Journée internationale des réfugiés : l'ONU publie une enquête d'opinion positive tandis que les Soudanais fuient de plus en plus vers l'Égypte

Ce jeudi 20 juin a lieu la Journée internationale des réfugiés et à cette occasion l'ONU publie les chiffres rassurants d'une enquête d'opinion sur le sujet. Mais la situation ne va pas mieux partout, les Soudanais continuent de fuir vers l'Égypte à cause de la guerre civile.
Article rédigé par Jérémie Lanche - Edouard Dropsy
Radio France
Publié Mis à jour
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Des milliers de Soudanais fuient le pays à cause de la guerre civile. (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET)

À l'occasion de la journée internationale des réfugiés, le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés publie un sondage à propos de la migration. Les chiffres indiquent que pour les trois-quarts de la population mondiale, il est tout à fait normal de chercher refuge à l'étranger en cas de guerre ou de persécutions. Parmi les guerres oubliées, le Soudan vit une des crises majeures de ces dernières années. Depuis le 15 avril 2023 et le début de la guerre civile, ce sont plus de 6 millions de Soudanais qui sont déplacés à l'intérieur du pays et 1,5 million qui ont fui à l'étranger. L'Égypte, pays voisin, a accueilli plus de 500 000 d'entre eux, mais très rapidement, Le Caire a durci ses conditions d'entrée.

L'Égypte et ses difficultés d'accueil

Après le début du conflit au Soudan, l'Égypte a ouvert ses portes à son pays frère, mais face à l'arrivée massive de réfugiés, le pays est revenu sur ses accords bilatéraux. Ces derniers permettaient aux Soudanais de se rendre chez leur voisin comme ils le souhaitaient, mais en juin 2023, Le Caire a fait volte-face.

Les Soudanais sont désormais obligés de demander un visa pour fuir les combats. Pour cela, ils doivent se rendre au consulat d'Égypte à Port Soudan, le dernier bastion de l'armée régulière du général Buhran. Le coût du visa est de 1 500 dollars pour une personne, donc les tentatives de passer illégalement la frontière se multiplient.

C'est le cas d'Ahmed, qui a dû passer plusieurs jours dans le désert avec sa femme et ses quatre enfants avant d'être secouru. "On s'est perdus pendant trois jours, sans nourriture, sans eau, sans rien du tout, détaille-t-il. On a marché 10 kilomètres et on était affamés et assoiffés. On a vraiment cru qu'on allait mourir."

Une fois arrivé sur place, c'est un nouveau parcours du combattant pour se faire enregistrer en tant que demandeur d'asile. Le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés est totalement débordé, alors que plus de 2 000 Soudanais se rendent chaque jour au bureau d'enregistrement après au moins quatre mois d'attente.

Ils ne peuvent pas officiellement travailler et ils sont victimes de la hausse des prix des loyers pratiquée par les propriétaires égyptiens. Il n'est pas rare pour un Soudanais de payer un tiers plus cher qu'un Égyptien, le prix de son logement. En plus de cela, ils sont des milliers à se faire expulser par les autorités égyptiennes, contre toute forme de droit international. L'ONG de défense des droits de l'homme Amnesty International vient d'ailleurs de publier un rapport accusant Le Caire de ces pratiques d'emprisonnement et d'expulsion vers un pays en guerre.

Des chiffres positifs envers les réfugiés

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a réalisé avec l'institut IPSOS une enquête d'opinion sur la question des réfugiés. Ils ont interrogé 33 000 personnes dans une cinquantaine de pays, ce qui la rend très complète. La conclusion principale est, que malgré les tensions internationales et la montée des discours populistes et xénophobes, la figure du réfugié suscite toujours de l'empathie.

"On entend parler de murs, de frontières fermées, de renvois, d'externalisation de la demande d'asile dans des pays tiers, mais la réalité, c'est que la plupart des gens sont raisonnables et pragmatiques, explique Dominic Hyde, du Haut Commissariat. Ils savent qu'en d'autres circonstances, cela pourrait être eux qui devraient fuir."

L'appui aux réfugiés est particulièrement fort au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, où un tiers des sondés dit avoir, fait des dons à des associations ou relayé des messages de soutien sur les réseaux sociaux.

Les chiffres montrent tout de même une forme de scepticisme envers les réfugiés, en particulier en Europe où 39% des interrogés estiment que les réfugiés vont réussir à s'intégrer dans leur pays. Ils sont 51% à le penser en Amérique du Nord et 66% en Afrique. 37% des Européens pensent également que les réfugiés représentent un apport pour leur pays, que ce soit pour le marché du travail, pour l'économie et pour la vie culturelle.

Il y a de grandes disparités à l'intérieur même de l'Europe, entre la Hongrie, qui est très réticente à l'installation des migrants et la Suède et l'Irlande, qui sont beaucoup plus tolérantes. La France est dans la moyenne basse, mais ce qui ressort surtout de cette enquête, c'est l'écart monumental entre les pays du Nord où la question migratoire, souvent instrumentalisée, peut susciter un mouvement de rejet et les pays dits du Sud.

En Ouganda, le premier pays hôte en Afrique, 73% de la population pense que les réfugiés ont un impact positif sur leur pays. Cet exemple ne doit pas être idéalisé, mais il vient rappeler que la question des réfugiés est avant tout une question de pays pauvre ou en voie de développement, parce que ce sont eux qui accueillent les trois-quarts de tous les réfugiés dans le monde.

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