Le débrief politique. Emmanuel Macron marche depuis un an
Un anniversaire pour Macron, un peu de farine pour Fillon, un bilan pour Hollande... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de jeudi 6 avril avec Yael Goosz.
Première bougie pour Macron
Retour au 6 avril 2016 : Amiens, l'acte fondateur de En Marche. "Ce sera un nouveau mouvement politique, déclare Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie qui avance masqué, je ne sais pas si ça va réussir mais si on veut être cohérent, il faut prendre le risque." Ce jour-là, il l'assure, "ce n'est pas un mouvement pour avoir un énième candidat de plus à la présidentielle". Quelques mois plus tard, le 12 juillet 2016, meeting à la Mutualité. François Hollande n'a toujours pas compris et pourtant Emmanuel Macron proclame à la tribune : "Ce mouvement, nous le porterons ensemble jusqu'en 2017 et jusqu'à la victoire". À l'époque, il n'a pas encore de coach vocal. On connaît la suite : les porte-à-porte, la démission de Bercy et le parricide en douceur. "Il m'a trahi avec méthode", dira François Hollande.
Un an après, Emmanuel Macron a changé de dimension, il est présidentiable et invité ce jeudi soir de L'Émission politique sur France 2 dans la foulée du débat à 11. C'est un vrai crash test, à 17 jours de l'élection, c'est à quitte ou double. Selon la dernière enquête Ipsos pour le Sevipof, son électorat n'est pas stabilisé : 40% des gens qui disent qu'ils pourraient voter pour lui, disent aussi qu'ils peuvent encore changer d'avis. Parmi les gros candidats, il est celui qui déclenche le moins de votes d'adhésion. Ce jeudi, le candidat de En Marche a enregistré deux nouveaux ralliements sur son flanc gauche, deux socialistes : l'ancien ministre Daniel Vaillant et la présidente de région Bourgogne-Franche Comté Marie-Guite Dufay.
La farine, spécialité strasbourgoise ?
Incident de campagne. En plein meeting à Strasbourg ce jeudi François Fillon a été aspergé de farine comme Manuel Valls en décembre 2016 dans cette même ville. Le candidat Les Républicains s'est pris un pot de farine alors qu'il se dirigeait vers la scène du parc des expositions de Strasbourg, entouré d'une haie d'honneur. Selon des témoins, il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'année qui s'est levé de son siège pour lui jeter cette farine au visage. Certains auraient vu l'agresseur avec un tee-shirt pro-Fillon, d'autres avec un ballon gonflable pro-Macron. Il a été interpellé par le service d'ordre.
François Fillon enfariné lors de son meeting à Strasbourg. Par un jeune vêtu du t-shirt "Les étudiants avec Fillon". https://t.co/TGbAffxImP pic.twitter.com/Eo8jKURl0g
— franceinfo (@franceinfo) 6 avril 2017
Dans ces cas-là, il faut toujours faire bonne figure : "J'espère au moins que la farine était française", a plaisanté François Fillon sur scène. Tiens, tiens ça rappelle, l'autre enfariné, Manuel Valls, qui avait assuré à l'époque : "C'était la farine sans gluten et du coup j'apprécie l'attention. C'est les joies de la campagne".
Hamon : ne rien laisser transparaître
Lui aussi est sous pression : Benoît Hamon. Ne rien laisser transparaître et pourtant, il y a des yeux cernés et du doute dans l'équipe du candidat socialiste. La mécanique des vases communicants est terrible à gauche dans les sondages, l'un s'envole (Mélenchon), l'autre baisse (Hamon). La bonne nouvelle du jour, pour lui, vient de Bercy. Le ministre de l'Économie, Michel Sapin, un hollandais historique, votera Hamon au premier tour de la présidentielle, tout en ajoutant, "dire que je suis satisfait de sa campagne, ce serait vous mentir". Niveau motivation, peut faire mieux.
"Un petit soutien c'est mieux que rien, je suis content", sourit Benoit Hamon. Allez, un petit coup de pouce bienvenu au moment où les socialistes sont au bord du précipice. C'est l'heure du bureau national à Solférino, le siège du PS à Paris. Toute la famille est réunie pour la première fois depuis la crise provoquée par Manuel Valls qui n'a pas respecté les règles de la primaire. Va-t-on vers une purge ?
Mélenchon, les pieds dans l'eau
Chez les insoumis, on prépare activement le prochain gros meeting, dimanche à Marseille. Après la plage du Prado, il y a cinq ans, c'est sur le vieux port que Jean-Luc Mélenchon va larguer ses amarres. Écrans géants et haut-parleurs sont prévus le long de la Canebière et 200 personnes composeront le service d'ordre. Après l'eau salée, l'eau douce : le candidat de La France insoumise veut surprendre et fera campagne sur une péniche en Ile-de-France le week-end de Pâques.
La mauvaise journée du président
Cette journée de jeudi n'a pas été facile pour le président de la République. Il avait promis la fermeture de Fessenheim, la centrale nucléaire du Haut-Rhin... le conseil d'administration d'EDF fait de la résistance. Beaucoup à gauche avaient misé sur une nationalisation temporaire de STX et les chantiers navals de Saint-Nazaire pour conjurer Florange...finalement les chantiers passent sous pavillon italien. Nicolas Dupont-Aignan, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon et le FN ont vivement réagi.
Sans surprise, l'État socialiste poursuit activement la désindustrialisation de la France en abandonnant #STX à Fincantieri ! #SaintNazaire
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 6 avril 2017
"Je me réjouis de la décision d'EDF de ne pas fermer la centrale nucléaire de #Fessenheim." @LCI
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 6 avril 2017
La note du débrief : 17/20 pour François Hollande
François Hollande : 6 mai 2012 - 6 avril 2017. Ce n'est pas encore un anniversaire mais c'est déjà l'heure du bilan. On a déjà tout dit ou presque : l'impopularité, la courbe du chômage qui s'inverse trop tard. Mais une bonne note ce jeudi pour le président et ce qu'on a appelé "l'humour hollandais". Savoir manier le second degré quand on dirige la cinquième puissance mondiale, c'est une qualité rare.
On retiendra notamment ces propos tenus lors de sa quatrième conférence de presse, en septembre 2014 lorsqu'il revient sur la pluie qui l'a poursuivi presque partout depuis le début de son quinquennat : "Je ne peux pas, comme président de la République, supprimer la pluie. Je ne peux pas non plus la provoquer. Mais je ne me mets pas à l'abri". Pendant cinq ans, François Hollande n'a pas manqué d'autodérision non plus pour évoquer son impopularité. "Ni retrait, ni retraite", dit aujourd'hui le président quand on l'interroge sur son avenir. C'est donc un 17 sur 20 pour le détachement et parfois l'autodérision de François Hollande.
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