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Droit de vote à 16 ans : proposé par Anne Hidalgo, il est déjà une réalité en Autriche et à l’étude en Italie

Le club des correspondants revient sur l’opportunité d’avancer de deux ans le droit de vote en France, soulevée par Anne Hidalgo. La mesure est loin d’être originale en Europe. En Autriche, le vote à 16 ans est appliqué depuis 2007, alors qu'en Italie l’idée a été lancée il y a deux ans.

Article rédigé par franceinfo - Isaure Hiace et Olivier Tosseri, éditée par Ariane Schwab
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Publié Mis à jour
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Le vote à 16 ans existe depuis 2007 en Autriche (illustration). (DIETER NAGL / AFP)

Candidate socialiste à la présidence de la République, la maire de Paris Anne Hidalgo a proposé sur franceinfo le 25 octobre dernier d’abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans. Une manière selon elle de non seulement leur donner le droit de se prononcer sur leur avenir mais également de "prendre conscience de ce que cela signifie d'être dépendants des autres" et de la "fragilité de la démocratie". Qu’en est-il chez nos voisins européens ? En Autriche, le cap est passé depuis près de 15 ans, en Italie, on l’envisage.  

L’Autriche précurseure en matière de vote des jeunes

La réforme du droit de vote date de 2007. Depuis, les Autrichiens âgés de 16 ans peuvent voter à l’ensemble des élections, qu’elles soient locales, nationales ou européennes, ce qui fait de l’Autriche un pays pionnier en Europe. Cette réforme a été mise en place par une coalition entre les conservateurs et les sociaux-démocrates et fait plutôt consensus. Aucun parti politique ne la remet en cause, elle s’est ancrée dans le quotidien des Autrichiens.

Son but était d’augmenter l’intérêt des jeunes pour la politique et évidemment de lutter contre l’abstention. Et l’objectif semble atteint. Si l’on prend les élections législatives de 2008, les premières depuis la mise en place de cette réforme, on constate que le taux de participation des primo-votants était très important : 88 % d’entre eux déclaraient en effet être allés voter, selon une étude. Un départ très positif donc. Cinq ans plus tard, en revanche, ce chiffre chute à 63 % mais il remonte de nouveau lors des législatives de 2017, où 90 % des 16-17 ans affirmaient s’être déplacés pour voter. Il y a donc de fortes variations selon les années. Ce que les chercheurs s’accordent à dire c’est qu’abaisser l’âge de vote à 16 ans a bien permis de faire reculer l’abstention des jeunes mais que ceux-ci, de manière générale, restent un groupe qui vote moins que les électeurs plus âgés. Un bilan donc contrasté.   

Selon la plupart des chercheurs, c’est parce que cette mesure n’a pas été accompagnée d’autres, jugées nécessaires. Il y a, selon eux, un vrai besoin de pédagogie, de mieux expliquer aux jeunes la manière dont la politique fonctionne et le rôle qu’ils peuvent jouer dans la vie politique autrichienne afin de les y intéresser davantage et les inciter à  y participer. Certains spécialistes ajoutent d’ailleurs que les partis eux-mêmes ne s’intéressent pas suffisamment à ce groupe d’âge car ces derniers représentent une faible proportion de votants.    

En Italie, une idée plébiscitée mais qui tarde à être appliquée

En Italie, le leader du Parti Démocrate et ancien président du conseil Enrico Letta avait fait cette proposition du vote à 16 ans en 2019 dans les  colonnes du quotidien La Repubblica. Elle sonnait à première vue comme une provocation. Dans un pays où la crise démographique sévit, avec l'une des populations les plus âgées d'Occident, pourquoi ne pas permettre aux jeunes de voter dès l'âge de 16 ans ? Il suffirait pour cela d'une réforme constitutionnelle, qui pourrait être menée en à peine douze mois.  

La proposition avait été accueillie favorablement par Giuseppe Conte alors président du conseil mais aussi par le M5S et même par Forza Italia de Silvio Berlusconi. D'un point de vue numérique, cela ne représenterait en effet qu'un peu plus d'un million de nouveaux électeurs, soit 2 % environ du corps électoral. Tous les partis, de la Ligue au M5S en passant par le Parti démocrate, sont convaincus d'obtenir leurs futurs suffrages. Pour l'instant, aucune étude n'a été menée sur leur orientation politique.  

Et pourtant, la proposition est restée lettre morte. La grave crise démographique que traverse l’Italie va encore accroître le poids des électeurs âgés qui est aujourd'hui prépondérant. Pour de nombreux observateurs de la vie politique italienne cela explique que les politiques proposées et mises en œuvre le soient à court terme. Les partisans de l’abaissement de l’âge de la majorité estime que cette mesure permettrait de renforcer la démocratie, l'attachement à la citoyenneté, mais aussi d'imposer dans le débat public les thèmes de l'écologie, de l'Europe et de l'innovation technologique. Des sujets chers aux forces vives du pays. La seule limite d'âge qui a été modifiée est celle pour élire les sénateurs. Elle a été abaissée de 25 à 18 ans.

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