Otan : l'intégration de la Suède renforce la région de la Baltique et rassure les pays baltes

La Suède avait annoncé sa candidature à l'Otan en même temps que la Finlande, dans la foulée de l’offensive Russe en Ukraine. Elle a été approuvée lundi par le Parlement Hongrois, qui a ainsi levé le dernier obstacle à son entrée dans l'organisation.
Article rédigé par franceinfo - Laure Broulard, Marielle Vitureau
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Publié Mis à jour
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Des soldats d'un bataillon suédois de contre-espionnage, près de Stockholm, le 27 février 2024. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

La Hongrie, qui était le dernier pays membre de l'Otan à ne pas avoir encore validé cette entrée, a ratifié lundi 26 février l'adhésion de la Suède à l'Alliance atlantique. Après l'entrée de la Finlande le 4 avril 2023, la Suède sera le 32e pays à devenir membre de l’organisation. Sur le plan stratégique, cette adhésion permet surtout de verrouiller la mer Baltique, où la Russie sera désormais cernée par l’alliance, ce qui rassure énormément les pays baltes.

La Suède, un allié robuste aux investissements renforcés

La mer Baltique, deviendrait même une "mer de l’Otan", selon certains analystes. L’intégration de la Finlande et de la Suède augure donc un renforcement sécuritaire de l’alliance dans la zone, mais aussi dans le Grand Nord. Concrètement, cela signifie que la marine suédoise, très importante en mer Baltique pour ce qui est de la défense côtière mais aussi du renseignement, pourra être mise davantage à contribution. De même, les ports et les aéroports suédois renforcent leur position stratégique.

Cette nouvelle dynamique est positive, notamment, pour les pays baltes. Mais la Suède arrive également au sein de l’Otan avec une capacité militaire robuste et des investissements sécuritaires importants. Le pays prévoit de consacrer au moins 2% de son PIB à la défense cette année, atteignant ainsi l’objectif fixé par les alliés au sommet de Vilnius, en 2023. Cet objectif a notamment été remis sur la table par les récentes déclarations de Donald Trump menaçant les mauvais payeurs de l’alliance.

Officialisation d'un contributeur déjà actif

Sur le plan technique, il s’agit surtout de confirmer une intégration déjà très engagée. Effectivement, la Suède participe depuis longtemps à de nombreux groupes de travail de l’Otan. Depuis sa candidature, les exercices conjoints avec les alliées se sont multipliés. En avril 2023, l’opération Aurora 23 avait mobilisé sur le territoire suédois plus de 20 000 soldats originaires de 14 pays. En juin, des bombardiers américains s’étaient posés dans le nord de la Suède. Stockholm était aussi régulièrement invité au Conseil de l’Atlantique Nord, l’organe décisionnel de l’Otan, et n’était donc pas véritablement exclu des processus de décision. Sur le plan de l’interopérabilité, le maître mot au sein de l’alliance, la Suède est un très bon élève. Elle connaît bien les enjeux liés au bon fonctionnement de son armée avec l’Otan.

Le seul véritable changement est que le pays aura désormais officiellement une voix à la table des négociations et bénéficiera de l’article 5, c’est-à-dire de l’assistance mutuelle des membres en cas d’agression. À noter également que Stockholm va désormais participer aux travaux l’Otan dans les domaines du renseignement mais aussi du nucléaire. Ce point constitue un véritable tournant, puisque jusqu’ici, le pays menait plutôt une diplomatie du désarmement.

Un vrai soulagement pour les pays baltes

Cette intégration de la Suède était très attendue dans les pays baltes. Les deux rives de la mer Baltique font désormais partie de l’Alliance et sur la rive Est, ils se sentent désormais bien plus en sécurité. Le parlement lituanien avait ratifié l’adhésion de la Finlande et de la Suède le 20 juillet 2022, c’est-à-dire il y a un an et demi. Lors du vote, le ministre lituanien des Affaires étrangères avait dit qu'avec ce renforcement de la région, ils "tenaient là, l’une des plus grandes victoires contre la Russie de Poutine".

Aujourd’hui, ce vœu est concrétisé et les déclarations de tous les leaders politiques exprimaient hier un soulagement. "Les tentatives de chantage de la Russie pour éloigner la région de l’Otan ont échoué", a par exemple dit Kajas Kallas, la Première ministre estonienne. Comme on aime à le répéter là-bas, la mer Baltique est désormais un "lac de l’Otan", puisque tous les pays riverains en font partie, à l’exception de la Russie. Cette mer, qui séparait les deux blocs Ouest et Est lors de la guerre froide, n’est désormais plus une mer qui divise, mais qui rapproche. Une nouvelle ère s’ouvre donc en mer Baltique. Et le maître-mot maintenant, c’est l’entraide, la coopération.

Des kilomètres de côtes à surveiller

La Suède avait d’ores et déjà annoncé, qu’une fois membre, elle enverrait 600 militaires en Lettonie pour servir au sein du bataillon multinational de l’Otan. Pour rappel, ce bataillon est présent depuis 2017 et dirigé par les Canadiens. Le ministre letton de la Défense a dit attendre cette arrivée avec impatience. L'intégration de la Suède et de sa flotte permettra aux fonds marins de la Baltique d'être bien mieux surveillés. On se rappelle des câbles qui avaient été récemment endommagés dans le golfe entre la Finlande et l’Estonie.

Les pays baltes ont de longs kilomètres de côtes, qui atteignent même 3 800 km pour l’Estonie. Ce pays, qui compte de nombreuses îles, ne possède aucun sous-marin. La Suède, en revanche, en dispose, avec toutes les connaissances qui vont avec. Si les Baltes et la Suède coopéraient déjà militairement, le fait d’être désormais tous dans la même alliance va accélérer les échanges d’information, notamment les informations classifiées. La sécurité se renforce donc dans la région. Cela rassure alors que la machine de guerre de la Russie continue de tourner à plein régime.

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