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Roumanie, République tchèque et Hongrie : l'est de l'Europe face à la "deuxième vague" de Covid-19

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir tout ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Ce jeudi, direction la Roumanie, la République tchèque et la Hongrie qui font face à une résurgence de l'épidémie de Covid-19.

Article rédigé par franceinfo - Paul Cozighian, Alexis Rosenzweig et Florence La Bruyère. Edité par Thomas Destelle
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Un militaire dans l'hôpital de campagne mis en place à Prague en République tchèque, alors que le pays est fortement touché par l'épidémie de Covid-19, le 22 octobre 2020. (MICHAL CIZEK / AFP)

En France, l’épidémie de Covid-19 continue de progresser et le gouvernement doit annoncer jeudi 22 octobre le basculement "d'un certain nombre de départements" en zone d'alerte maximale, et donc en couvre-feu. "Toute l'Europe est en train de flamber", a souligné jeudi le ministre de la santé Olivier Veran à l'Assemblée nationale. Certains pays du vieux continent serrent la vis contre l’épidémie, parfois jusqu’au confinement. Cette seconde vague touche l'est de l'Europe avec des chiffres alarmants, notamment en Roumanie, en République tchèque et en Hongrie.

La Roumanie veut sauvegarder l'activité

Sur les deux dernières semaines, le taux de mortalité de 4,5 pour 100 000 habitants situe le pays à la deuxième place de l’Union européenne. Pour l’instant, le gouvernement roumain essaie, malgré tout, de sauvegarder l’activité économique et ne cherche pas à imposer un nouveau confinement général de la population. Mais il donne beaucoup de pouvoir aux préfets, afin de mieux contrôler localement la propagation du coronavirus. L’exécutif de Bucarest affirme qu’il est prêt à faire face à toute dégradation plus sévère de la situation sanitaire.

Les médecins, eux, ne sont pas du même avis, car le nombre de cas graves augmente sans interruption depuis une dizaine de jours et la capacité maximale des lits Covid-19 sera atteinte d’ici la fin de la semaine prochaine. Ils réclament notamment le respect beaucoup plus strict des gestes barrières et une augmentation du nombre de tests (environ 30 000 par jour aujourd’hui) afin de mieux cerner et isoler les cas contacts. Bucarest et d’autre grandes villes du pays viennent de fermer pour au moins 14 jours toutes les écoles, universités, restaurants et salles de spectacle. Le port du masque est désormais obligatoire à l’extérieur. 
 
Des élections législatives sont prévues en Roumanie le 6 décembre prochain. Mais on se demande si elles vont être organisées, si la situation sanitaire continue à se dégrader. Pour le président libéral Klaus Iohannis, il est impératif d'organiser les législatives en temps et en heure car sinon, dit-il, la démocratie en pâtira sérieusement dans ce pays. Son Premier ministre Ludovic Orban souligne qu’aux États-Unis par exemple, où la situation sanitaire et bien pire, les élections ne seront pas reportées.

Mais l’exécutif de Bucarest a les mains liées. Le Parlement, qui est contrôlé par l'opposition sociale-démocrate, vient d’obtenir le feu-vert de la Cour constitutionnelle pour pouvoir décider tout seul de la date des prochaines élections législatives grâce à une loi, votée à la va vite et sans débat, au tout début de l'automne. Les sociaux-démocrates essayent de gagner du temps pour se refaire une santé dans les sondages, espérant garder la majorité pour les quatre prochaines années. On voit mal comment le gouvernement de Bucarest va pouvoir s'en sortir à moins de forcer, par une ordonnance d’urgence, l’organisation du scrutin début décembre, sans tenir compte de l’avancée de l’épidémie.

De nouvelles restrictions en République tchèque

La situation est alarmante en République tchèque, pays de plus de dix millions d'habitants de l’Union européenne le plus touché par la pandémie ces deux dernières semaines, avec un record de 15 000 nouveaux cas Covid-19 dépistés mercredi. La capitale est le premier pays avec l'Irlande et Israël à reconfiner sa population. Depuis 6 heures, jeudi 22 octobre, les commerces non essentiels sont tous fermés, et il est interdit de se regrouper à plus de deux personnes en dehors du cercle familial. Depuis la semaine dernière, toutes les écoles à partir du primaire sont déjà fermées ainsi que tous les bars et les restaurants qui ne peuvent que vendre des plats à emporter. Les masques sont obligatoires quasiment partout mais comme lors du premier confinement les promenades en forêt ou dans les parcs ne sont pas interdites et même recommandées.

Le ministre tchèque de la Santé a annoncé que la situation allait devenir critique dans les hôpitaux à partir de la deuxième semaine du mois de novembre, et ce alors que le pays avait été relativement épargné par la première vague de l'épidémie. Un hôpital de campagne est en train d’être construit dans la banlieue de Prague et le gouvernement tchèque a préventivement demandé de l’aide aux voisins allemands pour l’éventuelle prise en charge de patients en cas de besoin.
 
Les autorités tchèques souhaitent également lancer une campagne massive de tests de dépistage. La Slovaquie voisine, aussi touchée cet automne, a déjà annoncé vouloir tester 90% de sa population. Les autorités tchèques vont quant à elles commencer ce dépistage universel dans une des régions du pays et espère l’élargir à 5 voire 6 millions de personnes, environ la moitié de la population totale de la République tchèque. Un dépistage avec des tests antigéniques rapides que les autorités commencent à acheter en très grand nombre. Pris au dépourvu et critiqué pour sa gestion de la deuxième vague, le Premier ministre tchèque Andrej Babis s’est excusé à plusieurs reprises et a indiqué que les mesures actuelles devaient permettre à la population de passer les fêtes de Noël "le plus normalement possible."

Le gouvernement hongrois ne veut pas toucher à l'économie

Il y a une flambée de nouveaux cas en Hongrie avec 2 000 nouveaux cas par jour. C’est beaucoup pour un pays de moins de 10 millions d'habitants, et ce nombre de nouveaux cas a doublé en un mois. Depuis le mois de mars, la pandémie a fait 1 300 morts dans le pays. Un chiffre moins important qu’en France ou en Italie mais là aussi, la courbe est en forte hausse car en un mois, le nombre de morts a doublé.
 
Mais le gouvernement de Viktor Orban ne semble pas s’inquiéter, il n’a pris aucune mesure d’urgence. Il n’y a pas d’obligation de porter le masque dans la rue, seulement dans les transports, pas de limitation des déplacements. La seule contrainte, ce sont les 10 jours de quarantaine pour les Hongrois qui reviennent de l'étranger. Le pays est fermé à certains touristes mais les Tchèques ou les Polonais, sont admis. La vie fonctionne presque normalement. Les restaurants, les théâtres ou les cinémas sont ouverts, ainsi que les les écoles avec un étalement des horaires. Dans les rues, sur les colonnes Morris, on peut voir une publicité du gouvernement  avec inscrit "La Hongrie doit continuer à fonctionner". Le Premier ministre Viktor Orban a choisi de donner la priorité à l’économie. Il faut dire qu’au deuxième trimestre le PIB a chuté de 13%, le pire résultat de la région. Visiblement Viktor Orban veut éviter un effondrement de l’économie, à un an et demi des prochaines élections.

Mais ce laisser-faire est très critiqué par les enseignants et les médecins. L’ancien directeur de la Santé, Ferenc Falus, tire la sonnette d’alarme. Selon lui, il faudrait tout fermer pendant au moins trois semaines. Sans mesures d’urgence, estime ce médecin, la Hongrie va vers une crise sanitaire majeure.

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