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Jean Castex se rendra en Corse "plutôt en début d’année prochaine”

La visite du Premier ministre en Corse est encore repoussée. Jean Castex ne s’est toujours pas rendu sur l'île depuis sa nomination à Matignon, en juillet 2020. 

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre Jean Castex quitte l'Elysée à Paris (France) le 10 novembre 2021 (LUDOVIC MARIN / AFP)

La première visite prévue en octobre 2020, trois mois après son installation à Matignon, a été reportée à cause de la reprise épidémique. Et depuis, rien. Pas de Jean Castex en Corse. Les élus locaux avaient cru comprendre qu’il viendrait les voir avant la fin de l’année, mais selon nos informations cela ne se fera pas : "Avec la remontée des cas de Covid, cette fenêtre de tir se referme", explique Matignon. "Cela se fera sans doute plutôt en début d’année prochaine, précise un proche du Premier ministre, même si à ce stade, il n’y a toujours pas de date prévue."

Ce qu’il y a derrière, décrypte un élu corse, c’est la peur "du flop, une visite pour rien, ou un couac", lié aux dossiers en instance entre Paris et Ajaccio. Il y en a trois à déminer, à commencer par la question sensible du transfèrement des prisonniers corses. Deux des assassins du préfet Erignac demandent à finir leur peine dans un centre pénitentiaire de Haute-Corse, comme la loi les y autorise. Leurs demandes sont inlassablement rejetées par la justice, la preuve pour les nationalistes que la décision relève moins du légal que du politique. Sur la même ligne, un marcheur considère en privé que "la république ne respecte pas le droit national en ce qui concerne ces prisonniers."

Deuxième sujet sensible entre Paris et Ajaccio : l’amende due à la compagnie maritime Corsica Ferries. Le Conseil d'État juge que la collectivité corse a défavorisé l'entreprise an accordant une subvention à sa concurrente, l'ex-Société nationale Corse Méditerranée (SNCM). Montant de l'amende à payer pour réparer le préjudice : 86,3 millions d'euros. La collectivité corse considère que c’est à l'État de payer, l'État considère que c’est à la collectivité.

Troisième dossier : le statut de l’île

La Corse bénéficie d’un statut particulier, qui l’autorise à demander des dérogations spécifiques quand une décision nationale est prise. Sur 72 demandes de dérogations, note un connaisseur, "70 n’ont reçu aucune réponse, une a été refusée, et une est en cours d’instruction." Le signe selon lui que l'État ne respecte pas sa parole.

Evidemment, tous ces sujets ne seront pas réglés d'ici le début de l'année prochaine. Mais l’idée est d’en déminer un maximum, notamment pour permettre au futur candidat Macron de retourner en Corse. L’entourage de Jean Castex évoque "des discussions qui avancent bien." Mais il n’y a aucune chance que "sa visite  se passe bien, selon un élu, et quelle que soit la date."

"Avec la présidentielle qui arrive, les nationalistes vont prendre un malin plaisir à être la mouche du coche", anticipe un élu. D’autant que depuis 2009, les autonomistes voient leur stratégie - le rapport de force - validée à chaque scrutin local. "Quand la population leur donne une majorité de plus en plus large à chaque élection, ce n’est pas un accident, il faut en prendre acte", met en garde un député.

Il y a peut-être un véhicule pour cela : la loi 3DS, ou loi de décentralisation qui arrive à l’Assemblée. Les députés corses ont déposé un certain nombre d’amendements pour renforcer la spécificité du statut de l'île. Le gouvernement n’a pas encore donné sa position sur ces amendements.

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