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Environnement : dans le Nord, l'industrie du textile tente de se verdir grâce à la filière du lin

Dans le Nord de la France, territoire emblématique de l’industrie textile, les créateurs de vêtements tentent de polluer moins en utilisant le lin. Comme la France en est le premier producteur mondial, les vêtements peuvent ainsi être fabriqués entièrement dans l'hexagone.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Des machines enroulent du lin autour de bobines, dans l'usine Safilin de Béthune, dans le Nord. (ETIENNE MONIN / RADIO FRANCE)

En ce début de soldes d’hiver, quelle solution pour une industrie, la mode, l’habillement, qui est tout simplement la plus polluante pour la planète après le pétrole ? Un début de réponse se trouve peut-être à Roubaix, dans le nord de la France, ville-emblème de l’industrie textile en France, de Charles le Téméraire au XVe siècle qui donne l’autorisation d’y fabriquer des draps de toute laine, à la reine d’Angleterre en visite en 1957 dans ce qui est alors la plus grande filature d’Europe, la Lainière.

Roubaix en pointe d’une mode plus durable

Quarante-trois ans après fermeture de La Lainière de Roubaix, des décennies de déclin industriel jusqu’à Camaïeu récemment, il y a la mémoire d’un savoir-faire, la transmission familiale aussi. Roubaix aujourd’hui est en pointe d’une mode plus durable. Prenons un jean : quel impact sur l’environnement du transport de la matière première, puis du produit fini, sans parler du côté vorace en ressources naturelles ?

"À chaque étape de la confection d'un vêtement, pour le laver, pour le construire ou simplement pour faire pousser ce coton, on a besoin d'eau. Un kilo de coton nécessite 20 000 litres d'eau !"

Emma Haziza, hydrologue

à franceinfo

D’où la nécessité de travailler sur les matières utilisées et sur des circuits plus courts entre production et consommation. C’est ainsi que s’est reconstituée la filière textile du lin : comme la France est le premier producteur mondial, des vêtements peuvent ainsi être fabriqués de A à Z dans l'hexagone.

Des ballots de lin vierge d'un agriculteur installé à 30 min de Bethune. (ETIENNE MONIN / RADIO FRANCE)

Dans l’usine Safilin de Béthune, une machine enroule le fil de lin sur les bobines : elle est le symbole de la reconstruction en France de tous les maillons de la filière Lin et tourne depuis mars dernier. Comme un retour aux sources : l’entreprise s’était délocalisée en Pologne il y a trente ans et elle vient donc de réimplanter quelques machines en France. Elle fabrique le fil de lin, compte quelque 300 clients dans l’hexagone et en Europe, qui, eux, fabriquent des vêtements, du linge de maison, de l’ameublement.

On doit le retour de cette filière en partie au Covid-19, et au besoin de davantage de sens, explique Alix Pollet-Dalle, directrice du pôle marque : "Le Covid a été un accélérateur. Cela a confirmé des signaux faibles : il y a eu une vraie prise de conscience... Et aussi le plan de relance de l'économie dont on a bénéficié."

Pour l’instant, le lin est un produit de luxe

La France est le premier producteur de lin au monde : la plante pousse très majoritairement sur la côte, entre la France et les Pays-Bas. Elle fait vivre 8 200 producteurs dans le pays. Et tous les savoir-faire sont maintenant réunis dans l’hexagone pour fabriquer du textile. C’est l’un des arguments de vente de Marion Lemaire, qui a fondé la marque de vêtement Splice, tout en circuit court. Mais cela coûte cher, et c’est là la limite du lin made in France.

"La main-d'œuvre coûte cher en France, mais plus on sera nombreux et plus le coût de transformation en France pourra baisser, explique-t-elle. Là, aujourd'hui, les filatures de lin viennent de se lancer, donc avec des petites unités, quelques salariés et des machines qui ne tournent pas à plein régime. Plus le carnet de commandes sera important et plus ils pourront baisser les coûts de transformation, et donc nos coûts pourront un petit peu baisser. Mais le lin transformé en France est un produit de niche, de luxe."

Pour l’instant le lin ne pèse que moins de 1% de la consommation mondiale de textile. Les surfaces en France ont augmenté d’un quart depuis 2021. Mais, aujourd’hui, 80% des fibres partent en Inde et en Chine pour faire du fil qui revient en Europe.

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