Cet article date de plus de huit ans.

Le débrief politique. L'UDI est morte... enfin ce n'est plus qu'une question de jours

La mort programmée de l'UDI. Pierre Larrouturou, candidat à la primaire de la gauche. La guerre Valls Hollande qui n'en finit plus. Christiane Taubira poussée à y aller. C'est dans le Débrief du mercredi 30 novembre.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, lors d'un meeting d'Alain Juppé au Zénith de Paris (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

L'UDI est sur le point de s'effondrer

C'est l'info du Debrief : cette cathédrale du centre, fondée le 18 septembre 2012 par Jean-Louis Borloo, est morte, ou quasi-morte, sous les effets conjugués des primaires, de François Fillon et d'Emmanuel Macron.

L'UDI, l'Union des démocrates et indépendants, se voulait le regroupement de plusieurs chapelles centristes, à l'exception du MoDem de François Bayrou. L'une de ces chapelles fait sécession : le Nouveau Centre. Le député Maurice Leroy et le président de région Hervé Morin, deux anciens ministres de François Fillon (ils l'ont soutenu dans l'entre-deux-tours de la primaire) s'apprêtent à déposer les statuts d'un nouveau parti, avant le dimanche 11 décembre. A cette date aura lieu le congrès fondateur des "Bâtisseurs", le nom de ce nouveau pôle, censé incarner la jambe gauche, centriste, de François Fillon.

En 2007, après la défaite de François Bayrou, Maurice Leroy et Hervé Morin avaient fondé le Nouveau Centre (au MoDem, on les avait surnommé les "Leroy-Merlin" de la politique). Dix ans après, ils récidivent sur les décombres de l'UDI.

En quoi la primaire de la droite accélère-t-elle la décomposition du centre ? Dans l'UDI, il y a un autre personnage incontournable : son président, Jean-Christophe Lagarde, difficile à suivre. Il a fait voter les militants sur une ligne "pas de candidat UDI à la primaire de la droite", avant de faire un pas vers Emmanuel Macron, puis de faire à fond la campagne d'Alain Juppé. 

Ses ennemis de l'intérieur ne lui trouvent donc plus aucune légitimité pour aller négocier avec François Fillon un projet compatible avec le centre, et surtout des circonscriptions : 80 sont toujours gelées dans l'attente d'un éventuel accord avec les centristes.

S'engage donc une course de vitesse "pour aller à la soupe", pour reprendre l'expression d'un centriste qui s'amuse de la situation. Jean-Christophe Lagarde se rattrape tant bien que mal : il était dans le bureau de François Fillon mardi 29 novembre : "François Fillon a bien conscience qu'il faut rassembler, avance Lagarde, qu'après la primaire, il y a la présidentielle, et que la présidentielle nécessite un rassemblement plus large, plus puissant encore."

De toute façon, pour François Fillon, l'essentiel du rapport de force se joue ailleurs :
éviter que François Bayrou ne soit candidat. Lui a les moyens de faire monter les enchères. Et puis, il y en a un autre que cette danse du centre amuse, c'est Emmanuel Macron, qui mord, petit à petit, sur l'UDI.

Une candidature imminente à la primaire de la gauche, et d'autres à suivre ?

C'est l'autre info du Débrief, alors que s'ouvre jeudi la période de 15 jours pour être candidat. S'étaient déjà déclarés Marie-Noëlle Lienemann, François de Rugy, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Gérard Filoche et Jean-Luc Bennahmias. 

Le septième s'appelle Pierre Larrouturou, ce sera officiel jeudi 1er décembre. Pierre Larrouturou est cet économiste, socialiste déçu, qui avait créé le parti Nouvelle Donne.

Un septième candidat, en attendant le huitième, François Hollande ou Manuel Valls. Alors, on en est où ? C'est un mélange de "guerre de positions" et de "tout va bien, madame la marquise". Stéphane Le Foll, parole du gouvernement, fait ce qu'il peut pour dissiper le malaise, à la sortie du conseil des ministres : "L'État, quels que soient les moments, doit être dirigé. C'est le cas. Le Président a rappelé que chacun doit être à son poste, et le Premier ministre a repris derrière en indiquant que l'État était dirigé en cohésion et en cohérence."

Qui, de la mangouste ou du cobra, croquera l'autre ? Guerre de positions, donc, un faux-plat dramatique dans lequel tout le monde s'abîme. C'est ce qu'a bien compris Frans-Alexandre Torreele, un publicitaire parisien de 30 ans, qui vient de lancer une pétition en ligne pour que Christiane Taubira se présente, elle aussi, à la primaire de la gauche. 

Sa pétition a déjà recueilli plus de 60 000 signatures, mais il s'agit selon lui d'une démarche personnelle : "Je me suis réveillé le lendemain du premier tour de la primaire de la droite en râlant. J'ai cherché une personne en laquelle je croyais, il y en avait assez peu, et Christiane Taubira est un peu l'emblème des valeurs de gauche en lesquelles je crois."

Christiane Taubira n'a, pour l'heure, rien décidé, mais son apport peut être décisif pour le candidat qui l'aura à ses côtés dans la primaire, car c'est l'arme atomique anti-Fillon sur les questions de société : mariage pour tous et droits des femmes, au moment où le clivage reprend de plus belle sur l'IVG et le délit d'entrave numérique.

La note du Débrief

Un 15 sur 20 pour la franchise de Benjamin Lucas, le président des MJS, le Mouvement des Jeunes Socialistes.  Décidément entre les cadets et les aînés, le fossé se creuse ! Le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a proposé mardi de rétablir le service militaire obligatoire

Réponse mercredi matin du jeune militant, dans un communiqué au vitriol"Je trouve curieuse cette propension des vieux messieurs à dire que la réponse à la génération la plus touchée par la pauvreté, le racisme et la défiance envers les élus, c'est donc... la caserne !" Ils ne sont pas prêts de marcher au pas, les jeunes du PS...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.