'est pas mort
C'est l'info du Débrief : même si le bureau politique express du parti Les Républicains s'est tenu sans Alain Juppé, celui-ci n'a pas cédé à la tentation de Venise à Bordeaux.
Le juppéisme n'est pas mort, au contraire, il s'agite. "Il faut faire vivre nos idées", avait lancé Alain Juppé au soir de sa défaite. La question qui anime désormais les rangs de ses partisans, notamment les parlementaires, c'est "Comment ?", comment faire vivre ces idées ? "Cela pourrait prendre la forme d'une structure", explique un proche du maire de Bordeaux. "On en est au stade de la réflexion, poursuit-il, mais cela pourrait être un courant, un micro-parti au sein des Républicains". Quant à la date, ce serait possiblement fin janvier, soit après la primaire de la gauche.
Il n'est pas question de remettre en cause le soutien à François Fillon, mais les juppéistes espèrent porter à ses côtés une partie des valeurs de leur champion, et fédérer ceux qui l'ont soutenu depuis deux ans, les maires, les comités locaux, les contributeurs de la société civile, et surtout les jeunes. Pour beaucoup de ces derniers, cette campagne était une première, et il s'agit d'éviter qu'ils soient séduits par d'autres, Emmanuel Macron par exemple.
3François Fillon, inflexible sur son projet ?
Le candidat de la droite à la présidentielle l'a dit devant les parlementaires de sa formation ce mardi matin : "Je ne suis pas ouvert à changer mon projet."
Dans les faits, c'est plus compliqué : l'un de ses proches reconnaît qu'il va falloir parler à l'aile gauche. C'est pour cela que dès lundi soir, sur France 2, François Fillon a infléchi son propos sur la Sécurité sociale et le déremboursement de certains soins.
L'autre chantier, encore vierge, c'est l'environnement, l'impensé de sa campagne. Un domaine qui devrait lui laisser une certaine marge de manoeuvre, selon un de ses proches, qui confie spontanément : "Il s'en fout tellement qu'il va pouvoir élargir ! "
4Face au duel sans fin Valls / Hollande, les socialistes déminent
Ca pourrait devenir l'opération #touchepasamaprimaire ! François Hollande est prévenu : "Le Parti Socialiste organisera la primaire de la Belle Alliance Populaire, point à la ligne" explique le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
Et il n'y a pas que lui qui attend le président au tournant : Arnaud Montebourg explique dans Le Monde de ce mercredi que s'il renonce à la primaire, "c'est un coup fatal dont il ne se relèvera jamais".
Quant à l'écologiste François de Rugy, un autre candidat déclaré à cette primaire, il lance, exaspéré : "Ils sont tous no limit ! No limit dans les conneries, je m'excuse d'employer un gros mot. La droite a fait une primaire, plus de 4 millions de Français y ont participé. Et à gauche, il y aurait de brillants conseillers, de puissants stratèges qui diraient 'Oh non, il vaudrait mieux ne pas faire de primaire.' Ils n'ont rien compris !"
Pendant ce temps, François Hollande ne dévoile toujours pas ses intentions. Tout laisse penser que le maître des horloges ira au combat, parce que ce serait pire encore de refuser l'obstacle, mais il ne verbalise rien. En attendant, testerait-il des slogans ? Ca y ressemble, en tout cas : face à François Fillon, il faut promouvoir une "société fraternelle", des mots lancés par le Président dans une déclaration ce mardi, alors qu'il lançait un plan pour mieux prendre en charge le mal-être des adolescents.
Dans le même temps, ce mardi soir, l'ami de 30 ans du Président, Julien Dray, fait une tentative pour raviver la flamme Hollande. Il réunit des artistes, des sportifs, et des syndicalistes à Paris, pour dire leur ras-le-bol du "Hollande bashing". Parmi les invités, Jean-Michel Ribes, le directeur du théâtre du Rond-Point, veut remettre les pendules à l'heure, pour qu'on arrête de dire que "si votre radiateur est bouché, c'est la faute de François Hollande."
5Le PS lance ses attaques contre François Fillon
"Punitions", c'est le titre d'un opuscule qui sera tiré ce mercredi à plusieurs centaines d'exemplaires. Il s'agit d'un argumentaire anti-Fillon, condamnant "la retraite à taux plein à 70 ans, l'école de l'austérité, la diplomatie Poutine,..."
6La note du Débrief
18 sur 20 pour le sens du happening de deux artistes, qui ont distribué à près de 145.000 exemplaires un tract portant le slogan "Pour la France, j'y vais quand même", avec la photo de Nicolas Sarkozy et son #toutpourlaFrance.
Un faux, évidemment, imaginé par un collectif d'artistes de rue, Boijeot-Renauld.
L'histoire ne dit pas s'il y aura les mêmes pour Manuel Valls ou François Hollande,
mais ces deux là aussi jouent parfaitement la comédie, en ce moment. Il faudrait juste penser à raccourcir le texte, car leur pièce est un peu longue !
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