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De quel arsenal nucléaire sont dotés la Chine et la Russie ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction la Chine et la Russie qui continuent de développer leur arsenal nucléaire.

Article rédigé par franceinfo - Sébastien Berriot, Paul Gogo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le sous-marin nucléaire d'attaque Long March 15 dans la ville portuaire orientale de Qingdao, le 23 avril 2019. (KYODO / MAXPPP)

Les cinq pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France) se sont engagés, lundi 3 janvier, à "prévenir la poursuite de la dissémination" des armes nucléaires, dans une déclaration commune. Mais cela n'empêche pas les puissances de développer leur arsenal nucléaire, comme la Chine et la Russie.

La Chine assure qu'elle va continuer à moderniser ses armes nucléaires

Il n'y a pas de chiffres officiels sur le sujet, difficile d'avoir une idée précise. Ce que l'on sait, c'est que le programme nucléaire chinois sur le plan militaire est ancien. Lancé par Mao Zedong dans les années 50, il s'est évidemment depuis beaucoup développé. Selon des estimations données par l'institut de recherche sur la paix de Stockholm qui fait référence sur le sujet, la Chine détient aujourd'hui un total de 350 armes nucléaires. Cet arsenal est infime comparé aux plus de 5 000 armes détenues par les États-Unis. C'est d'ailleurs un argument de Pékin qui dit : "Nous n'avons pas vocation à rejoindre les discussions russo-américaines sur la réduction des armes nucléaires, parce que notre arsenal en quantité n'a rien à voir avec celui de Washington ou Moscou."

Mais cela n'empêche pas la Chine d'avancer et de progresser sur le sujet. C'est d'ailleurs ce que confirme Pékin de manière implicite en expliquant que les armes nucléaires vieillissent et qu'il faut les moderniser. La recherche est donc très active sur le sujet. Selon des médias britanniques et américains, la Chine a aujourd'hui atteint un haut niveau d'expertise dans des missiles dits hypersoniques, avec une trajectoire plus imprévisible et capable de transporter des têtes nucléaires et de lancer des projectiles.

Selon un rapport du Pentagone qu'il convient quand même de relativiser, Pékin aurait un objectif d'arriver à 1 000 têtes nucléaires d'ici 2030. La Chine tente de son côté de rassurer. "La Chine a toujours maintenu une stratégie nucléaire de nature défensive et poursuivi une politique de non utilisation en premier des armes nucléaires, a déclaré le vice ministre des Affaires étrangères chinois Ma Zhaoxu. La Chine maintient sa force nucléaire au niveau minimum requis pour la sauvegarde de la sécurité nationale, c'est en soi une contribution importante à la stabilité stratégique mondiale." Le programme nucléaire chinois est en tout cas suivi de très très près par les puissances occidentales, dans un contexte très tendu en ce moment en mer de Chine méridionale et sur le sort de Taiwan.

En Russie, la dissuasion nucléaire est aussi en enjeu de politique intérieure

La Russie a signé cette déclaration commune du Conseil de sécurité des Nations unies mais pourtant, elle communique plus que jamais sur ses nouvelles armes toujours plus modernes, toujours plus puissantes. Le pays a l'un des arsenaux les plus fournis de la planète avec une estimation de 6 255 ogives nucléaires contre 5 550 pour les États-Unis, son éternel concurrent. Selon le chef d'état-major général de l'armée russe, 95% de l'arsenal nucléaire du pays est prêt à l'utilisation.

En 2018, Vladimir Poutine avait présenté un missile qualifié d'ultime, une arme capable de berner les radars de l'Otan. C'est un enjeu actuel. Mais bien souvent, ces annonces en grande pompe cachent une autre réalité : nombre des projets de missiles ultra performants annoncés par le Kremlin sont encore en phase de conception, parfois loin d'être opérationnels. Car la dissuasion nucléaire passe aussi par la communication. C'est aussi un enjeu de politique intérieure, de patriotisme. Vladimir Poutine use beaucoup de la rhétorique de la citadelle assiégée, d'une Russie entourée d'ennemis : les États-Unis, l'Otan, voire la Chine. Il lui est donc indispensable de se poser en défenseur de la patrie.

Résultat, il y a d'un côté les paroles, et de l'autre, il y a les actes. La Russie comme les États-Unis ne cessent de développer leur arsenal nucléaire, ce que dénonce d'ailleurs la Chine, qui justifie ainsi sa propre entrée dans la course. Le Kremlin affirme qu'il agit en réponse aux américains. Et les Américains disent la même chose de la Russie. Pourtant, le dialogue sur la question perdure entre les deux puissances. Quelques jours après son arrivée au pouvoir, Joe Biden s'est mis d'accord avec Vladimir Poutine sans grandes difficultés sur la question de la prolongation du traité de désarmement nucléaire qu'on appelle "New Start". Côté russe, c'est une façon pour Vladimir Poutine de montrer à ses concitoyens qu'il fait tout pour éviter la guerre.. alors même qu'il inquiète l'Occident en massant des troupes à la frontière ukrainienne, et que les médias russes évoquent régulièrement la possibilité d'utiliser les armes nucléaires du pays.

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