Présidentielle 2022 : comment Jean Castex veut bétonner le bilan d'Emmanuel Macron
À Matignon, les réunions de suivi s'enchaînent pour vérifier comment les lois sont appliquées sur le terrain. Dans le rôle du surveillant général : le Premier ministre lui-même.
Une réunion importante a lieu vendredi 19 novembre à Matignon. Elle est présidée par le Premier ministre lui-même, Jean Castex. La liste des invités est éloquente : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et sa ministre déléguée, Marlène Schiappa, le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, celui de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer. Lors de cette réunion, il y aura aussi la ministre du Travail, celle de la Cohésion des territoires, celle de la Ville, celle des Sports, celle de la Jeunesse, et le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Olivier Véran, ministre de la Santé, sera lui représenté par son directeur de cabinet, donc à haut niveau.
Au total : onze ministres et pas des moindres conviés pour une "réunion interministérielle" consacrée à la loi confortant le respect des principes de la République, ou loi séparatisme. Car si le texte a été votée il y a plus de trois mois, ce qui se joue vendredi, c’est un premier bilan. Jean Castex veut savoir si la loi est bien appliquée, bien mise en œuvre, comment, et où est-ce que ça bloque. "Il veut s’assurer que l’intendance suit", résume un conseiller.
Le surveillant Castex et le proviseur Macron
Ce qui vaut pour le séparatisme vaut pour d’autres textes, comme le plan de relance. Un ministre en témoigne : "Le Premier ministre est intraitable dans ces réunions de suivi." Difficile de lui raconter des sornettes, parce que Jean Castex rentre dans le détail. "Il vient avec sa liste de courses, raconte un participant. Les remontées de terrain des élus, les difficultés dont on lui a parlé en déplacement." Des lettres, parfois, que les Français lui envoient à Matignon pour dire "vous déployez tel dispositif, mais ça ne marche pas chez moi."
Pour challenger ses ministres, Jean Castex va parfois jusqu’à piocher dans ses capteurs personnels, comme récemment dans une réunion consacrée à la filière bois, où il a demandé au ministre en charge pourquoi un membre de sa propre famille n’arrivait pas à trouver des planches dans les magasins de bricolage des Pyrénées-Orientales. Il y a presque un côté "surveillant général" dans la méthode Jean Castex. Avec, dans le rôle du proviseur, Emmanuel Macron. "Car derrière, il y a la pression du grand chef qui demande où ça en est, comment la réforme est appliquée dans le dernier kilomètre", confirme un membre du gouvernement.
Dans les prochains mois, le Premier ministre va être de moins en moins visible parce que la lumière sera braquée sur le président candidat. Mais sa mission reste importante : il doit bétonner le bilan. S’assurer que les oppositions ne trouvent pas de poussière en soulevant le tapis.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.