Le pacte européen sur la migration et l’asile vu d'Italie, de Grèce et de Hongrie

Les eurodéputés et les représentants de 27 ont trouvé mercredi un accord pour réformer le système migratoire européen. Cet accord durcit les règles contre l'immigration illégale.
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
L'Union européenne s'est accordée pour réformer son système migratoire. Photo d'illustration. (LUIS DIAZ DEVESA / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Les eurodéputés et les représentants des États européens ont approuvé, mercredi 20 décembre, le pacte sur la migration et l’asile, qui définit de nouvelles règles : contrôle renforcé des migrants à l’arrivée, centres fermés près des frontières pour l’expulsion plus rapide des déboutés du droit d’asile et solidarité obligatoire entre États membres. Comment cet accord est-il accueilli dans les différents pays européens ? Franceinfo a fait un tour en Italie, en Grèce et en Hongrie.

"C’est un grand succès pour l’Europe et pour l’Italie", a écrit le ministre de l’Intérieur italien Matteo Piantedosi. Cela fait des mois que Rome plaide pour le mécanisme de solidarité. Mais, paradoxalement, et faisant écho au débat en France autour du projet de loi immigration, l’Italie, qui a besoin d'immigration de travail, promet un titre de séjour à 450 000 personnes dans les trois ans. Giorgia Meloni, qui a promis de stopper l’immigration illégale, ouvre comme jamais depuis dix ans les vannes de l’immigration de travail.

Athènes se satisfait de la réforme migratoire adoptée à Bruxelles

Depuis le début de l’année, 44 900 demandeurs d’asile sont arrivés en Grèce. Un chiffre en constante augmentation. Voilà des années qu’Athènes demande une réforme de la politique migratoire européenne plus solidaire. Le Premier ministre grec, le conservateur Kiriakos Mitsotakis, a salué cette réforme comme "une réponse européenne importante au grand effort national visant à mettre en œuvre une politique migratoire juste mais stricte". Il a toujours défendu cette idée de politique migratoire stricte mais juste. Pour Athènes, cet accord est aussi la preuve que cette politique appliquée depuis quatre ans était la bonne.

Cette politique grecque consiste à garder les frontières du pays en limitant les arrivées de migrants, mais aussi à les secourir s’ils sont en péril tout en rendant plus difficile l’octroi du statut de réfugié. Les ONG ont plusieurs fois accusé Kiriakos Mitsotakis de procéder à des refoulements illégaux, ce qu’il a toujours nié. Désormais, les nouveaux arrivants sont dirigés vers des centres d’accueil durant l’examen de leur dossier, des centres interdits à la presse qui sont des lieux d’enfermement selon les ONG.

Mais il y a eu récemment des changements dans la politique migratoire grecque. Tous les sans papiers qui n’ont pas de travail seront expulsés, et ceux qui en ont et qui sont en Grèce depuis trois ans peuvent rester tant qu’ils ont un emploi pour trois ans. Cette mesure doit pallier un manque de main-d’œuvre dans le bâtiment et le secteur agricole. 30 000 migrants vont bénéficier de cette nouvelle mesure.

La Hongrie rejette totalement ce nouveau pacte européen

La Hongrie n’a, elle, pas pu s’opposer au vote sur le Pacte, qui avait lieu à la majorité qualifiée. "Nous rejetons ce pacte migratoire avec force. Nous ne laisserons entrer personne contre notre volonté", a déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto, dès l'accord conclu.

Ce n’est pas très surprenant, cela fait plusieurs années que le Premier ministre nationaliste Viktor Orban refuse d’accueillir les réfugiés et les migrants. Mais en principe, la Hongrie ne peut pas bloquer l'application de cet accord et ne peut pas refuser de recevoir des réfugiés qui seraient, par exemple, relocalisés de la Grèce vers la Hongrie. L’accord s’applique à tous les États membres, qui ont le choix entre deux options : soit accepter des réfugiés chez eux, soit contribuer financièrement à hauteur de 20 000 euros par migrant. Mais il n’y a pas de troisième choix au menu.

Si la Hongrie refusait toute solidarité avec les autres pays, on pourrait imaginer que la Commission européenne lance une procédure d’infraction contre Budapest, ce qui ne serait pas la première fois. À la fin, la Hongrie serait sans doute condamnée par la justice européenne, mais cela permettrait à Budapest de jouer la montre.

C’est en grande partie grâce à son discours anti-migrants que Viktor Orban a gagné plusieurs élections. À la télévision publique, et dans les nombreux médias du clan d’Orban, on entend dire tous les jours que les migrants sont des terroristes. C’est de la propagande, avec des reportages bidon. Mais les électeurs de Viktor Orban y croient. Il n’y a pas de raison que le Premier ministre change de discours, parce que c’est son fonds de commerce.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.