GPA : un tweet de Marion Maréchal a ravivé les débats sur ce sujet sensible

À la peine dans les sondages pour les élections européennes du 9 juin, la tête de liste Reconquête Marion Maréchal vient de s’opposer frontalement à la GPA. De quoi relancer les débats au sein de la classe politique sur cette question sensible.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Marion Marechal (Reconquête), entre Marie Toussaint (EELV) et Valérie Hayer (Renaissance), à une réunion avec des patrons français le 18 avril 2024. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Il aura suffi d'un tweet pour remettre la question de la gestation pour autrui (GPA) dans le débat. Un "Où est la maman ?" signé Marion Maréchal, mardi 23 avril, en réaction au célèbre couturier Jacquemus qui vient d'accueillir des jumeaux avec son mari. De "l'homophobie", selon la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot ou le ministre de la justice Éric Dupont-Moretti, et surtout la ministre des Familles, Sarah El Hairy, qui a réagi vivement samedi 27 avril sur BFM, dénonçant la "violence" du tweet publié, selon elle, à "des fins électorales".

Si la majorité est montée au créneau contre Marion Maréchal, ça ne signifie pas pour autant que les macronistes sont, sur le fond, favorables à la GPA. Emmanuel Macron en a toujours fait une ligne rouge. Le gouvernement est contre la marchandisation du corps des femmes, au nom "de la dignité humaine".

Pourtant, la ministre des Familles, Sarah El Hairy, se montre plus ouverte. Elle souhaite qu'un jour "ce débat puisse se faire", notamment pour sortir de "l'hypocrisie", car le fait est que des couples ont des enfants nés par GPA à l'étranger. Bruno Le Maire expliquait ainsi en début d'année être "en réflexion" sur le sujet, touché par l'histoire d'un couple d'amis ayant eu un enfant grâce à une GPA. L'ancien ministre Clément Beaune est un des rares macronistes ouvertement favorable à la GPA. "Sur ce sujet, chacun a son avis", glisse un conseiller de l'exécutif.

Un sujet qui incommode la majorité

L'intervention de Sarah El Hairy a donc été diversement appréciée dans la majorité. Une députée macroniste ne décolère pas : "On va encore se mettre à dos des électeurs, ça ne nous rapporte rien de parler de la GPA". "Pourquoi créer la polémique nous-mêmes ?", s'agace un conseiller ministériel. Un proche de Gabriel Attal estime que ce n'est "pas le débat du moment", que ce genre de sujet sensible ne peut être tranché que dans une campagne présidentielle. François Bayrou, MoDem comme Sarah El Hairy, a expliqué lundi 30 avril sur franceinfo, ne "pas être tout à fait de l'avis" de sa camarade. D'autres trouvent au contraire l'intervention de la ministre bienvenue, histoire que ça ne devienne pas en pleine campagne européenne un sujet "hystérisé par Marion Maréchal et François-Xavier Bellamy".

La droite en effet s'est aussi emparée du sujet. Le candidat LR aux européennes rêve d'une "interdiction de la GPA à l'échelle mondiale". À l'Assemblée nationale, le député Fabien Di Filippo milite avec des collègues pour faire inscrire l'interdiction de la GPA dans la constitution. Si bien qu'un dirigeant de Reconquête jubile : "Pour une liste à 6% dans les sondages, c'est bien d'avoir ouvert un débat."

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