Pays-Bas, Inde, Brésil, trois pays où la campagne de vaccination contre le Covid-19 peine à démarrer
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction les Pays-Bas, l'Inde et le Brésil, où les campagnes de vaccination ont à peine débuté.
En France, les oppositions s'offusquent de la lenteur de la campagne de vaccination contre le Covid-19. D'autres pays connaissent un démarrage poussif. C'est le cas notamment au Brésil, en Inde et aux Pays-Bas.
Les Néerlandais prennent leur temps
Ils bénéficient comme chaque État européen d’un nombre de doses du vaccin Pfizer au prorata de leur population. Mais dans un premier temps, ils n’avaient programmé la première injection que vendredi prochain. "Rien ne sert de se précipiter", avait estimé le ministre de la Santé en expliquant que tous les logiciels du service de santé n’étaient pas prêts. Il préférait une administration "prudente et sure" à une administration "symboliquement rapide".
Au Pays-Bas, il n'y a donc pas eu, comme ailleurs en Europe, de caméras sous le nez d’un octogénaire le 27 décembre, le jour du lancement de la vaccination partout dans l’Union européenne. Mais face à l’incompréhension de certains scientifiques - "Chaque semaine compte pour sauver des vies", s’est ainsi insurgé un éminent microbiologiste néerlandais - et face à l’incompréhension générale pour un pays d’ordinaire très organisé, le gouvernement a bougé. La vaccination commencera finalement le mercredi 6 janvier. Et ce ne sera plus les personnels de maisons de retraite, comme annoncé précédent, mais ceux des hôpitaux qui seront prioritaires.
Comme les Pays-Bas, la Belgique avance prudemment. La vaccination officielle et de masse n’a débuté que cette semaine. Mais il y a eu tout de même une première série de vaccinations et des tests menés la semaine dernière dans les maisons de retraite auprès de 700 volontaires. Dans le pays, les autorités visent une couverture vaccinale pour 70% de la population. En Wallonie et à Bruxelles, sur 15 000 francophones interrogés, plus de 80% sont disposés à se faire vacciner.
Des doutes sur le vaccin en Inde
Le second pays le plus peuplé au monde, l’Inde, est sur le point de lancer son gigantesque plan de vaccination pour sa population d’1,3 milliard d’habitants. Les premières doses devraient être inoculées dans une dizaine de jours. Mais de sérieux doutes sont émis par les scientifiques sur l’efficacité des deux vaccins qui viennent d’être approuvés. L’autorité de régulation n’a pas communiqué les résultats scientifiques des essais cliniques qui ont été menés pour ces deux vaccins. Il y a d’abord celui d’Oxford-AstraZeneca pour lequel les données concernant les essais cliniques réalisés à l’étranger existent mais pas ceux réalisés sur la population indienne. Plus grave, l’autre vaccin, de l’entreprise indienne Bharat Biotech a reçu le feu vert des autorités alors que les essais cliniques de phase 3 ne sont même pas terminés. Ils sont pourtant censés déterminer l’efficacité de ce vaccin.
Pour Amar Jesani, rédacteur en chef du Journal d’éthique médicale, c’est une aberration : "Les essais cliniques de ce vaccin doivent se terminer fin février et après on doit suivre les patients pendant deux mois pour savoir si le vaccin est efficace. Mais les autorités l’ont approuvé dès à présent sans indiquer si elles avaient les résultats de son efficacité." Amar Jesani poursuit : "Il semble donc que l’autorisation a été donnée à Bharat Biotech uniquement car c’est un vaccin indien. Et donc pour des raisons politiques et non scientifiques. Et cela peut ressembler à ce qu’ont fait les Russes et les Chinois." Le gouvernement a assuré que les essais cliniques allaient se poursuivre pour ce vaccin indien. En attendant, c’est certainement celui d’AstraZeneca qui sera utilisé en premier. Plus de 50 millions de doses ont déjà été produites en Inde.
Rien n'avance au Brésil
Le président Bolsonaro continue de provoquer des attroupements sans masques, de dénigrer toute mesure de distanciation sociale et n’a rien prévu pour les vaccins. Bolsonaro a déjà décrété que la vaccination ne serait pas obligatoire. Mais en réalité, ce pays de 200 millions d’habitants n’aura pas de vaccins et peut-être avant longtemps. Les médias brésiliens décrivent une guerre des vaccins entre deux ennemis politiques : le président Bolsonaro contre le gouverneur de São Paulo. Ce dernier, João Doria, a lui annoncé que la vaccination dans son état commencerait le 25 janvier grâce à un partenariat fait avec la pharmaceutique chinoise Coronavac. Mais l’Agence de vigilance sanitaire qui dépend du gouvernement fédéral rajoute de la bureaucratie pour retarder son approbation, et pour que Sao Paulo ne soit pas vacciner avant le reste du pays.
Le ministère de la Santé a heureusement la Fiocruz, un institut de recherche médical sérieux qui a fait un accord de transfert de technologie avec la pharmaceutique anglaise AstraZeneca. La Fiocruz tente d’importer en urgence 2 millions de doses de vaccins pour vacciner au mieux en février, avant de produire 100 millions de doses par la suite. Car le gouvernement n’a en réalité rien fait. Ils n’ont même pas d’aiguilles ni de seringues pour vacciner. Ce n’est que la perspective de vacciner après São Paulo et alors que l’Argentine vaccine déjà qui a fait bouger Bolsonaro, ce qui semble être un peu tard.
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