Pourquoi la démocratie s'affaiblit en Europe et en Afrique
Le 11e forum mondial pour la démocratie se tient du 6 au 8 novembre, à Strasbourg, sur le thème de la paix. Les fondements de la démocratie s'affaiblissent dans le monde entier, selon un rapport de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale (International IDEA) publié la semaine dernière.
Selon cette étude, l’Europe reste la région la plus performante au monde en matière de démocratie mais il y a des reculs inquiétants au sein même de l’Union européenne. En particulier sur la question de l’État de droit et de la liberté d’expression. Au cours des cinq dernières années, on constate une détérioration inquiétante de certains des États, habituellement parmi les plus performants, expliquent les auteurs de cette étude.
Le scandale de corruption au Parlement européen
Les scores de l’Autriche, du Luxembourg des Pays-Bas et du Portugal sont ainsi en baisse. En Autriche, le rapport signale un recul de la liberté de la presse avec une élite dirigeante qui a fait pression sur les médias. L’Allemagne, pourtant très bien classé dans la plupart des catégories, est également citée pour ses élections entachées "d’une surveillance insuffisante et des problèmes de financement de campagne." Au niveau des institutions, ce rapport rappelle aussi le scandale de corruption du "Qatargate" qui a abîmé la réputation du Parlement européen.
Parmi les meilleurs élèves du classement, on trouve sans surprise des pays nordiques. Le Danemark et la Finlande sont dans le top 10 de toutes les catégories. La Suède est aussi très bien placée. Pour ce qui est de l’accès aux droits, un système juridique équitable, le respect des libertés civiles et l’égalité politique sociale sexuelle, la Belgique est dans le haut du classement. La France, elle, n’est pas bien classée dans ce domaine. Elle est en 21e position après l’Italie, l’Espagne, la Lituanie ou encore la Grèce.
Toujours selon l'étude de l'IDEA, le déclin des systèmes démocratiques à un niveau global peut s'illustrer par "la vague continue de coups d’État" en Afrique. L’Afrique subsaharienne a connu cinq coups d’État depuis 2020, autant de pays où les putschistes militaires ont pris le pouvoir sans le remettre aux civils pour le moment.
Les coups d'État successifs en Afrique
Les coups d’État se sont succédé dans le Sahel. Le Mali en 2020, la Guinée Conakry en 2021, le Burkina Faso en 2022 et le Niger en 2023. Dans ces pays, les militaires qui ont pris le pouvoir ne respectent pas le calendrier des transitions annoncées pour un retour vers une démocratie, malgré les sanctions de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao.
Ces coups d’État se sont passés dans la zone du Sahel, en proie à des questions d’insécurité face à la montée du terrorisme. Une région où monte aussi un sentiment anti-français et où l’Hexagone a mis fin à ses opérations militaires. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a annoncé la semaine dernière que le France augmentera son soutien à la Cédéao pour restaurer la démocratie dans la région.
Pourtant le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte militaire guinéenne, s’est insurgé à la tribune des Nations unies contre "le modèle démocratique imposé en Afrique" et "qui a du mal à s’adapter à notre réalité", déclarait-il en septembre dernier. Ce modèle, arrivé dans la période post-indépendance, durant la vague de démocratisation des années 1990, est perçu comme un instrument employé par les puissances occidentales et contraires aux traditions africaines. Ce modèle de démocratie est donc remis en question même dans les pays considérés comme des modèles.
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