Royaume-Uni, Italie, Espagne : les mesures de restriction des libertés s'étendent chez nos voisins face à la deuxième vague de Covid-19
Une même actualité dans trois pays dans le monde : chaque jour dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, alors que la France s'attend à connaître un nouveau confinement, des mesures similaires sont prises, et parfois difficilement acceptées, dans les pays frontaliers de l'hexagone.
Face à la deuxième vague de Covid-19 au Royaume-Uni, les règles ne sont pas les mêmes selon que vous soyez au Pays de Galles, en Irlande du Nord, en Écosse ou en Angleterre.
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Le Pays de Galles est entré dans un confinement de dix-sept jours. Un "coupe-feu", disent les autorités. Les hôtels, les restaurants, les pubs et tous les magasins jugés non essentiels sont fermés. Il ne faut sortir que pour les achats de première nécessité et sur ce point, il y a eu un sacré couac : un magasin de Cardiff avait condamné le rayon dans lequel se trouvait les serviettes hygiéniques. Il s’est excusé mardi 27 octobre pour cette erreur qui a fait grand bruit. Plus généralement, évidemment, les échanges s’enflamment sur ce qui est indispensable et ce qui ne l’est pas.
Une fronde en Angleterre
L'Angleterre, elle, applique des restrictions différenciées selon les taux d’infection par région, et le pays se déchire entre nord et sud. C’est le maire travailliste de Manchester, qui incarne cette fronde, confronté à des restrictions drastiques, fermeture de nombreux commerces en particulier. Il a négocié pendant dix jours pour obtenir des fonds de la part du gouvernement
Lassé, Boris Johnson a fini par imposer des mesures sans débloquer l'argent demandé. Depuis, cette contestation s'est propagée jusque dans son propre camp. Plus de cinquante députés conservateurs ont adressé un courrier au 10, Downing street. Ils demandent en substance un plan de relance pour le nord du pays, des zones défavorisées de l'Angleterre, avec un taux de chômage élevé. Mais c'est aussi là que le virus se propage le plus rapidement.
La Cumbria, Le Yorkshire, le comté de Durham : ces régions du nord constituent ce que l'on appelait le "mur rouge", des fiefs travaillistes. Un mur qui s'est effrité lors du référendum sur le Brexit il y a quatre ans, et littéralement effondré pendant les législatives de l'année dernière. L'opposition voit dans la colère actuelle l'occasion de regagner de la confiance et des voix et joue cette carte de l'opposition du nord modeste, méritant, malmené par un sud snob, prétentieux et injuste.
Des manifestations en Italie
L'italie est secouée depuis plusieurs jours par des manifestations contre les mesures de couvre-feu. À l'origine, ce sont des entrepreneurs ou des salariés des restaurants, bars, cinémas, théâtres ou salles de sport qui manifestent pacifiquement pour défendre leur gagne-pain. Ils le font à partir de 18 heures, l'heure de fermeture désormais de toutes ces activités. Pour certains, comme les cinémas et les théâtres, c'est 100% de pertes. Pour d'autres, c'est au moins la moitié de leur chiffre d'affaires. Des protestations légitimes, explique le gouvernement. Sauf que des groupes violents en profitent pour casser à Naples, Turin, Milan. Hier soir encore, à Rome, où seize personnes ont été interpellées, deux ultras du club de foot de la Lazio et des militants d'extrême droite, car un petit parti tout à fait identifié, Forza Nuova, appelle à protester officiellement sur les places en Italie.
L'État italien réagit de deux manières. D'un côté il augmente les aides aux professionnels touchés de plein fouet. Cinq milliards d'euros d'indemnisation en tout, cela peut aller jusqu'à 25 000 euros pour un restaurant, 30 000 pour un théâtre. Mais de l'autre, surtout, le gouvernement dénonce l'instrumentalisation et l'infiltration de mouvements extrémistes et criminels dans les manifestations. La ministre de l'Intérieur demande que les professionnels pacifistes prennent publiquement leurs distances avec ces groupes qu'elle veut isoler, car la ministre craint l'infiltration du crime organisé, de la mafia dans ces manifestations. À Naples, notamment, des unités spéciales dans les préfectures de police sont donc mises en place pour isoler les violents, bien sûr, mais aussi les mafieux qui profitent de la crise pour infiltrer encore un peu plus l'économie légale.
État d'urgence et couvre-feu en Espagne
Cela faisait plusieurs jours, voire plusieurs semaines, que les régions responsables en matière de santé publique voulaient prendre des mesures restrictives, mais juridiquement, c'était très compliqué. Avec l'état d'urgence, le gouvernement espagnol, cette fois-ci, ne centralise pas toutes les décisions sanitaires comme au printemps dernier. Il ne décrète pas non plus de confinement général, il impose le couvre-feu que les régions réclamaient dans toute l'Espagne, sauf aux Canaries, où ça va un peu moins mal. Couvre-feu à partir de 22 heures, 23 heures ou minuit selon les communautés autonomes et jusqu'à 6 heures du matin. Le gouvernement offre un parapluie légal aux régions. Ces dernières peuvent, dans le cadre de l'état d'urgence, si elles le souhaitent, décréter des confinements locaux, mettre sous cloche une ville, un village, un quartier. Au Pays basque espagnol, par exemple, il est interdit de sortir de sa commune, quelle qu'elle soit, sauf pour une raison valable : travailler, étudier ou recevoir des soins.
Tout l'été, l'Espagne était le grand pays européen où la deuxième vague est arrivée le plus vite et a frappé le plus fort. Mais au cours des dernières semaines, la France est passée devant. Plus de cas chaque jour. Plus de décès aussi. C'est en voyant le couvre-feu en France que les régions et Madrid ont voulu l'appliquer ici. Il n'est pas interdit de penser que si un reconfinement était adopté dans un grand pays d'Europe, par exemple en France au hasard, l'Espagne finirait par suivre. La question du reconfinement, en tout cas, est régulièrement posée aux responsables politiques et aux experts.
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