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Le brief politique. Débat de la primaire à droite : un 18/20 pour Nathalie Kosciusko-Morizet

Les candidats à la primaire de la droite et du centre se sont retrouvés jeudi 3 novembre pour un deuxième débat télévisé. Le ton est monté d'un cran.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Nathalie Kosciusko-Morizet lors du deuxième débat télévisé de la primaire de la droite et du centre jeudi 3 novembre.  (ERIC FEFERBERG / AFP)

Les candidats à la primaire de la droite et du centre se sont retrouvés jeudi 3 novembre pour le deuxième débat télévisé de cette primaire. Et le ton est monté d'un cran.

Un 7/20 pour Bruno Le Maire

Bruno Le Maire c’est LA déception de ce débat. D'abord, parce qu’on s’attendait à du grand art, à un Bruno Le Maire affûté, incisif. Certes, il s’est attaqué aux favoris dès le début. Mais le résultat s'est soldé par un flop du fait d'un ton hargneux. Sa voix était couverte par celle des autres. Et surtout, Bruno Le Maire s’est fait remettre à sa place par Nicolas Sarkozy, comme un petit garçon qui se fait taper sur les doigts.

Il a fait plusieurs reproches à l'ancien président. Sur le gouvernement d’ouverture, sur ses relations avec le Qatar... Des sujets pour lesquels on ne l’a pas beaucoup entendu quand il était au gouvernement. Et c’est ce que Nicolas Sarkozy lui a renvoyé dans les dents : "Je te rappelle que tu as participé au gouvernement. Et que non seulement tu voulais y rester, mais en plus tu postulais pour être Premier ministre, tu ne devais donc pas être en total désaccord". Ça fait mal.

Un 18/20 pour NKM

Nathalie Kosciusko-Morizet, c'est LA grande gagnante de ce débat. Elle a mis ses habits de "warrior", de combattante, et elle a occupé l’espace, en attaquant méthodiquement Nicolas Sarkozy sur son marqueur : l’identité. Sur sa personnalité aussi : elle a parlé des "gesticulations". Évidemment, elle ne l’a pas loupé sur ses renoncements sur le Grenelle de l’environnement : c’était SON dossier à elle quand elle était ministre de Nicolas Sarkozy.

NKM a aussi attaqué l’ancien président sur ses relations avec le Qatar. Et elle a bien sûr porté le coup de grâce sur le "ni, ni" qu’elle a toujours défendu. Le plus fort, c’est qu’elle n’a même pas versé dans l’agressivité ou la hargne. Elle est restée d’un calme olympien en balançant chaque scud avec sourire et détermination.

Prouesse supplémentaire : elle a réussi à développer quelques-unes de ses propositions, comme la taxe halal. Et puis, on n’oublie pas sa conclusion, grandiose : "On a eu le burkini, on a eu les Gaulois et on nous fait le coup de l’invasion centriste !" Pas de quoi sans doute la propulser en tête des sondages. Mais c’est du grand art, d’où cette note : 18/20.

Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ex aequo

C'est un 13/20 à Alain Juppé et à Nicolas Sarkozy, chacun pour une raison différente. Nicolas Sarkozy parce qu’il a rendu les coups, méthodiquement et tout en gardant son calme : c’est déjà une prouesse en soi. Il a fait un effort pour sourire tout au long du débat. L'ancien président n’a rien lâché sur sa ligne politique et ses arguments contre l’alliance avec Bayrou. Il a même fait son petit effet en sortant de sa manche une annonce : il ne fera qu’un mandat s’il est élu en 2017, comme Alain Juppé.

Alain Juppé décroche lui aussi un 13/20. C'est bien... mais sans plus. Cette fois encore, le grand favori s’est économisé. Il a pris de la hauteur et est resté perché toute une partie du débat. Aucune attaque contre Nicolas Sarkozy : "Je ne suis pas là pour critiquer ce qui a été fait dans le passé", dit le maire de Bordeaux. C'était un parti pris : jouer les rassembleurs.

Alain Juppé a quand même eu un sursaut pour répondre aux attaques sur son alliance avec François Bayrou. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il a lâché son seul et unique missile contre Nicolas Sarkozy au sujet de l’entrée des ministres socialistes Bernard Kouchner et Éric Besson dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy en 2007.

François Fillon marque des points

C'est un 13/20 pour François Fillon. Sans avoir beaucoup mouillé la chemise. Absent pendant une grande partie du débat, on l’a vu les yeux dans le vagues ou regarder en l’air, pendant que les autres s’écharpaient. Cette posture était voulue. François Fillon est resté à distance des règlements de compte et s’est allumé d’un coup au sujet de Bayrou, en marquant bien sa différence : il ne rentre pas dans ce "pugilat", il a "bien mieux à faire". Quand on sait que les électeurs de droite détestent les bagarres à l’intérieur du parti, l'ancien Premier ministre pourrait bien marquer quelques points dans les sondages.

La note du meilleur animateur à Jean-François Copé

C'est une note générale de 11/20 pour Jean-François Copé qui, comme lors du premier débat, a fait le show de bout en bout. Il a même fait rire tout le monde. Ça a démarré avec son lapsus sur François Bayrou. Il s'est ensuite pris au jeu en faisant de l’autodérision sur l’affaire du pain au chocolat. Il a fait du stand-up, Jean François Copé. Quand l’une des journalistes lui demande "Et pourquoi pas l’uniforme et les bonnets d’âne à l’école ?", il répond du tac au tac : "C’est prévu !"

Lui non plus n’a pas épargné Nicolas Sarkozy. Cela sera sans doute un peu court pour le faire remonter de dix points. Mais il nous a bien fait rire.

Le bonnet d’âne à Jean-Frédéric Poisson

C'est un 3/20 pour Jean-Frédéric Poisson. D’abord parce qu’il était sinistre, trop sérieux. Alors qu'il avait fait sensation lors du premier débat, difficile cette fois d’oublier sa sortie sur les lobbies sionistes. C’est d'ailleurs sur sa proximité avec le FN qu’il a été attaqué par Nathalie Kosciusko-Morizet.

Mais Jean-Frédéric Poisson assume : oui il se sent plus proche de Marion Maréchal Le Pen que de NKM. À côté de lui, Jean-François Copé, c’est un peu le Arlette Laguiller de la droite.

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