Au Soudan, une crise humanitaire sous les radars

En avril dernier, l'ONU alertait que le Soudan est aujourd'hui l'une des "pires catastrophes humanitaires, la pire crise de déplacés et bientôt la pire crise de la faim au monde".
Article rédigé par franceinfo - Paul Lorgerie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un camp de réfugiés à Juba, dans le sud du Soudan, en janvier 2024 (IMAGO/FLORIAN GAERTNER / MAXPPP)

La situation en catastrophique au Soudan. Près de dix millions de déplacés pris au piège dans des affrontements meurtriers ayant fait près de 15 000 morts en un an, une aide humanitaire insuffisante, une famine qui menace 18 millions de personnes dont 3,6 millions d'enfants... Et pourtant, sa couverture, tant sur le plan des besoins que sur le plan médiatique, est quasi inexistante.

Sur les 2,7 milliards de dollars demandés par les bailleurs humanitaires, seulement 12% ont été débloqués le mois dernier et ce, malgré l'organisation d'une conférence internationale sur la situation, qui s'était tenue à Paris en avril dernier et à laquelle Emmanuelle Macron avait pris part. Il y avait d'ailleurs annoncé que la France apporterait une aide humanitaire de 110 millions d'euros en 2024.

Tous les regards sont tournés sur des crises comme Gaza et l'Ukraine

Mais d'autres paramètres expliquent cette invisibilité médiatique : les accès à internet et aux communications ont été drastiquement restreints au Soudan, et l'accès au terrain est aujourd'hui très compliqué pour les journalistes. Le pouvoir militaire en place depuis le coup d'Etat d'octobre 2021 ayant été divisé en deux clans qui s'affrontent aujourd'hui, la délivrance des visas et accréditations est au point mort. Pour d'autres raisons, les humanitaires sont aussi à la peine. Dernier exemple en date, le week-end dernier, des hommes en armes sont entrés dans un hôpital soutenu par l'ONG Médecins sans frontières, forçant les humanitaires à évacuer vers le Tchad voisin. 

Rien ne laisse présager une sortie de crise prochaine. Des discussions avaient été engagées l'année dernière en Arabie saoudite. Elles sont depuis un lointain souvenir et les combats touchent de plus en plus de villes et réveillent de vieilles rancœurs communautaires, notamment au Darfour. Inquiet, le procureur de la Cour pénale international, Karim Khan, a d'ailleurs annoncé mardi dernier lancer des enquêtes dans cette région de l'ouest du pays.

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