Inscription de l'autonomie de la Corse dans la Constitution : Gérald Darmanin reçoit une délégation d'élus de l'île pour avancer sur le sujet

Le ministre de l'intérieur reçoit lundi soir place Beauvau les responsables corses lors d'un dîner. La révision constitutionnelle sur l'autonomie de la Corse sera au centre des discussions.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Tête à tête entree Gérald Darmanin ministre de l'Intérieur  (à droite) et Gilles Siméoni président du Conseil exécutif de Corse, le 14 septembre 2023 à Ajaccio. (FANNY HAMARD / MAXPPP)

Le ministre de l’Intérieur recevra à dîner lundi 26 février le président autonomiste de la Corse Gilles Simeoni ainsi qu'une délégation d'élus. Fin septembre, Emmanuel Macron avait donné six mois aux responsables locaux pour se mettre d'accord sur la révision de la Constitution qui permettra de graver dans le marbre l'autonomie de la Corse, délai qui court donc jusqu'à fin mars, mais Gérald Darmanin a décidé de hâter les choses. Dans une interview à Corse matin, il y a dix jours, le ministre a mis la pression aux élus en faisant part de son "agacement légitime et calme" face à l'absence de copie écrite par les Corses. Gérald Darmanin avait alors prévenu qu'il leur proposerait au cours de ce dîner une écriture de la révision constitutionnelle sur l'autonomie de la Corse.

Le coup de pression avait été mal vécu par certains responsables corses. "Ce n'est pas à Gérald Darmanin de tenir la plume", riposte Gilles Simeoni dans La Tribune Dimanche du 25 février. "C'est grossier ce que fait Darmanin, il n'a pas à s'immiscer dans notre travail", torpille un parlementaire corse qui dénonce "une provocation à coup de menton". Même si un autre estime que le gouvernement a raison de s'engager "car c'est lui qui devra défendre l'autonomie de la Corse devant le parlement, et ce n'est pas facile". Mission délicate effectivement, vu l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale et un Sénat dominé par la droite.

Une déclaration solennelle

Il n'empêche que cette interview du ministre de l'Intérieur a fait son petit effet puisque la délégation corse arrivera à Beauvau avec une déclaration solennelle, fruit d'une longue journée de négociations vendredi à Ajaccio entre les différentes sensibilités. Les élus corses se sont accordés sur "la reconnaissance constitutionnelle d'une communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle, ayant développé au fil des siècles un lien fort et singulier avec sa terre : l'île de Corse". Une reconnaissance assortie d'un statut de résident, pour conditionner l'accès à la propriété sur l'île, mais aussi d'un statut pour la langue corse avec la "mise en œuvre d'un bilinguisme réel" sans oublier une "autonomie fiscale" pour l'île de beauté.

Pas de consensus en revanche sur le transfert de pouvoirs législatifs à l'assemblée de Corse, hors compétences régaliennes. Ce sujet fait débat. Pour Gilles Simeoni, "il n'y a pas d'autonomie sans pouvoir législatif", quand la droite locale s'y oppose. "Nous ne sommes pas prêts à faire la loi en Corse", résume un élu. Bref, ça avance mais il n'y a pas encore la copie clé en main espérée par le gouvernement. "Leur déclaration conjointe est un premier pas salutaire, commente un proche de Gérald Darmanin, mais pas suffisant". Suite des discussions à l'heure du dîner lundi soir, sous la houlette du ministre de l'Intérieur.

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