Alerte rouge aux pollens en ce début de printemps : attention aux antiallergiques sans ordonnance
C'est la pleine saison des allergies aux pollens, et quand les yeux, la gorge vous grattent trop, vous cherchez une solution en pharmacie, où de nombreux antiallergiques sont disponibles sans ordonnance. Sauf qu’ils ne sont pas tous sans risque, en plus d’être parfois inefficace. Adelaïde Robert, cheffe de rubrique santé et hygiène, a mené l'enquête pour le magazine 60 Millions de consommateurs.
franceinfo : Votre magazine a comparé 22 produits, médicaments, compléments alimentaires, délivrés sans ordonnance. Quand on parle de compléments alimentaires on parle de quoi ?
Adélaïde Robert : On parle de produits qui contiennent des nutriments, des plantes, considérées comme alimentaires, mais qui n’exercent pas d’action thérapeutique. Ils n’ont donc pas à apporter de preuves d’efficacité, et ils n’ont pas le droit de revendiquer un effet thérapeutique.
Alors si on en croit votre étude, ils sont tous inefficaces. Dites-nous pourquoi ?
Justement parce que l’efficacité, ils n'ont pas besoin de la prouver dans cet essai, les notes reflètent la quantité d’études apportant la preuve d’une efficacité, contre placebo, des produits inclus, et il y en a peu. Ils sont mal notés parce qu’il n’y a pas de preuves pour les conseiller, et ceux que nous avons comparés présentent en plus parfois, des défauts de mise en garde.
Après ça n’empêche pas que ces compléments aient un effet chez certains d’entre nous, et dans ce cas tant mieux, tant qu’ils ne sont pas dangereux. Les seuls à déconseiller dans le cas d’une allergie aux pollens sont ceux à base des produits de la ruche, qui peuvent eux-mêmes contenir des traces de pollens.
Si on en vient aux médicaments, quand on pense antihistaminique, en général on pense au Zyrtec, et si j’en crois votre étude, ça reste le plus efficace, il a peu de concurrents ?
Zyrtec, c’est un des noms commerciaux de la cétirizine, qui est un produit générique et disponible avec des versions sans ordonnance. La cétirizine est effectivement efficace, et elle est en tête exaequo avec la loratadine. Ils ont tous les deux largement supplanté Polaramine, un antihistaminique de première génération, parce qu’ils ont beaucoup moins d’effets secondaires
Justement de quels effets secondaires secondaires parle-t-on?
Les antihistaminiques de première génération faisaient beaucoup somnoler, donnaient des vertiges, une sécheresse de la bouche etc. La cétirizine et la loratadine beaucoup moins. Ils sont moins dangereux au volant, même s’ils nécessitent d’être vigilants.
Il y a aussi des contre-indications à respecter. Enfin, c’est assez évident tout ça, mais on a tendance à considérer que les médicaments en automédication sont sans danger, alors qu'il y a des précautions d’emploi et contre-indications à respecter.
Si on regarde du coté des sprays pour le nez ou des gouttes pour les yeux, les résultats sont meilleurs ?
C’est vrai pour les collyres, les quatre qui sont comparés sont efficaces et sans risque, même s’il y a quand même des contre-indications pour certains. Dans les produits pour le nez, on a effectivement des produits efficaces, comme les corticoïdes en spray (ici Humex rhume des foins) mais il faut rester vigilant avec les produits contenant des huiles essentielles.
Ce qui est intéressant c’est de voir en tous cas que tout le monde peut trouver chaussure à son pied. Les enfants, les femmes enceintes : l’offre est suffisamment diversifiée pour que chacun trouve un produit adapté.
Et il y a des choses sans risque, très utile comme le sérum physiologique, pour se nettoyer les yeux ou les sprays type Sterimar au manganèse, pour nettoyer le nez : c’est très pratique aussi en relais des médicaments en goutte ou spray.
Si la gêne dure, qu’est-ce qui doit nous pousser à aller chez le médecin ? A quel moment faut-il y aller ?
Quand les traitements d’automédication ne suffisent pas, que la qualité de vie est impactée, il faut y aller. Les allergies aux pollens, ce sont des allergies qui durent. Avec le bouleau, on part sur au moins deux mois. Il faut trouver le bon traitement, et ne pas passer à côté d’un autre diagnostic.
Et qu’est-ce qu’il peut proposer ce médecin ? Un traitement sur du long terme ?
Déjà il peut identifier l’allergène, ce qui est important pour la suite, et pour suivre son risque d’exposition au quotidien sur les sites comme pollens.fr ou les applis dédiées.
Et puis le médecin peut proposer des traitements ou combinaisons de traitement plus efficaces ou une désensibilisation par immunothérapie, qui effectivement peut avoir une efficacité intéressante au long cours, car elle traite la cause, en apprenant au système immunitaire à tolérer l’allergène, et ne se contente pas d’apaiser les symptômes.
On termine avec quelques mesures préventives, quelques conseils pour éviter d’augmenter les risques d’allergie chez soi ?
Oui, il faut se rincer les cheveux avant d’aller dormir, ne pas faire sécher son linge dehors, aérer plutôt très tôt le matin ou tard le soir, quand il y a moins de pollen, mettre des lunettes de protection en allant jardiner dehors, ne pas ouvrir les fenêtres en voiture, ce sont des petits détails qui peuvent faire la différence aussi.
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