Projet de loi immigration : Les Républicains savourent et obligent le gouvernement à réexaminer le texte voté par le Sénat

La droite a largement contribué à faire échouer Gérald Darmanin et sa loi immigration, en votant pour la motion de rejet avec le reste de l'opposition, lundi 11 décembre. LR se réjouit... mais ça ne va pas forcément durer.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Éric Ciotti à l'Assemblée nationale, Paris, le 28 novembre 2023. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

LR a assurément gagné une bataille contre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, lundi 11 décembre. Sans trop se diviser pour une fois, le parti d'Éric Ciotti a fait passer la motion de rejet aux côtés de l'opposition, stoppant net les débats sur la loi immigration dans l'hémicycle. Il règne depuis un petit parfum de victoire dans les rangs de la droite : "C'est la première étape de la remontada des LR !", s'enflamme un député. Un autre assure qu'après "cette bonne claque à Darmanin, le gouvernement comprend que quand la droite veut se faire entendre, elle y arrive".

Ré-examen du texte plus dur du Sénat sur l'immigration

Une réunion se tient mercredi 13 décembre au matin dans le bureau de Gérard Larcher, au Sénat, avec Bruno Retailleau, Olivier Marleix, Éric Ciotti et Annie Genevard. Ensemble ils doivent affiner la stratégie en vue de la commission mixte paritaire, dont la mission est d'examiner à nouveau le texte voté par le Sénat et de trouver un compromis. Il s'agit d'essayer de mettre d'accord sept députés et sept sénateurs sur un nouveau texte. En étant quatre LR sur 14, ils savent que sans eux, la majorité présidentielle n'est pas en force.

La ligne de LR est de faire aboutir les mesures plus coercitives votées précédemment par les sénateurs. "C'est notre condition pour approuver cette réforme", insiste Éric Ciotti. Le patron de LR ouvre la voie à un vote "pour", sous conditions. "Il faut que ce soit un texte Retailleau-Marleix", explicite un député. La droite fait monter les enchères après le détricotage par la commission des lois de l'Assemblée, qui a expurgé le texte des mesures les plus répressives. LR espère tordre le bras du gouvernement mais ce n'est pas gagné, car le risque est de faire exploser la majorité présidentielle. Alors il faudrait assumer et voter un texte que beaucoup ne voulaient pas à la base. Il y a quelques jours encore les députés LR disaient sur tous les tons que sans révision de la Constitution, la loi Darmanin ne servirait à rien.

Jusqu'au-boutisme ou compromis

Tout le groupe LR à l'Assemblée n'est d'ailleurs pas favorable à voter le texte des sénateurs. Il y a toujours une frange dure chez LR, emmenée par Aurélien Pradié, député du Lot, qui incite depuis le début à voter contre, quel que soit le contenu. Selon lui, la droite doit être aussi radicale que le RN et la gauche, en refusant de négocier avec la Macronie. Un de ses collègues insiste : "S'il y a la régularisation de travailleurs sans papiers, il faudra voter contre". Pourtant il y a bien un volet régularisation voté par le Sénat, à minima certes, mais il existe. Ce jusqu'au-boutisme irrite en interne : "la politique politicienne, ça suffit. Si ça ressemble au texte du Sénat, on vote", lâche une élue. Bref, l'affaire n'est pas finie, la droite peut encore se diviser.

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