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Reportage
"On fait un bond de 800 ans en arrière" : à un an de sa réouverture, Notre-Dame de Paris retrouve petit à petit sa grandeur
La réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris est prévue dans un an, le 8 décembre 2024. Depuis l'incendie qui a ravagé l'édifice le 15 avril 2019, le chantier se poursuit. Notre-Dame retrouve peu à peu sa silhouette. Début décembre 2023, il est désormais possible d'apercevoir, au milieu des échafaudages, la nouvelle flèche dont la charpente est quasiment achevée.
Tout en haut, à la pointe de l'aiguille, il faut imaginer 60 mètres de charpente complexe juste en dessous,. "Cela représente à peu près 300 tonnes de bois de chêne. C'est 2 000 pièces de bois pour toute cette charpente-là. Quand on est au pied de la cathédrale, on n'imagine pas l'immensité que cela représente mais 60 mètres de bois empilés, c'est extraordinaire", décrit Laurent Biet, un des charpentiers chargés de sa restitution.
La croix, haute de huit mètres, a été reposée au sommet de la flèche mercredi 6 décembre. Quatre ans et demi après son effondrement dans l'incendie, ce retour de la croix a été un moment très fort pour Philippe Villeneuve, l'architecte en chef des monuments historiques qui pilote le chantier de restauration de Notre-Dame.
"Remettre cette croix au plus haut point de la cathédrale, symboliquement, c'est excessivement fort parce que c'est finalement la flèche qui se redresse"
Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiquesà franceinfo
"La grande croix, elle est surmontée ensuite d'une grande perche qui est en fait la pointe du paratonnerre. Sur celle-ci, on va venir ficher le coq qui pourra tourner telle une girouette. Et ensuite, il est prévu qu'on descende l'échafaudage puisqu'on n'aura plus besoin d'intervenir sur cette partie-là. On va le descendre d'une dizaine de mètres, donc logiquement pour Noël, on pourra voir émerger de l'échafaudage la partie supérieure de la flèche sur une dizaine de mètres à peu près", explique-t-il.
Si la charpente de la flèche est quasiment terminée, la reconstruction de celle de la nef et du chœur se poursuit. Cette charpente dite médiévale restituée au plus près de celle d'origine est déjà bien avancée. Celle du chœur sera terminée pour Noël, et celle de la nef pour début 2024.
La vingtaine de charpentiers qui l'a taillée en atelier assure ce que l'on appelle son levage ou son montage, supervisé par Jean-Louis Bidet, directeur technique aux ateliers Perrault. "Ce qui frappe quand on est à l'intérieur, c'est le dessin de ces charpentes, indique-t-il. Une très belle épure. Ce ne sont que des assemblages en bois. Il n'y a aucune pièce métallique, que des chevilles faites à la main enfoncées manuellement pour tenir tous ces assemblages. Si on ferme les yeux, on repense au XIIè, XIIIè siècle avec les mêmes matériaux et on fait un bond de 800 ans en arrière".
L’intérieur de la cathédrale a aussi beaucoup changé. Il est désormais débarrassé de quasiment tous ses échafaudages, à l'exception de celui de la flèche, et il est méconnaissable. Personne ne l'a jamais vu ainsi. Philippe Villeneuve, l'architecte en chef des monuments historiques chargé de Notre-Dame, souligne la lumière et la beauté de la pierre. Il en est très fier : "Nous sommes les premiers à voir la cathédrale presque aussi propre que lorsque Eugène Viollet-le-Duc a remis les clefs à l'archevêque de l'époque. Avant, on avait une cathédrale qui était très sombre".
"La saleté, la poussière, l'encrassement des siècles ont donné l'impression que la cathédrale était sombre"
Philippe Villeneuve, architecte en chef de Notre-Dameà franceinfo
"Et puis on s'aperçoit là, qu'avec des pierres qui sont devenues d'une blondeur éblouissante, mais qui est la blondeur de la pierre d'origine, on a une cathédrale d'une luminosité absolument époustouflante. On a eu l'occasion de vraiment la nettoyer de partout", poursuit-il. Les décors des chapelles ont aussi fait l'objet d'une restauration remarquable qui met en valeur l'intensité et la beauté des couleurs.
À partir du mois de janvier et jusqu'à la fin de l'été, les couvreurs vont prendre le relais des charpentiers pour poser la couverture en plomb sur la flèche, sur le chœur et sur la nef. Cette couverture en plomb fait débat encore aujourd'hui. Il va falloir aussi rebâtir la voûte de la croisée du transept, là où pour l'instant se trouve l'échafaudage de la flèche. Il y a également les installations liées à la détection incendie et à la sonorisation de la cathédrale. Le calendrier semble donc pouvoir être tenu. À l'automne viendra le temps de l'installation du nouveau mobilier.
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