Covid-19 : au Brésil, la guerre des vaccins est déclarée entre Jair Bolsonaro et le gouverneur de Sao Paulo
Alors que le laboratoire Sanofi vient d'annoncer que son vaccin ne serait probablement pas disponible avant la fin de l'année prochaine, la guerre des vaccins à travers le monde continue à faire rage... Et au Brésil, un des pays les plus touchés du monde, cette guerre fait rage à l'intérieur même du pays.
Au Brésil, le vaccin contre le Covid-19 est l'arme par procuration de la guerre sans merci que se mènent deux hommes : Jair Bolsonaro, le président brésilien, et Joao Doria, le gouverneur de Sao Paulo, que l'on présente comme son plus sérieux rival pour la présidentielle de 2022.
L'élection américaine l'a montré : la gestion de la pandémie est vraiment le marqueur politique central dans les processus électoraux qui se jouent en ce moment. C'est sur la façon dont les dirigeants agissent face au virus que les électeurs déterminent leur vote. Jair Bolsonaro, comme son allié Donald Trump, a déjà qualifié ce virus de gripette et considère que cette pandémie est surdimensionnée.
Sans masque et en toussant, Bolsonaro soutient les anticonfinement au Brésil https://t.co/IVHTnoMDL6 pic.twitter.com/6oW9wmLQSB
— L'Obs (@lobs) April 20, 2020
En novembre, dans un discours aux accents homophobes, le président d’extrême-droite, fidèle à sa ligne provocatrice, haranguait encore la foule : "Il n'y en a que pour la pandémie, il faut en finir avec ça. Je regrette les morts, je les regrette. Nous allons tous mourir un jour, tout le monde ici va mourir. Ça ne sert à rien de fuir cela, de fuir la réalité. Il faut arrêter d'être un pays de pédés. Nous devons nous battre la tête haute, lutter."
Le mois dernier, il s'était félicité la suspension momentanée des essais cliniques du Coronavac après la mort d'un volontaire. En octobre, il avait déjà ordonné l'annulation d'un accord pour l'acquisition de millions de doses de ce vaccin chinois, affirmant qu'il refusait de faire des Brésiliens des "cobayes". Reste que le Brésil est pourtant le deuxième pays le plus touché au monde. Presque 180 000 morts, plus de 5 millions de personnes contaminées. Et les chiffres montrent que l'épidémie repart à la hausse.
Joao Doria se positionne en chevalier de la lutte anti-covid
L'Etat de Sao Paolo, le plus riche et le plus peuplé du pays, est également celui qui est le plus touché. Il est dirigé par un ancien proche de Jair Bolsonaro, Joao Doria, un conservateur qui a pris ses distances avec Bolsonaro et qui se positionne à son exact opposé en chevalier de la lutte anti-covid.
Participei há pouco de reunião com o Ministro da Saúde, Eduardo Pazuello, e Governadores para tratar sobre o Plano Nacional de Imunização. Ressaltei a importância de deixar de lado questões políticas e ideológicas quando o assunto é salvar vidas.
— João Doria (@jdoriajr) December 8, 2020
Joao Doria vient d'annoncer une gigantesque campagne de vaccination dans son Etat à partir du 25 janvier. Il prévoit de vacciner 9 millions de personnes en trois mois. Or il a choisi le vaccin chinois Coronavac, pas encore homologué au Brésil. Et pour cause : Jair Bolsonaro ne veut pas entendre parler de ce vaccin chinois, lui qui, comme son allié Donald Trump, ne cesse de multiplier les attaques contre la Chine. Et lui a passé un accord avec le labo suédo-britannique AstraZeneca pour 100 millions de doses. Problème : elles ne seront disponibles qu'en mars.
Tous les coups sont permis
C'est donc la course à qui fera le premier sortir le Brésil de l'épidémie. Celui qui agit des janvier ou celui qui attend mars ? Celui qui considère qu'il faut faire passer l'efficacité avant l'idéologie ou celui qui dit qu'il faut apprendre à vivre avec le virus et qu'il faut bien mourir de quelque chose ?
- O Brasil disponibilizará vacinas de forma gratuita e voluntária após COMPROVADA EFICÁCIA E REGISTRO NA ANVISA. Vamos proteger a população respeitando sua liberdade, e não usá-la para fins políticos, colocando sua saúde em risco por conta de projetos pessoais de poder.
— Jair M. Bolsonaro (@jairbolsonaro) December 8, 2020
Tous les coups sont permis, à commencer par l'homologation du vaccin. Joao Doria a besoin de cette autorisation de mise sur le marché pour réussir son OPA vaccinale. Il a même passé des accords avec d'autres Etats fédéraux pour leur vendre des doses. Bref, la guerre des vaccins s'annonce sans pitié à un an de la présidentielle, où Jair Bolsonaro est candidat.
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