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Et si on abandonnait l'Élysée ? Des ministres proposent de déménager les lieux de pouvoir pour rendre l'État plus efficace

Comment rendre l'État plus efficace, plus moderne ? la question agite le sommet de l'exécutif et certains ministres veulent tout remettre à plat, voire abandonner l'Élysée.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La façade du Palais de l'Elysée, résidence officielle des présidents de la République. Paris (France) le 18 octobre 2007 (NATHANAEL CHARBONNIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

L'idée est un peu brutale et pourtant c'est un poids lourd du gouvernement, fin connaisseur des institutions, qui émet cette proposition. Le postulat de base est, en réalité, assez simple : pour réformer la gouvernance, il faut moderniser les outils mais aussi les lieux de pouvoir. Fini les palais avec des dorures, les bâtiments avec des bureaux étriqués, les pièces impossibles à chauffer ou celles où le wifi ne passe pas. "Bye bye l’Élysée" : ce ministre de premier plan recommande de tout changer, de déménager les institutions dans des locaux neufs et fonctionnels. 

À la place, un grand bâtiment avec toutes les équipes de l'exécutif. Le principe serait de tout rassembler pour mieux gouverner, quelque chose à l’image du quartier de la Chancellerie allemande à Berlin où travaille une bonne partie du gouvernement.

Cela pose de bonnes questions : est-il normal qu’il y ait 2,5 km entre l’Élysée et Matignon quand aujourd’hui, en moyenne, le président et le Premier ministre se voient deux fois par semaine en tête-à-tête ? L'exécutif serait-il plus efficace si l’un n’avait qu’à traverser la rue, comme c’est le cas aux Etats-Unis entre la Maison Blanche et les bureaux de la vice-présidence ? "Le pouvoir, c’est de la géographie", acquiesce un ministre.

Déménager les lieux de pouvoir, mesure gadget ?

Cela ne peut pas être la seule réforme, évidemment. Il s’agirait aussi de réduire le nombre de ministres. Aujourd’hui, autour de Jean Castex, 42 membres du gouvernement et 559 conseillers. C'est pléthorique. Idem au Parlement, la macronie n’a pas tenu sa promesse de réduire le nombre de parlementaires. Réformer la gouvernance, ce serait donc aussi resserrer les équipes. "De toutes façons, tout le monde sait que Macron gouverne avec une équipe qui tient sur les doigts de la main", s’amuse un ministre.

Certains souhaitent que le chef de l'État se saisisse de cette idée à l'occasion de la campagne présidentielle. Ce serait une manière d’envoyer un message très clair à la population : l'État se réforme, il coûte moins cher, il est moins dispendieux et plus efficace. Une réponse par exemple aux "Gilets jaunes" qui avaient tenté de marcher sur l'Élysée et le symbole qu’il représente : un palais où le pouvoir est très solitaire.

En réalité, cela nécessiterait une réforme institutionnelle d’envergure qui a peu de chances d’arriver pour l’instant. Mais un ministre prévient : "Si on ne réforme pas la gouvernance, on aura une crise de régime". Le sujet est désormais posé publiquement.

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