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Comment l'Espagne, Israël et l'Australie gèrent leurs confinement/déconfinement ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction Israël, l'Australie et l'Espagne où on se reconfine et redéconfine plus ou moins progressivement.

Article rédigé par franceinfo - Mathieu de Taillac, Frédéric Métézeau, Grégory Plesse
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Premier week-end de déconfinement à Barcelone le 9 mai 2020. Les plages sont ouvertes le matin pour les sportifs uniquement (sport individuel). (PIERRE BERTHUEL / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Le club des correspondants est en Israël, en Australie et en Espagne mardi pour voir comment le reconfinement et le déconfinement s'organisent dans ces pays. 

En Catalogne, un déconfinement en quatre étapes 

En Espagne, il n’y a pas eu de confinement à domicile pour la deuxième vague, mais tout de même de fortes restrictions à la mobilité ainsi que dans le commerce. Le déconfinement espagnol, c’est comme le confinement, c’est par régions. Et là où les choses sont les plus claires, c’est en Catalogne. À Barcelone et dans sa région, les restrictions vont être levées étape par étape. La Catalogne a appliqué des mesures strictes, elle a donc fort à faire pour déconfiner. Outre le couvre-feu pendant le week-end, les gens ne pouvaient pas sortir de leur commune, et puis les bars et les restaurants ont été fermés. Maintenant, il faut sortir de ces mesures, et cela se fait en quatre étapes de deux semaines chacune. Depuis lundi, les bars et restaurants ont pu ouvrir leurs terrasses et une partie de leurs salles mais seulement jusqu’à 21h30. Les espaces culturels, les salles de sports, et le petit commerce peuvent ouvrir, mais avec des restrictions. À chaque fois on peut ouvrir un peu plus longtemps, on peut accueillir un peu plus de clients. À Noël, par exemple les réunions seront autorisées jusqu’à 10 personnes, contre 6 actuellement. Et c’est seulement à la mi janvier, que, si tout va bien, les Catalans seront pour ainsi dire entièrement déconfinés.

Le schéma n'est pas identique dans toute l’Espagne. Comme les mesures de restrictions ont été assez différentes selon les régions, leur levée varie aussi. Le contre-exemple de la Catalogne, c’est sans doute la région de Madrid. Ici, les bars et restaurants n’ont jamais cessé d’être ouverts, les gens peuvent sortir de leur région et le couvre feu et le minimum légal, à partir de 23h. Pour le déconfinement, le gouvernement régional veut surtout multiplier les tests, pour, par exemple, que les personnes âgées puissent sortir de leurs maisons de retraites pour fêter Noël avec des personnes qui savent ne pas être touchées par le virus.

En Israël, on évoque un troisième reconfinement mi-décembre 

Direction Jérusalem où Israël a reconfiné un mois avant la France, mi-septembre. Le deuxième déconfinement est donc en cours mais il est beaucoup plus progressif que le premier. En mai c'était : "si le nombre de cas remonte, on referme". Aujourd'hui "si le nombre de cas baisse, on rouvre". En Israël il n'y a plus de limite d'un kilomètre pour se déplacer mais les magasins "non essentiels", les centres commerciaux, les cinémas, les salles de sport et les musées restent fermés. Ici, toutes les écoles avaient refermé mi-septembre rouvrent par étapes. Ce mardi matin les 6èmes et des 5èmes y sont retournés après les petits. La semaine prochaine ce seront les lycéens et encore une semaine après les collégiens.

Mais en Israël on évoque un troisième reconfinement mi-décembre pour limiter les déplacements lors des fêtes de Hanouka. Idem en Cisjordanie où l'on avait fait le pari de l'immunité collective et où presque tout était rouvert depuis l'été. L'autorité palestinienne vient de décréter à partir de jeudi soir un couvre-feu de 19h00 à 7h00 et pendant tout le weekend.

Y-a-t-il eu des ratés durant ce cycle reconfinement-déconfinement ? En Israël, dans les communautés des juifs ultra-orthodoxes et des Arabes, il y a eu des mariages ou des funérailles réunissant des centaines de personnes. Les ultra-orthodoxes ont rouvert leurs écoles selon leur calendrier sans écouter le ministère mais la police intervient très peu selon une enquête du journal de gauche Haaretz pour qui "les consignes viennent d'en haut" car le Premier ministre Netanyahou a besoin des députés religieux au Parlement. Plus globalement en Israël, l'ambiance est très tendue au sein du "cabinet corona". Comme partout, l'Economie et la Santé se disputent mais ici on est sous une coalition où les gens ne s'entendent pas. Les réunions sont interminables, parfois indécises quand elles ont lieu !

A Melbourne, des pertes économiques colossales mais plus de nouveau cas

Direction l’Australie, où la ville de Melbourne et ses cinq millions d’habitants ont été au coeur de la deuxième vague de coronavirus dans ce pays. Le confinement y a duré près de 4 mois et a eu un impact très lourd sur l’économie locale. Les pertes sont colossales. D’après un rapport commandé par la ville de Melbourne qui a été rendu public au mois de septembre, plus de 75 000 personnes ont perdu leur emploi rien que cette année, et on arrive même à 250 000 personnes qui sont désormais au chômage à l’échelle de l’Etat du Victoria. Les conséquences sur l’économie aussi sont énormes. D’après le même rapport, à cause du coronavirus, le manque à gagner pour la ville de Melbourne, qui est d’ordinaire l’une des plus dynamiques d’Australie, pourrait aller jusqu’à 110 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, ça représente 68 milliards d’euros. Alors depuis la levée du confinement, certains commerces ont repris des couleurs. D’autant qu’avec l’arrivée des fêtes de fin d’année, il y a du monde dans les magasins. Mais cette embellie pourrait s’arrêter après le Nouvel An, et les représentants du secteur de la distribution, mais aussi les banques, prédisent une explosion des faillites au cours de l’année prochaine.

Pour contrer cette récession, la plus forte enregistrée depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Etat du Victoria vient de présenter un budget de relance :  50 milliards de dollars, soit environ 30 milliards d’euros, c’est ce que le gouvernement va dépenser avec pour principal objectif de créer 400 000 emplois d’ici à 2025. Et il y en a un peu pour tout le monde : des investissements massifs dans les infrastructures et les transports en commun, la construction de milliers de nouveaux logements sociaux mais aussi des aides directes aux entreprises, et notamment aux PME, qui consistent essentiellement en des baisses d’impôts. Est ce que ca suffira ? On verra bien. Ce qui est sûr, c’est que les mesures drastiques de confinement ont fonctionné. Aujourd’hui, on en est au 25e jour d’affilée sans aucun nouveau cas de coronavirus à Melbourne et dans tout l’Etat du Victoria.

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