Inflation en Europe : l'emblématique litre d'huile d'olive coûte 8 euros en Espagne et atteint 15 euros en Grèce

Les perspectives liées à l'inflation s'améliorent en Espagne, mais la Grèce sombre dans des augmentations compliquées à vivre et à comprendre… Nos correspondants sur place décrivent la situation.
Radio France
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L'Espagne, source de la moitié de l'approvisionnement mondial en huile d'olive, a signalé une baisse de sa production de 48% selon un rapport fin 2023. (BRANDON BELL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP)

En Espagne, les perspectives par rapport à l'inflation s’améliorent un peu. L’année 2023 a été dure mais en 2024, les prix augmenteront moins vite. En revanche, pour les Grecs, la nouvelle année commence comme elle s’est terminée 2023, dans la morosité, avec une avalanche d’augmentation, plus compliquées les unes que les autres.

Le gouvernement prolonge ses coups de pouce en Espagne

En Espagne, alors que l'inflation en 2022 avait grimpé jusqu'à 8,4%, ce qui avait entraîné une énorme répercussion sur les prix, elle était redescendue à 3,5% en 2023, ce qui est encore beaucoup. La prévision de la Banque d’Espagne pour 2024 est de 2,3%, un chiffre un peu plus raisonnable. Bien sûr, les augmentations de prix ne touchent pas les produits de la même façon, notamment dans l’alimentation. La plus spectaculaire hausse concerne l’huile d’olive, alors que le pays produit près de la moitié de la production mondiale. On ne trouve pas de bouteille d’un litre à moins de 8 euros, alors qu’avant l’invasion de l’Ukraine, on était autour de 3 euros. Comme les récoltes n’ont pas été bonnes, ça ne devrait pas s’améliorer cette année.

Le gouvernement a décidé de prolonger ses coups de pouce en 2024. Le chef de l’exécutif, Pedro Sánchez, à l’issue du dernier Conseil des ministres, il y a une semaine, a annoncé "l’extension, au premier semestre 2024, de la TVA à 0% sur les aliments de première nécessité et à 5% sur les pâtes et sur l’huile". Mais cette bonne nouvelle est compensée par une mauvaise. Les taxes sur l’énergie, elles, vont progressivement retrouver leurs taux habituels en 2024, après une longue période de ristourne.

Crise du logement espagnol

Quant aux autres postes de dépense emblématiques, comme l’immobilier, il n'y aura pas de baisses à l'achat, comme on peut le voir dans plusieurs villes françaises. En Espagne, depuis l’explosion de la bulle immobilière en 2008, les prix remontent plus ou moins vite dans les grandes villes comme Madrid ou Barcelone. Par contre, la moitié des propriétaires espagnols qui paient leur crédit à taux variable vont pouvoir se réjouir. En 2024, leurs mensualités devraient enfin redescendre.

Avec les taux d'emprunt encore élevés, de nombreux Espagnols se tournent vers la location, mais l’offre est rare en Espagne et les prix explosent dans les grandes villes. Les locataires sont contraints de chercher toujours plus loin du centre-ville. Le gouvernement a mis en place des limitations aux augmentations de loyer pendant la durée du bail. Ces augmentations seront limitées à 3% maximum en 2024, mais c’est souvent reculer pour mieux sauter. À la fin du bail, de très fortes hausses sont souvent rapportées par les locataires.

Côté transport, Pedro Sánchez a annoncé une autre bonne nouvelle : la gratuité des trains régionaux et des trains de banlieue sera prolongée, pour les usagers fréquents, sur toute l'année 2024. Et dans les villes, des ristournes de 50% pour les bus, métro, tramway, seront également reconduites.

Des procédés fumeux pour augmenter les prix de l'électricité en Grèce

Face à l'inflation, les Grecs, eux, ne s’en sortent pas, notamment dans le secteur de l’électricité. La DEI, l’équivalent grec de l’EDF, a mis en concurrence, à partir du 1er janvier, cinq fournisseurs privés qui correspondent à autant de programmes de consommation. Il y en a pour les gros consommateurs, pour ceux qui consomment à certaines heures précises, pour les entreprises, les familles de quatre enfants, celles qui en ont plus, celles qui en ont moins, les personnes seules… Plus on consomme, plus le prix du kilowatt augmente, c’est un véritable casse-tête chinois.

Les consommateurs qui n’ont pas pu choisir ont été arbitrairement placés sur le programme "vert". Sans bien comprendre à quoi il correspond, ces consommateurs sauront le mois prochain combien il coûte ! Par ailleurs, le forfait de base est passé de 3 à 5 euros, sans discussions.

Des hausses de 50 à 70% dans l'alimentation grecque

Par ailleurs, dès le 31 décembre au soir, les péages, qui sont déjà parmi les plus chers d’Europe, ont encore augmenté alors que le réseau autoroutier est loin de s’être amélioré. Ils sont pratiquement incontournables pour sortir d’Athènes, de Thessalonique, même dès la frontière, pour entrer dans le pays. C’est un peu à l'image de la corruption qui sévit dans le secteur du BTP. Par exemple, il y a 11 péages de différents concessionnaires sur l’axe d’Athènes-Thessalonlique, soit 550 kilomètres.

En ce qui concerne l'alimentation, les prix augmentent aussi. Ils galopent même. Selon les derniers sondages, ils ont augmenté d'au moins 50% depuis un an, avec une très forte augmentation ces derniers mois : plus de 70% pour certains produits proposés à Noël. L'huile d’olive, denrée de base dans la nourriture grecque, a augmenté de 50 à 70%. Elle atteint désormais 15 euros le litre. Cette augmentation est la plus forte de ces 25 dernières années. Et cela touche les Grecs au plus profond d’eux-mêmes, car l’huile d’olive est vraiment un élément du quotidien, qui touche toute la population, du plus riche au plus pauvre.

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