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Les États-Unis et en Malaisie face à la pollution plastique des océans

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction les États-Unis et la Malaisie, deux pays concernés par la pollution aux microplastiques des océans. 

Article rédigé par franceinfo - Gabrielle Maréchaux et Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Un sac plastique flottant dans l'océan Indien. (OLIVIER MORIN / AFP)

Près de 9 millions de tonnes de plastiques finissent chaque année à la mer. Cette pollution est l'un des points abordés par le One Ocean Summit ou sommet international sur l’océan qui s’ouvre mercredi 9 février à Brest. D'où vient ce plastique et quelles peuvent être les conséquences de cette pollution ? Nous partons aux États-Unis et en Malaisie. 

Aux États-Unis, très peu de déchets pastiques sont recyclés 

Les derniers chiffres dont on dispose datent de 2016 mais ils sont accablants : les États-Unis, cette année-là, ont produit 42 millions de tonnes de déchets plastiques, selon un rapport commandé par le Congrès. 42 millions de tonnes, c’est deux fois plus que la Chine, c’est plus que l’ensemble des pays de l’Union européenne, alors que le pays ne représente que 5% de la population mondiale. Autre chiffre : 130 kg de débris plastiques sont produits par Américain et par an. C'est huit fois plus qu'un Chinois, trois fois plus qu'un Français.  

Difficile de connaitre la proportion exacte de ces déchets qui se retrouve dans les océans, mais la situation ne s'améliore pas. Le rapport du Congrès préconise l'instauration, par exemple, d'une limite de production pour les plastiques non recyclables, mais les lobbys freinent des quatre fers. Actuellement, 10% seulement des déchets plastiques sont recyclés aux États-Unis, contre 25% dans l’Union européenne. Le reste est enfoui ou incinéré. Les initiatives prises par certains États américains, comme la fin des sacs plastiques à usage unique par exemple, sont très limitées.

Le président Joe Biden a tout de même fait voté son plan d'Infrastructures, dans lequel 350 millions de dollars sont alloués à cette filière recyclage défaillante. Une goutte d'eau, même si le président affiche son intérêt pour les questions environnementales, à l'inverse de son prédécesseur Donald Trump. Pour que les choses avancent, il faudrait que le Congrès, divisé, ne bloque pas ses projets comme c'est le cas en ce moment. 

En Malaisie, des microplastiques présents à tous les niveaux de la chaîne almentaire

La pollution plastique est désormais bien connue des habitants de ce pays d'Asie du Sud-Est, qui fait partie des dix pays les plus touchés par cette menace, derrière des pays plus peuplés ou moins développés. 
Su la côte est du pays, particulièrement connue pour ses plages et archipels sublimes, le fléau des microplastiques est scruté de près par le Microplastic Research Interest Group de l’université malaisienne du Terengganu.

Cette équipe de chercheurs a montré notamment que les microplastiques sont ingérés à tous les niveaux de la chaîne alimentaire de cette région où les gens consomment quotidiennement poissons et fruits de mer. D’abord chez les vers marins polychètes dont les tubes digestifs sont contaminés, puis chez les poissons et crabes qui les mangent, et ensuite chez l’homme. Cette dernière découverte a été possible grâce à l’analyse de tissus humains prélevés après des chirurgies d’ablation du côlon. "Personne ne voulait nous croire au début", raconte le gastro-entérologue de l’équipe, le Dr Lee.

"Nous avons trouvé en moyenne 300 particules de microplastiques dans chaque colon. Et l'on sait qu’elles peuvent libérer des substances, qui peuvent causer des troubles inflammatoires des intestins et des cancers."

Dr Lee, gastro-entérologue au Microplastic Research Interest Group

Ces microplastiques sont eux-même toxiques. Mais ils peuvent aussi attirer d'autres substances potentiellement nocives comme des métaux lourds, selon le Dr Wan, le chimiste de l'équipe."A cause de propriétés hydrophobes communes, ils s’agglomèrent ensemble dans l’eau, où ils ne sont pas fait pour rester."

La découverte de la présence de plastiques dans les colons de certains Malaisiens a soulevé de nombreuses questions toujours sans réponse : combien de temps ces microplastiques peuvent-ils rester dans le système digestif humain ? Viennent-ils tous des écosystèmes marins ? Peut-on faire un lien avec la recrudescence globale et assez mystérieuse de cancer du côlon parmi la jeunesse ?

La pollution des écosystèmes n’est pas prête de s’arrêter en Malaisie, notamment au vu des importations massives et illégales de déchets toxiques provenant du monde entier qui submergent le pays.

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