Ils vont faire 2020. Edouard Philippe : l'année de l'émancipation ?
Le Premier ministre, qui affiche depuis le début du quinquennat une loyauté sans faille envers le président de la République, pourrait prendre en 2020 davantage de poids politique.
"J'attends du gouvernement d'Edouard Philippe qu'il trouve la voie d'un compromis rapide". Si le Premier ministre va faire l'actualité en 2020, c'est d'abord pour cela. Parce qu'il joue son avenir, avec cette réforme des retraites pour laquelle Emmanuel Macron l'envoie (pour la première fois depuis le début du quinquennat) en première ligne... et lui met la pression, avec cette impatience qu'il a laissée transparaître au soir du 31 décembre, lors de ses voeux présidentiels. "La réforme sera menée à son terme", assure le chef de l'Etat. Et si ce n'est pas le cas, c'est Edouard Philippe qui sera responsable. Voilà de quelle manière l'année commence pour le Premier ministre. Mais cette pression, il l'avait déjà, rien de bien nouveau finalement. Il faut aller vite : prochaine réunion avec les syndicats à Matignon le 7 janvier, et présentation du projet de loi prévue le 22 en Conseil des ministres.
Cette année, à l'arrivée, pourrait bien être celle de l'émancipation politique pour Edouard Philippe. Lui qui a longtemps évolué dans l'ombre de son mentor Alain Juppé, puis montré une image de bon soldat à la loyauté infaillible envers le président de la République, pourrait bien prendre davantage de poids politique. S'il réussit à mener à bien cette réforme des retraites très contestée, donc, mais aussi s'il revient chez lui, au Havre, la ville dont il a déjà été maire de 2010 à 2017, et qui l'attire encore. "Je ne vais pas masquer le fait que j'aime cette ville, je ne vais pas masquer le fait que j'aime être chez moi, je ne vais pas masquer le fait que j'ai aimé être maire, disait-il fin novembre sur France Inter. Je ferai connaître ma décision en janvier". Nous y sommes... Edouard Philippe sera-t-il tête de liste aux municipales ? Si oui, et s'il est élu, choisira-t-il la Normandie plutôt que Matignon, ou préférera-t-il laisser son fauteuil de maire à son numéro deux ? Dans tout cela, c'est Emmanuel Macron qui pourrait trancher pour lui, si les municipales sont un échec pour La République en marche, le président pourrait être tenté de changer de Premier ministre, comme François Hollande l'avait fait en 2014 en remplaçant Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls.
C'est en tout cas une année pleine d'incertitudes qui commence pour Edouard Philippe. Mais peut-être celle de l'affirmation, celle au cours de laquelle le Premier ministre va définitivement asseoir son importance politique au sein de la macronie. Car le président a besoin de lui pour continuer à capter les voix de la droite... "Il est clairement celui qui nous fait le plus mal", confiait il y a quelques semaines à franceinfo un haut responsable du parti Les Républicains.
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