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Comment la Chine, les États-Unis et l'Irlande gèrent la quatorzaine à l'arrivée sur leur territoire

Une même actualité dans trois pays dans le monde : chaque jour dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, direction la Chine, les États-Unis et l'Irlande pour voir comment est gérée la quatorzaine à l'arrivée sur le territoire.

Article rédigé par franceinfo
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En Chine, les aéroports sont placés sous haute surveillance (illustration). (HECTOR RETAMAL / AFP)

Le conseil scientifique se dit favorable à la limitation de la durée d'isolement à sept jours au lieu de quatorze aujourd'hui quand on est infecté par le coronavirus ou qu'on est considéré comme un cas contact. Le gouvernement devrait trancher vendredi 11 septembre à l'issue d'un conseil de défense. Mais comment ça se passe ailleurs? Franceinfo vous conduit aujourd'hui en Chine, aux États-Unis, et en Irlande.

En Chine, un isolement strict

Pékin impose quatorze jours au minimum de quarantaine, dans des conditions très strictes, qui vous attendent dès que vous posez le pied en Chine, et ce, depuis la fin du mois de mars. Les rares personnes autorisées à revenir dans le pays, c'est-à-dire les détenteurs d'un passeport chinois et quelques étrangers munis d'autorisations de travail, sont dès l'aéroport envoyées dans des centres de quarantaine. Il est presque impossible de faire sa quarantaine à la maison. Ce sont des hôtels spécialement aménagés. À Pékin par exemple,  ces centres se trouvent dans des villes situées à proximité dont Tianjin à 150 km.

On ne plaisante pas avec la sécurité de la capitale : dépistage obligatoire à l'arrivée, puis à la fin de la quarantaine et prise de température deux fois par jour. Impossible de sortir de sa chambre pendant l'isolement, les repas sont déposés devant la porte par des hommes en tenue de cosmonaute. Et puis, cerise sur le gâteau, chaque journée de quarantaine est facturée entre 60 et 100 euros en fonction du centre ou de l'hôtel dans lequel vous êtes affectés. 

Même face à la chute très importante du nombre de nouveaux cas dans le pays, pas question pour les autorités d'alléger la procédure. Au contraire même, parce que les seuls malades du coronavirus enregistrés, ce sont justement des personnes qui arrivent de l'étranger. Ces personnes sont détectées lors de cette quarantaine. D'ailleurs, les compagnies aériennes ont pour ordre de demander un test aux voyageurs. Si plusieurs cas sont détectés, ces compagnies sont mises à l'amende et les vols annulés.

Aux États-Unis, pas de règle générale

Ce sont surtout les États de la côte Est américaine qui ont adopté les mesures les plus restrictives. Avec par exemple dans les États de New York, du New Jersey et du Connecticut des mesures de quarantaine imposées aux voyageurs qui arrivent de 35 autres États américains. La liste est actualisée tous les mardis. Si vous arrivez de l'un de ces 35 États, il faut vous déclarer, par exemple à l'aéroport, et on vous dira qu'il faut vous placer en quarantaine. Si vous ne le faites pas, il y a un risque d'amendes assez importantes : jusqu'à 2 000 dollars dans l'État de New York. Une fois en quarantaine, il y a quelques contrôles, notamment par téléphone, mais globalement, la mesure est plutôt incitative.

D'autres États sont encore plus sévères. À Hawaï, si vous ne respectez pas la quarantaine, vous risquez 100 000 dollars d'amende et jusqu'à un an de prison. Il faut donc faire très attention. Ça s'applique aussi bien aux ressortissants américains qu'aux touristes étrangers. Cet été, une vacancière originaire des Philippines, mais qui vit aux États-Unis, a été arrêtée alors qu'elle ne respectait pas cette quarantaine obligatoire sur une plage d'Honolulu. Les autorités l'ont repérée parce qu'elle avait posté des photos d'elle à la plage sur Instagram. Mika, c'est son prénom, a été condamnée à une amende de 575 dollars, un placement en liberté surveillée chez elle, en Alabama et elle est interdite de séjour à Hawaï le temps que va durer cette pandémie.

En Irlande, obligation morale mais pas légale

Il faut en Irlande, à l'arrivée à l'aéroport, remplir un formulaire. Une stratégie qui présente des limites. Déjà, les recommandations aux arrivants ne sont pas claires. Certains documents préconisent de se placer en auto-isolement pendant deux semaines et d'autres conseillent seulement de restreindre ses mouvements.  Ensuite, cette stratégie repose sur la confiance : la quatorzaine est une obligation morale, pas légale. Les contrôles concernent un voyageur sur dix. Ils sont effectués par téléphone et aucune sanction n'est prévue en cas de non-respect. Il semble qu'une grande partie des voyageurs joue le jeu, mais aucun chiffre n'est disponible sur le degré d'obéissance. À noter que moins de 3% des cas de Covid apparus cette semaine font suite à un voyage à l'étranger.

L'exécutif a admis que, légalement, il ne pouvait pas faire plus. L'Irlande a davantage la culture de la recommandation, de l'encouragement, plutôt que de l'obligation. Au mois d'août, le gouvernement a essayé d'exempter de quatorzaine les voyageurs revenant de pays où les taux de contamination sont similaires à l'Irlande, mais la remontée des cas a rendu cette liste inutile. La semaine dernière, au Parlement, le ministre des Transports a indiqué vouloir renoncer à la quatorzaine obligatoire. Trop dissuasive selon lui vis-à-vis du tourisme et des affaires dont l'économie irlandaise dépend. Le pays s'orienterait donc vers la mise en place de dépistages dans les aéroports, contre l'avis du conseil scientifique qui doute de l'efficacité des tests. Dépistages systématiques ou aléatoires? Ça reste à définir. Le projet de loi "Vivre avec le Covid" doit être présenté la semaine prochaine.

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