Guerre en Ukraine : les pays scandinaves continuent leur soutien militaire tandis que le Japon pense à l'après-guerre.

Après deux ans de guerre en Ukraine, la question de la poursuite de l’aide internationale se pose à tous les pays. La Suède vient d'annoncer une aide d'un montant record de 633 millions d'euros, alors que le Japon se prépare à la reconstruction du pays. Explications, sur place, de nos correspondants.
Article rédigé par franceinfo - Carlotta Morteo ; Karyn Nishimura
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, aux côtés du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 23 février. (MADS CLAUS RASMUSSEN / RITZAU SCANPIX)

Alors que l'Ukraine entre dans sa troisième année de guerre contre la Russie, ce 24 février 2024, la mobilisation internationale pour le pays se poursuit, à l'image de la Suède, qui comme les autres pays scandinaves, fait partie des plus importants soutiens de Kiev. Le 20 février, Stockholm a annoncé un quinzième paquet d'aide militaire à l’Ukraine, d'un montant record pour le pays, de 7,1 milliards de couronnes, soit 633 millions d'euros. Le Danemark participe financièrement et matériellement à l'effort de guerre, tandis que le Japon songe déjà à l’après-guerre, à la reconstruction et aux moyens qu’il faudra alors déployer.

Du matériel, des chars et des navires envoyés par la Suède

En plus des 30 chars militaires dernier cri, Stridsfordon 90, qui sont envoyés conjointement avec le Danemark, la liste d'aide inclut plusieurs systèmes de missiles sol-air, et la Suède offre pour la première fois, des navires militaires. 10 bateaux de combat, 20 pour le transport de troupes et de matériel, conçus pour naviguer dans des eaux peu profondes, d’un mètre de fond, qui devraient donc être utiles en Ukraine notamment sur les rivières. L'autre nouveauté est un système de missiles antichars, qui va être envoyé, ainsi que des grenades à main, des mines sous-marines et des torpilles, pour renforcer les capacités navales de Kiev. Le tout devrait arriver d’ici quelques semaines en Ukraine.

Financièrement, la Suède a également investi plus de 175 millions d’euros pour produire des obus d’artillerie, des munitions dont l’Ukraine manque cruellement. Stockholm a fait du soutien à Kiev la priorité de sa politique étrangère, considérant que si la Russie gagne, elle pourrait, à terme, tester la solidité de l’OTAN dans son voisinage, en attaquant les pays baltes ou la Finlande, ce qui attirerait inévitablement la Suède, dans un conflit régional.

Le Danemark investit aussi dans l'effort de guerre

Copenhague y consacre 2,4% de son PIB et c'est quatre fois plus que la Suède, par exemple, qui consacre 0,5% de son PIB à l’aide militaire, et 0,5% à l’aide humanitaire. C'est également bien plus que la France, dont l’aide bilatérale s’élève à 0,07% de sa richesse intérieure. En l’occurrence, le Danemark est le deuxième pays au monde à avoir le plus dépensé pour l’Ukraine par rapport à son PIB. Le premier étant, l’Estonie, qui a engagé l’équivalent de 3,6% de son économie dans la défense ukrainienne, s'ensuit la Lituanie, la Norvège et la Lettonie.

Le Danemark, avec les Pays-Bas, a promis l'envoi d'avions de chasse F16 et six avions devraient décoller cet été, dès que les pilotes ukrainiens auront fini leur formation. Les 10 autres F16 arriveront d'ici 2025. Le pays a également pris l'initiative d'envoyer l'intégralité de son stock de munitions à Kiev et c'est le premier à le faire. La Première ministre danoise Mette Frederiksen estime que les Européens ne peuvent pas se permettre d’attendre que la production augmente, puisque l’Union européenne a admis qu’elle ne réussira à fournir que la moitié des obus d’artillerie qu’elle avait promis à l’Ukraine d’ici le mois de mars.

Les dernières prédictions du renseignement danois sont d'ailleurs plutôt sombres. Le pays considère que la Russie va tenir dans la durée, et aura les ressources, dans 5 ans à peine, d'ouvrir un deuxième front.

Le Japon se préoccupe de la reconstruction ukrainienne

Le 19 février 2024, le Japon organisait une conférence pour commencer à échafauder des plans et partenariats en vue de reconstruire l’Ukraine dévastée et de réactiver son économie. Le pays veut d’abord montrer qu’il est partie prenante et qu’il est engagé aux côtés de l’Ukraine, mais comme sa constitution lui interdit de fournir des armes, il s’en est tenu jusqu’à présent à des équipements paramilitaires tels que des casques ou des gilets pare-balles, des soutiens humanitaires et financiers.

Il veut désormais prendre une longueur d’avance dans la suite du processus en mobilisant aussi le secteur privé, comme l’a expliqué le Premier ministre Fumio Kishida. "Le Japon veut faire bloc pour utiliser le savoir-faire de ses entreprises dans la reconstruction post-conflit ou post-désastre au service de l’Ukraine, a-t-il déclaré. Bien sûr, cela ne concerne pas que les gros industriels. La porte sera aussi ouverte aux petites et moyennes sociétés dotées de technologies performantes." En tout, quelque 56 accords ont déjà été paraphés entre les deux pays dans le but de concrétiser ces promesses le moment venu.

Des critiques sur les raisons de la conférence

Nul ne sait quand et comment se terminera cette guerre. La tenue de cette conférence, dite de promotion de la reconstruction et de la croissance économique de l’Ukraine, a d’ailleurs suscité des réactions négatives y compris au sein de la formation de droite au pouvoir, le PLD, Parti libéral démocrate que dirige le Premier ministre Fumio Kishida.

Le malaise vient d’abord du fait que la conférence s’est tenu sous l’égide du Keidanren, la plus grosse fédération économique patronale du Japon, et certains y voient surtout une volonté des entreprises de placer leurs pions en Ukraine pour y obtenir des marchés.

Ensuite, le Japon met en avant son savoir-faire en termes de reconstruction post-désastre, mais dans le même temps, les secours et la reconstruction sont actuellement à la peine dans la péninsule de Noto au centre ouest du Japon où se sont produits une série de séismes et un tsunami destructeurs le 1er janvier 2024. De plus, d’aucuns estiment que le Japon dont la population vieillit et diminue n’a pas nécessairement les ressources pour s’impliquer à ce point à l’étranger.

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