"Si on m'attaque, je tire" : les États-Unis plus divisés que jamais pour l'élection présidentielle
Des dizaines de millions d'Américains se rendent mardi aux urnes pour choisir entre Donald Trump et Joe Biden. Les deux camps se font face, dans un climat de fortes tensions.
Après quatre ans à la Maison Blanche, Donald Trump remet son mandat en jeu aux États-Unis, lors d'une élection présidentielle d'ores et déjà historique. Les bureaux de vote ouvrent mardi 3 novembre. Face au président sortant, les démocrates comptent sur Joe Biden pour effacer l'affront fait il y a quatre ans.
Beaucoup d'entre eux ont vécu ces quatre dernières années comme une humiliation à effacer. Suzanne, militante de Caroline du Nord, très affectée par la victoire de Trump en 2016, parle de l'élection la plus importante de sa vie : "Il a défait à peu près tout ce qui rendait la vie meilleure pour les citoyens de ce pays. Nous sommes très inquiets de ce qu'un nouveau mandat pourrait entraîner. Nous avons peur pour la civilisation occidentale et la démocratie."
En partant de là, difficile de discuter avec l'autre camp. Céleste constate cela au quotidien, elle a voté Biden la semaine dernière en vote anticipé : "Les tensions sont grandes, des amis ne se voient plus, j'en connais qui ont coupé les ponts avec certains de leurs amis, parce qu'il y a une telle différence de conviction qu'il est devenu parfois impossible de discuter avec des amis qui participent à ces discours de haine."
Des familles ne peuvent plus s'assoir à la même table, tellement nous sommes divisés.
Céleste, une démocrateà franceinfo
Exemple de ces divisions : le Covid-19. Les approches sont totalement différentes, les démocrates se veulent prudents, à l'écoute des scientifiques, alors que les pro-Trump tentent à minimiser la crise et portent rarement des masques.
Des troubles et des violences redoutés
Dans ce contexte, ce scrutin présidentiel est aussi attendu qu'il est redouté. Il y a d'abord la crainte que Trump n'accepte pas le résultat en cas de défaite. Le président sortant a déjà préparé les esprits et dénonce à l'avance des fraudes, sans preuves. Suzanne est inquiète à ce sujet : "Même si on gagne, nous avons peur que Trump conteste les résultats dans de nombreux États. La meilleure manière de gagner, c'est une victoire écrasante de Joe Biden", dit-elle, alors qu'à New York, à Washington et ailleurs des commerces se sont barricadés en prévision d'éventuelles violences.
Si la victoire est très large, nous ne devrions pas avoir de problèmes. Si c'est serré, il faudra s'inquiéter.
Suzanne, une démocrateà franceinfo
Dans le camp Trump, là non plus on n'y va pas de main morte avec l'adversaire. Glan et Catherine, par exemple, habitent un coin reculé de Floride, ils regardent Fox News et ne supportent pas Joe Biden : "Le monde a changé, la façon dont le parti démocrate est devenu un parti de socialistes, c'est effrayant. Les démocrates ont complètement perdu la tête", assure Glen. Catherine acquiesce : "Biden, c'est un idiot. Il veut ouvrir les frontières, il parle d'écologie, mais on a besoin de pétrole pour faire marcher ce pays."
Le vote républicain est un vote pour la paix, le vote démocrate est un vote qui détruit.
Catherine, une républicaineà franceinfo
Pour rajouter encore un peu de tension, ces derniers jours Donald Trump a fait savoir qu'il pourrait ne pas accepter le résultat de l'élection. "Nos avocats sont prêts", lance le président en place à ses supporters dans ses meetings, comme pour préparer le terrain en cas de défaite. Il a convaincu Erika. S'il le faut, elle soutiendra cette bataille judiciaire : "On risque d'avoir à faire ça. On a vu déjà combien de bulletins électoraux ont été détruits, on a entendu des histoires de bulletins de votes brûlés dans des poubelles, j'espère qu'on n'en arrivera pas là, j'espère que ce sera une victoire large, parce que dans l'autre camp, c'est assez sale ce qu'il se passe. On n'a jamais vu les républicains être accusés de fraude électorale, d'habitude, c'est l'autre camp, il y a beaucoup de haine et de folie."
J'ai acheté un fusil et un pistolet et je ne vais pas m'arrêter là, on ne sait pas ce qui peut se passer.
John, un républicainà franceinfo
Dans le camp Trump, là-aussi les partisans craignent des débordements, des émeutes. John est allé acheter des armes, au cas-où : "Je vais garder mes armes, on ne sait pas ce qui va arriver. Si on m'attaque, je tire. C'est un triste spectacle." En Floride, les armureries sont dévalisées, un des patrons a confié avoir augmenté ses ventes de 200%.
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