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Edouard Philippe n'effraie plus la Macronie

L’ancien Premier ministre Edouard Philippe n’est plus perçu comme un danger dans l'entourage d'Emmanuel Macron. Même s'il s'organise activement pour les législatives.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancien Premier ministre au Havre (Seine-Maritime) le 9 octobre 2021, lors du lancement de son parti politique "Horizons" (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Vous vous souvenez le mois dernier, alors qu’Edouard Philippe s’apprêtait à lancer son parti Horizons ? Une forme de nervosité transparaissait autour d’Emmanuel Macron, certains de ses proches critiquant mezzo voce l’initiative prise par l’ancien Premier ministre. Des députés d’En Marche s’étaient aussi plaint de pressions exercées sur eux pour ne pas qu’ils se rendent au Havre, pour le lancement d’Horizons.

Un mois plus tard, la tonalité a bien changé. Car  Edouard Philippe n’est plus considéré comme un danger. Trois facteurs l'expliquent. D’abord, le soutien clair et net qu'il a apporté à Emmanuel Macron pour la présidentielle. Un historique de la Macronie juge que ce soutien désarme politiquement l'ancien chef du gouvernement, qui n’a plus de moyens de pression ou de levier de négociations, pour discuter notamment d’un partage des sièges dans la future Assemblée.

Le même s’étonne qu’Edouard Philippe ait lui-même annoncé si vite qu’il ne sera pas candidat aux législatives de juin prochain. "Il pousse ses troupes à briguer un mandat de député, mais n’y va pas lui-même ? C’est déroutant", commente ce proche du président.

Enfin, dans la majorité, des voix raillent la promesse non tenue d’Horizons, de drainer des personnalités de droite, des grands maires, des grands élus. C’est vrai que pour l’instant, des ralliements, il n'y en a pas. "La recomposition aura lieu jusqu'à l'été, rétorque un proche de Philippe. Donc il y aura plein de moments de rejoindre Horizons."

Un atout pour la majorité ?

Il n'en demeure pas moins que tout cela mis bout à bout explique pourquoi la défiance à l’endroit de l'ex-Premier ministre s’est tarie, "même si le président continue à s’en méfier mais parce qu’un président est par essence paranoïaque", s’amuse un fidèle.

Ainsi, Edouard Philippe serait redevenu un atout. "Il est beau, il est grand, il est fort, il est sexy, c’est l’homme politique préféré des Français… on aurait tort de ne pas l’utiliser", glisse un parlementaire important. Qui va sans doute un peu vite en besogne en reléguant le maire du Havre au rang de trophée à brandir pendant une campagne.

Car en coulisses, ce dernier continue à s’organiser. Sous quinze jours, les inscriptions sur le site d’Horizons sont transformées en adhésions. Le parti aura donc des militants, en dur. Ses troupes vont aussi se lancer dans un vaste chantier : identifier 577 bons profils à présenter partout en France en juin prochain. Cela ne veut pas dire présenter des candidats contre les députés de la majorité, mais précisément de disposer d’un levier.

"On peut discuter avec lui, négocier, le convaincre, mais pas le contraindre."

Un membre de l'entourage d'Edouard Philippe

à franceinfo

Un élu proche de l'ancien Premier ministre explique quant à lui que "rien ne se prépare avant le 10 avril." C'est-à-dire une fois que le rapport de forces aura été éclarci entre les différents candidats - et les tendances qu'ils représentent. "Selon les résultats du premier tour et l'affiche du second, la prochaine majorité n'aura pas la même configuration" analyse cet élu. C'est là que peut aussi se libérer un espace de négociation pour Edouard Philippe.

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