À Courchevel, en raison de la guerre en Ukraine, les clients russes se font discrets et "ne dépensent plus autant qu'avant"
En plein cœur de la saison, les stations de ski font le plein. En Savoie, dans la station très huppée de Courchevel, aucune ombre au tableau, la foule des skieurs fortunés est bien là. Courchevel est prisée habituellement des touristes russes, avec la guerre en Ukraine et le train de sanctions qui frappe la Russie, ils sont toujours présents mais se font discrets.
Musique disco et ambiance au pied des pistes, juste à côté des télécabines, se trouvent des boutiques Dior, Louis Vuitton, Rolex ou Chopard. De nombreux touristes étrangers mais pas seulement. "J'habite Marseille", dit une dame en manteau de fourrure. "C'est de la vraie fourrure Monsieur ! Je ne la sors que quand je monte à Courchevel." Cette année madame ne souhaite pas croiser de touristes russes. "Leur place n'est pas ici. C'est dur de voir des guerres à nos portes. Les oligarques russes avec leurs portefeuilles colossaux, ça dénote. C'est indécent."
Moins de clients russes
Jimmy est moniteur depuis 12 ans à Courchevel. "Toute la clientèle est présente", assure-t-il. "Il y a beaucoup de clients d'Arabie Saoudite, d'Ukrainiens, de Russes. Ceux qui sont présents, ce sont ceux qui ont la double nationalité, parce que ceux qui ont juste la nationalité russe sont plus ou moins bloqués." Ils sont souvent "Russes-Britanniques, ou Russes-Géorgiens, ou encore Russes-Belges", précise Jimmy. "Il n'y en a pas autant qu'avant, mais ça reste quand même correct."
Svetlana est une touriste russe de 21 ans. Elle explique qu'elle n'a eu aucune difficulté pour venir à Courchevel car elle vit à Londres et détient une carte de résidente. C'est pourquoi, elle n'a aucun problème de visa lié aux sanctions qui frappent les Russes. Elle ne veut pas de la guerre entre l'Ukraine et la Russie.
Sollicitée, la mairie de Courchevel n'a pas souhaité répondre aux questions de franceinfo. Elle indique qu'elle n'a pas le temps avec les championnats du monde de ski qui arrivent. Même réponse du côté de l'office du tourisme, qui a tout de même transmis quelques chiffres. La clientèle slave, c'est-à-dire russe, ukrainienne, biélorusse notamment, représentait, avant la crise du Covid-19, 7% de la clientèle étrangère. Cet hiver, ce chiffre est tombé à 3%.
Les Russes "ne dépensent plus autant qu'avant"
De nombreux commerçants refusent également de répondre. "Discrétion absolue" dès qu'on parle de la clientèle russe notamment. Après plusieurs refus, un saisonnier vendeur dans une boutique qui accueille des touristes russes, accepte de répondre à franceinfo sous couvert d'anonymat. "Quand on les voit, ils ont l'air très sereins, mais on note qu'en même qu'il y a un problème au niveau des finances parce ce qu'ils ne dépensent plus autant qu'avant", explique-t-il. "Ils font plus attention, ils demandent les prix, ce qu'ils ne faisaient pas avant." Le vendeur estime que le chiffre d'affaires lié aux achats des Russes depuis décembre 2022 représente 20% contre 45% voire 50% l'année dernière.
Parmi la myriade d'hôtels à Courchevel, un propriétaire accepte de répondre à franceinfo. Il possède trois hôtels haut de gamme à Courchevel dont le Chabichou. "Pour l'instant on est à plus de 74% de remplissage", déclare Jean-Claude Lavorel. "Ce qui est un pourcentage assez élevé", se félicite-t-il.
"Nous n'avons pas énormément de Russes dans nos établissements. Ils représentaient à peine 10% de la clientèle. Aujourd'hui cette absence de Russes est remplacée largement par les Brésiliens et les Anglais. Nous n'en souffrons pas, voilà !"
Jean-Claude Lavorel, propriétaire hôtelier à Courchevelà franceinfo
La saison bat son plein à Courchevel. Pour éviter toute polémique l'an dernier au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les autorités ont retiré le drapeau russe qui avait été hissé au cœur de la Croisette, le cœur de la station, à côté du drapeau français et européen. Cela correspond à ce que disent beaucoup de professionnels du tourisme hors micro. "Ici, c'est une station de ski. On ne va pas importer en conflit au pied des pistes."
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